En moins de deux jours, six filiales de Sonatrach ont présenté, à Hassi Messaoud, à la presse les bilans de l'année 2004 et pour quelques-unes fait visiter les chantiers où elles travaillent. Les dirigeants et cadres de l'Entreprise nationale des travaux aux puits (ENTP), l'Entreprise nationale de génie civil et bâtiment (GCB), l'Entreprise nationale de services aux puits (ENSP), l'Entreprise nationale des grands travaux pétroliers, l'Entreprise nationale de forage (ENAFOR) et l'Entreprise nationale de géophysique (ENAGEO) ont rencontré pour la première fois la presse sur le terrain de ce qui va être le plus grand chantier en matière de développement du secteur des hydrocarbures, à savoir la région de Hassi Messaoud. Les filiales de Sonatrach sont en train de faire face à des problèmes qui sont apparus ces dernières années et qui sont liés directement à la concurrence, à savoir la fuite de la main-d'œuvre spécialisée vers les compagnies étrangères et la procédure de l'appel d'offres qui les oblige à s'adapter aux normes internationales de gestion. Même si elles n'ont rien à envier aux compagnies étrangères en matière de qualification et de compétence, et elles l'ont déjà démontré, elles sont obligées d'investir beaucoup pour acquérir le matériel de dernière technologie, de maîtriser les normes de gestion en vigueur dans le monde comme l'activité HSE et d'accorder de plus en plus d'importance à la ressource humaine en investissant dans la formation et en la valorisant grâce à des méthodes de rémunération liées à la productivité. Dans toutes les interventions des dirigeants des filiales, ces aspects reviennent comme un leitmotiv car, dans certains cas, il y va de la survie de l'entreprise. Le chiffre d'affaires de l'ENTP est passé de 13 785 millions de dinars en 2003 à 15 142 millions de dinars en 2004, soit une progression de 10 % selon Mohamed Laouadi , PDG de l'entreprise. Cette hausse est due surtout à l'augmentation du volume d'activité et à une bonne maîtrise des paramètres de forage. Le résultat net est en hausse de 47,63 % par rapport à 2003. Il est de 3088 millions de dinars pour 2004. Ces résultats sont le fruit du plan de modernisation initié depuis deux ans, selon M. Laouadi. L'ENTP est la première filiale de Sonatrach et la seule société algérienne certifiée QHSE. Mais l'entreprise est surtout fière par le grand contrat de plus de 60 millions de dollars qu'elle a décroché à la fin de l'année 2002 et qui est entré en vigueur en octobre 2003. Le marché d'une durée de 3 ans et qui consiste en la reprise de 42 puits sur le champ de Hassi Messaoud pour le compte de Sonatrach a été décroché en appel d'offres devant Weatherford, Schlumberger, Pride Forasol et Precision Drilling International. L'entreprise qui dispose d'un parc de 37 appareils (forage et work over) doit encore acquérir 6 appareils de forage pour renforcer sa présence sur le marché. Son expérience de 35 ans et une part de plus de 50 % de marché avec 1500 forages et 2400 work over devraient lui garantir les perspectives qui s'annoncent. Un nouveau système de rémunération est à l'étude pour éviter de perdre la main-d'œuvre qualifiée convoitée par les compagnies internationales. Pour GCB, la concurrence est moins prononcée puisque les compagnies étrangères ne sont pas très actives dans le secteur du génie civil pétrolier. Après le travail de l'acquisition sismique, Sonatrach et ses partenaires font appel à GCB pour leur préparer le terrain afin de procéder au forage des puits et ensuite construire les bases de vie ou réaliser le génie civil des installations industrielles de production. GCB compte à son actif les principales bases de vie et de production des projets pétroliers et gaziers qui ont été réalisées ces dix dernières années dans le désert. Actuellement, elle prépare le terrain pour l'exploitation du bloc 208 où opère Anadarko et Sonatrach dans une région qui a été défrichée grâce au gisement géant d'Ourhoud. Selon un directeur central de l'entreprise, le chiffre d'affaires a connu une nette augmentation en 2004, passant de 8677 millions de dinars en 2003 à 10 658 millions de dinars en 2004, soit une augmentation de 22,83 %. Le