A la fin de ses travaux et après avoir visité le centre régional d'appareillages pour handicapés, régi sous la tutelle du ministère des Anciens Moudjahidine (ONAPH), cette délégation a sillonné durant deux jours les zones de certaines communes affectées par les mines, notamment les régions de Aïn Sefra, Moghrar, Tiout, Djeniene Bourezg et Naâma. Ces mines ont été «semées» pendant la guerre de libération par l'armée coloniale, avec une volonté manifeste de nuire à l'intégrité physique des hommes, des femmes et des enfants. A l'issue des travaux, nous avons tenté à plusieurs reprises de nous rapprocher de cette commission pour en savoir plus sur le sujet de la visite et les décisions éventuellement prises, mais toutes les portes sont restées désespérément closes. A ce propos, il est à noter que sur les bandes frontalières, à l'est comme à l'ouest, par un décompte arrêté à 2004, ces mines qualifiées «d'armes de la honte» ont ôté la vie à plus de 40 000 Algériens et handicapé 80 000 autres. Des mines qui subsistent et sévissent encore sur des bandes connues sous la triste et macabre appellation de «lignes Maurice et Challes». Il y a quelques mois seulement, lors de nos différentes visites aux victimes, handicapées malheureusement à vie, nous avons appris que la majorité d'entre elles a été atteinte dès l'enfance et que les membres inférieurs sont généralement les plus touchés. D'autres handicapés ont laissé entendre, avec une tristesse apparente, que seul leur entourage parental a pu leur rendre l'existence quelque peu tolérable. Par ailleurs, dans la commune de Aïn Sefra, au lieudit Dzira, le nouveau périmètre agricole dénommé Lahia a été refusé par les attributaires. Celui-ci, disent-ils, est situé dans une zone où les mines peuvent être encore très actives et certainement «mortifères», alors que, récemment, sur le tracé du nouveau projet de la ligne de chemin de fer reliant la ville de Mecheria à celle de Béchar, les travaux ont été perturbés aux environs de Naâma par la présence de ces engins dévastateurs. C'est dire l'ampleur de cette tragédie qui perdure encore et les ravages causés aux riverains de la bande frontalière. Un programme est en cours d'élaboration pour un déminage de grande envergure dans l'ensemble des zones infestées du territoire national. Un fait mérite cependant d'être signalé : il s'agit de la destruction effective, en novembre 2004, de 150 050 mines antipersonnel par les autorités algériennes à la base militaire de Hassi Bahbah (wilaya de Djelfa) et ce, conformément à la convention d'Ottawa ratifiée par l'Algérie le 17 décembre 2000. Nous apprenons, d'autre part, que l'association écologique de Naâma, en étroite collaboration avec le comité de wilaya du Croissant-Rouge algérien, souhaite l'approbation des autorités pour la concrétisation, dans un proche avenir, d'un colloque axé essentiellement sur les mines antipersonnel. Ce colloque serait conduit par d'éminents consultants et spécialistes et suivi par un forum de discussion et de témoignages, auquel plusieurs associations nationales concernées seront conviées à y prendre part.