La plantation est située non loin de l'extension rurale n°3. En effet, les terres agricoles d'une exploitation agricole collective (EAC), non urbanisable, sont dilapidées, sans toutefois que les autorités locales et encore moins la direction des services agricoles aient pu intervenir, regrettent-ils. Celles-ci sont, aux dires des voisins de l'exploitation, peu soucieuses de la destinée de ces terres. Des oliviers sont également menacés. L'individu qui s'emploie à «grignoter» ces terres arbore, pour les plus réfractaires, la décision dont il a bénéficiée. Il s'en est trouvé attributaire, attestent des citoyens, en troisième main puisqu'on peut y lire non pas son nom mais celui d'un autre bénéficiaire. Aussi porte-t-elle une griffe datant d'octobre 2001. Des documents antidatés ont même été établis à en croire des citoyens. Cet état de fait porte gravement préjudice au Domaine public et excuse bien des agissements qui se font dans l'impunité. «Des complicités se trouveraient dans l'enceinte même de la commune. Il y a des individus qui se sont enrichis du jour au lendemain grâce à ces décisions falsifiées», atteste ce voisin en ajoutant que les magouilleurs «signent avec un tampon d'un vice-président qui a appartenu à l'ancien exécutif communal.» Les parcelles que l'entrepreneur s'emploie à niveler sont d'une exploitation agricole collective que des paysans au nombre de 5 cogèrent. Ces derniers, à en croire des riverains surpris à la vue de ces engins, semblent dépassés. D'aucuns parmi la population du patelin s'interrogent d'ailleurs sur leur attitude pour le moins inquiétante. Pour certaines mauvaises langues, le gérant de l'EAC «s'est sucré en vendant des lots de terrain», alors qu'il devait uniquement se contenter de l'exploiter pour une période de 99 ans. La rétrocéder reviendrait à enfreindre la loi régissant le foncier agricole. Comme pour compliquer davantage la situation, déjà embrouillée, et à peine le travail du premier entrepreneur fini, un autre «individu indélicat», s'installe avec les équipements nécessaires. Il a engagé, depuis pas moins d'une semaine des travaux de terrassement en abattant les arbres (des pêchers) qui s'y trouvent. Plus de 1000 m2 ont été accaparés par le premier intervenant qui a pris le soin de démarquer «son domaine» en élevant un muret. L'Apc concernée semble ignorer ce qui se trame dans son territoire, comme nous l'a indiqué le président d'APC. «Nous n'avons pas ce genre d'affaires chez nous, je ne peux vous en dire plus», dira Abdelghani Senoun, visiblement gêné par l'affaire. De son côté, M. Mustapha, gérant de l'exploitation agricole, rejette toutes les accusations en prétendant que «l'APC leur a enlevé la parcelle pour la verser au lotissement qui se trouve sur la route de Douéra. Nous avons à maintes reprises alerté la Gendarmerie nationale et la direction de l'agriculture mais sans résultat probant. Nous sommes lésés !» Il n'y a pas plus d'une vingtaine de jours le wali délégué de Douéra aurait décidé de stopper les empiétements sur les terres agricoles, et ce, dans un autre lieu, nous affirme-t-on. «Lors de son passage à côté du village Benkhriss, il a remarqué des personnes en train de réaliser des travaux dans un terrain longeant la route. Un dispositif de contrôle permanent Il a exigé à ce que l'on cesse ces actions sous peine de poursuites judiciaires», ajoute-t-on. «N'était la proximité de la route et les émeutes qui ont éclaté à la suite des travaux, le wali délégué n'aurait pas remarqué ces agissements.» Le directeur du service agricole (DSA), M.Hamdaoui, nouvellement installé déclare ignorer complètement ce dossier. Il signale avoir mis à son arrivée, il y a un mois, un dispositif de contrôle permanent «afin d'arrêter l'hémorragie». «Les subdivisions doivent rapporter régulièrement les actions d'empiétement sur les terres agricoles. A partir de là, on informe le wali délégué et le chef de l'exploitation qui sera mis en demeure et sommé de déposer plainte. Au cas où les exploitants faillissent ou il s'avère qu'ils soient complices, une procédure de déchéance est actionnée», atteste le DAS. Il avoue ne pas avoir pas reçu des renseignements de la subdivision de Draria dont dépend l'exploitation Sellam El Madani Douira. «Nous sévirons en cas d'empiétement», s'est-il contenté de dire. Pour rappel, le foncier agricole a fait parler de lui pendant l'année qui s'achève. Au mois d'août dernier, pas moins de 150 agriculteurs ont été entendus par la justice pour «détournement de foncier agricole». Ces agriculteurs géraient des exploitations agricoles collectives (EAC) et des exploitations agricoles individuelles (EAI). Il leur est reproché d'avoir passé outre la circulaire interministérielle de 1997 interdisant aux membres des exploitations de faire des désistements. La Gendarmerie nationale, à qui a été confié ce dossier épineux, a présenté les résultats préliminaires concernant des affaires de dilapidation du foncier. Par ailleurs, le ministre de l'Agriculture, M. Barkat a avancé, au tout début de l'année, le chiffre effarant de «126 000 ha de terres qui ont été transférés de leur vocation agricole vers l'urbanisme». «Il se trouve qu'il y a une moyenne de 8 à 9 ha de terres détournées de leur vocation quotidiennement», indiquent les service de M. Barkat. Il est de notoriété publique que les délégués exécutifs communaux, les fameux (DEC), se sont engraissés tout au long de la décennie et ont provoqué une véritable saignée dans le foncier agricole. Il est ainsi urgent que les pouvoirs publics se décident enfin à réagir.