Le Dr Ouahdi, président du Comité national opérationnel de lutte contre les maladies à transmission hydrique (MTH), a dressé, mercredi dernier, devant les responsables, élus et principaux acteurs du mouvement associatif local, un sévère réquisitoire contre la situation qui prévaut en matière de risques d'épidémies liées aux MTH. Le conférencier, tout en rappelant les épisodes liés aux dernières épidémies survenues notamment à Batna et Skikda, avec 352 et 1 400 cas induits principalement par la qualité des travaux réalisés en dehors des normes techniques, a révélé que « le taux de morbidité en 2002, à Tiaret, était 10 fois plus élevé que la norme nationale. » Le pic atteint en 2002 avec 50 cas est en train de connaître une baisse sensible, mais « c'est surtout en hiver que ces maladies surviennent. Personne n'est à l'abri car on continue à réaliser des réseaux avec des matériaux hors normes. » Le Dr Ouahdi a averti que « Tiaret reste parmi les cinq wilayas du pays à grands risques. » Bien qu'il reconnaisse les efforts déployés ces trois dernières années pour juguler le fléau, il faudrait, dit-il, « situer les responsabilités car des responsables à tous les niveaux continuent de faire fi des recommandations et surtout de faire preuve d'inconscience. On a vu des travaux réalisés de nuit et des réseaux enfouis sans qu'aucun contrôle ne soit effectué alors que beaucoup d'argent est injecté dans la réalisation de travaux d'AEP et d'assainissement. La prise en charge de malades devient de plus en plus problématique et coûteuse. » Le spécialiste préconise de bannir les vides sanitaires, d'interdire l'utilisation de la brique destinée aux travaux en lieu et place de celle dite poreuse destinée aux puits. « Le ministre de l'Habitat, enchaînera le conférencier, vient d'introduire une circulaire interdisant les vides sanitaires dans toute nouvelle construction. » M. Ouahdi, qui connaît très bien Tiaret pour l'avoir visité à plusieurs reprises, a aussi fait savoir que l'eau, notamment celle du barrage Ben Khedda, est sur-chloré et invite par conséquent les quelques P/APC présents à d'autres formes de désinfection de l'eau avant de la distribuer, mais reconnaît l'impuissance de certaines communes - plus de 1 200 à l'échelle nationale - à gérer la problématique liée aux sources hydriques. Le spécialiste évoque le cas de l'hôpital de Tiaret qui a dépensé, en 2000, l'équivalent de son budget pour faire face à l'épidémie induite par la pollution de la source Aïn el Djenane. « Un cas de typhoïde déclaré revient en terme de traitement à 50 000 DA, à raison de 21 jours de prise en charge. Dans la foulée, le conférencier rappela l'épisode de la ville de Skikda où la prise en charge des 1 400 personnes atteintes a coûté la bagatelle de 7,6 milliards de centimes. « Aujourd'hui, il y a, certes, une courbe qui décline en la matière mais il y a une recrudescence des cas d'intoxication collective en milieu urbain où l'université se taille à elle seule 30% des 5 500 cas déclarés en 2004. 90% des restaurants universitaires doivent être fermés car les normes en matière d'hygiène ne sont pas observées. Il est vrai que le ticket à 1,20 DA, dit-il, ne concourt par à assurer un équilibre budgétaire, mais il y a matière à réfléchir. En conclusion, le Dr Ouahdi insistera sur les missions imparties aux BHC dont les textes qui les régissent font l'objet actuellement d'une révision.