Elle ne devrait pas constituer un souci dans les relations entre Sonatrach et la compagnie espagnole Gas Natural. En effet, le niveau d'augmentation demandé ne constitue qu'une petite correction dans les prix du gaz vendu à travers le gazoduc «Pedro Duran Farell» ex-GME. Selon les propres déclarations du ministre, la demande concerne les contrats passés de vente du gaz qui transite par le gazoduc GME. L'augmentation d'un dollar par million de BTU (British Thermal Unit) correspond en réalité à une augmentation de 5,8 dollars le baril équivalent de pétrole pour la même quantité de gaz naturel. Sonatrach et Gas Natural ont signé deux contrats de vente et d'achat de gaz qui transite par le gazoduc «Pedro Duran Farell» ex-GME. Le premier, signé en 1992, a démarré en 1996 avec un volume de 6 milliards de mètres cubes par an. Le deuxième, signé en 2001, a démarré en 2005 avec un volume de 3 milliards de mètres cubes par an. A l'époque, le baril de pétrole évoluait entre 15 et 22 dollars. Depuis 2003, les prix du pétrole ont connu une hausse continue qui fait passer la moyenne annuelle du prix du baril de 25 dollars pour le brent en 2002 à 66 dollars le baril en 2006. De plus, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, qui avait établi un prix minimum du baril à 22 dollars en 2000, est en train d'opter pour un prix minimum du baril à 50 dollars. Toutes ces données ont déjà une influence sur le marché spot du GNL, notamment aux Etats-Unis où les prix du gaz ont pratiquement doublé. Ainsi, la demande d'augmentation de 1 dollar par million de BTU ne représente que 20% des effets des augmentations des prix des produits énergétiques sur le marché international. Il faut savoir que le prix du gaz a de tout temps été indexé sur le prix du pétrole pour plusieurs raisons. En réalité, deux facteurs ont porté le commerce international du gaz qui a commencé à se développer dans les années 1950. Le premier facteur est le principe des contrats à long terme avec la clause «Take or Pay» qui permet au producteur d'avoir des garanties de marché pour lancer les investissements lourds que nécessite la chaîne du gaz. Le deuxième facteur est celui de l'indexation du prix du gaz sur celui du pétrole ou bien sur celui d'autres produits pétroliers selon les régions. Il peut être indexé sur le fioul lourd ou le fioul domestique. Mais on reste toujours dans le domaine du pétrole. Pour l'Algérie, le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole. Cette indexation s'expliquait par la nécessité de garantir une part de marché au gaz considéré comme une énergie concurrente et moins polluante que le pétrole et de permettre aux producteurs d'amortir les investissements lourds qu'ils engageaient pour développer la chaîne gazière. Généralement, un secret total est gardé sur les contrats gaziers. Mais on peut supposer que si l'Algérie demande une augmentation pour les anciens contrats signés avec Gas Natural à travers le GME, cela veut dire que les prix négociés dans les contrats signés récemment pour le gaz qui va transiter par le Medgaz sont plus élevés et l'augmentation constitue un alignement pour tous les opérateurs qui destinent leur gaz pour le marché espagnol.