résultat net pour 2004 a connu une augmentation de 48 %, passant de 120 millions de dinars en 2003 à 178 millions de dinars. Le chiffre d'affaires de l'ENSP, qui s'est constitué en groupe avec plusieurs filiales dont HESP avec Halliburton et BJSP avec BJ, est passé de 10 426 millions de dinars en 2003 à 11 827 millions de dinars en 2004, soit une croissance de 13 % selon Mme Saliha Bacha, coordinatrice de l'activité groupe. Quatre autres filiales composent le groupe dont BASP, WSP avec Weatherfort, SEPS (avec une compagnie canadienne) et MESP. L'ENSP intervient dans les services techniques liés au forage et à la production dans les champs pétroliers. Elle détiendrait 52 % des parts de marché marqué par une très forte concurrence Le chiffre d'affaires de l'ENGTP se situe en moyenne entre 8 à 10 millions de dinars, selon le directeur régional, Rachid Messaoud. L'entreprise qui réalise les installations industrielles pour Sonatrach et ses associés dispose d'un effectif de 8500 agents. Elle intervient aussi bien à Arzew, Skikda que dans le désert à In Salah, Ourhoud. Actuellement, elle intervient sur le grand projet gazier d'In Amenas où sont associés BP, Sonatrach et Statoil. Le projet doit être livré au début de 2006. Le chiffre d'affaires de l'ENAFOR a augmenté de 12,84% pour l'année 2004 et a dépassé les 12 milliards de dinars, selon Ali Acila, PDG de l'entreprise. L'augmentation du bénéfice net a été encore plus importante. Il a progressé de 63,87 %, dépassant la barre des 1,8 milliard de dinars. Le cash-flow qui est de 4,36 milliards de dinars lui permet de financer sa croissance. L'augmentation de la production a été de 4 % en 2004 par rapport à 2003. A l'international, l'ENAFOR vient de faire une percée en décrochant un contrat de 20 millions de dollars dans le Sultanat d'Oman par avis d'appel d'offres. De 25 appareils, le parc de l'entreprise va passer à 33 appareils à la fin de l'année 2005 après l'achat de 8 appareils. Le PDG de l'ENAFOR reconnaît que le problème de la main- d'œuvre qualifiée convoitée par les compagnies étrangères est le plus grand problème actuellement et que le système de rémunération va être revu et il sera lié à la performance pour fidéliser la ressource humaine. L'Entreprise nationale de géophysique (ENAGEO) est la première entreprise qui arrive sur le terrain d'un permis de recherche. Elle doit scanner le terrain à l'aide d'un matériel adapté afin de délimiter les endroits où il faut forer le puits et rechercher les hydrocarbures. Le matériel est très coûteux et pour être performante l'entreprise a acquis le matériel de dernière génération avec comme exemple un camion labo qui revient à 4 millions de dollars. Actuellement, l'entreprise dispose d'une dizaine de missions sur le terrain réparties à travers le territoire national. Une mission peut compter environ 300 travailleurs. La mission EGS 120 est basée à une vingtaine de kilomètres de Hassi Messaoud. Elle opère pour le client Sonatrach qui a décidé de caractériser le gisement de Hassi Messaoud afin d'augmenter sa production. La mission consistera à scanner le terrain pour voir où doivent être forés les futurs puits de production. L'ENAGEO travaille pour l'acquisition de 1250 km2 de sismique 3D. Dans ce domaine, la concurrence commence à devenir importante même si l'ENAGEO contrôle 75 % du marché de la sismique et elle est déjà intervenue en Tunisie et au Niger. Le chiffre d'affaires de l'entreprise tourne autour de 6 milliards de dinars, selon un cadre dirigeant. L'ENAGEO a commencé à intervenir au nord du pays, selon son PDG, Réda Rahal, avec les nouveaux permis situés au Nord. «On est en train de travailler dans le bassin du Chélif, à Mascara et dans le Sud-Est constantinois», a indiqué le PDG de l'ENAGEO à une question sur la prospection au Nord. La présence des compagnies étrangères a changé fondamentalement l'ordre des choses chez les filiales de Sonatrach. La concurrence les a amenées à se hisser à de nouveaux standards internationaux même si cette concurrence reste dure. L'ouverture encore plus grande du domaine minier devrait leur procurer de nouvelles possibilités d'évoluer et pourquoi pas d'aller à l'international.