Alors que la campagne électorale pour le scrutin présidentiel bat son plein dans les territoires palestiniens, l'armée israélienne a décidé de semer la terreur visant principalement la bande de Ghaza, et cela après avoir commis une nouvelle tuerie dans la région de Khan Younès, au sud de ce territoire. L'armée israélienne a en effet lancé hier matin une opération de grande envergure dans le nord de la bande de Ghaza. Une cinquantaine de chars et véhicules blindés participaient à cette agression dans le secteur de Beït Hanoun, Beït Hanoun, Jabaliya et Beït Lahya. Les Brigades Ezzedine Al Qassam, branche armée du mouvement islamiste Hamas, ont indiqué avoir tiré trois roquettes contre Sdérot hier matin. Cette nouvelle incursion israélienne intervient quelques heures après la fin d'une autre opération dans le secteur de Khan Younès (sud de la bande de Ghaza), qui a coûté la vie entre mercredi et samedi à 11 Palestiniens. Des dizaines d'autres ont été blessés. 10 maisons ont été rasées. C'est la deuxième opération militaire israélienne d'envergure dans la région en deux semaines, et hier dimanche rien n'excluait l'intensification de la campagne de terreur israélienne comme l'a d'ailleurs fort justement appréhendé le Premier ministre palestinien Ahmad Qoreï qui mettait en garde vendredi contre une tentative israélienne de saboter le scrutin du 9 janvier. Une précédente incursion des forces israéliennes dans la même région avait fait 13 morts et plus de 40 blessés parmi les Palestiniens. Près de 500 citoyens, dont les maisons ont été démolies par les soldats israéliens, avaient alors été forcés de trouver refuge dans les écoles régies par les instances onusiennes chargées de l'aide aux réfugiés palestiniens. Les Israéliens qui ne cessent de répéter qu'ils veulent quitter la bande de Ghaza dans le cadre de l'application du plan de désengagement unilatéral, cher à Sharon, veulent à tout prix éviter d'accomplir ce retrait sous les coups de boutoir de la résistance palestinienne. Sharon veut ainsi priver les Palestiniens de tout sentiment victorieux, à l'image de ce qui s'est passé lors du retrait forcé de l'armée israélienne du Sud-Liban. Cette atmosphère de véritable guerre, qui sévit dans les territoires, dément en tous les cas les déclarations des responsables israéliens qui avaient promis de permettre un bon déroulement de l'élection présidentielle palestinienne. Mahmoud Abbas, chef de l'olp et candidat du mouvement Fatah, reste le favori des sondages avec plus de 50 % d'intention de vote. Le compagnon de route du président Arafat, qui se déplace entre les différentes villes de Cisjordanie, a déjà visité Ariha, Toulkarem, Kalkiliya et Jénine en Cisjordanie, ainsi que des localités de la bande de Ghaza. Des milliers de personnes sont venues l'écouter et l'acclamer. A Kalikiliya et Toulkarem littéralement prises en étau par le mur de séparation, érigé par Israël sur les terres de Cisjordanie, Abbas a déclaré qu'il ne pourrait y avoir de paix avec Israël tant que l'Etat juif n'aurait pas démantelé ce mur. « Nous le disons à nos voisins : quel que soit le nombre d'implantations, de murs ou d'obstacles que vous dresserez, ils ne vous apporteront ni sécurité ni paix ! », a affirmé le candidat du Fatah à Kakiliya. Il continue par ailleurs de clamer haut et fort que la militarisation de l'Intifadha était une erreur qu'il fallait corriger. A Jénine, il était accompagné par Zakaria El Zoubeïdi, le chef local des Brigades des Martyrs d'El Aqsa, la branche armée du Fatah. C'est l'homme le plus recherché par Israël en Cisjordanie. Main dans la main, ils sont apparus dans les rues de la ville et du camp de réfugiés de Jénine qui a vécu un grand massacre au début de l'Intifadha. Abbas a affirmé qu'Israël « ne doit pas tenter de tuer ces combattants ». Derrière lui, mais avec un large écart, on retrouve le docteur Moustapha El Barghouti, un candidat indépendant qui vient de bénéficier de l'appui officiel du Front populaire de libération de la Palestine, qui a exhorté ses partisans ainsi que ses militants à voter pour lui. Sur le front politique intérieur israélien, le dernier obstacle à la formation d'un cabinet d'union nationale en Israël a été levé jeudi grâce à un accord stipulant que le chef du parti travailliste, Shimon Peres, sera considéré comme le second du Premier ministre Ariel Sharon. La fonction de second du Premier ministre est surtout honorifique, mais sur un plan symbolique, Peres, 81 ans, pourra ainsi se présenter comme le « numéro deux » du gouvernement.