Les affaires enrôlées hier au tribunal criminel et à la chambre correctionnelle près la cour de Constantine ont toutes été renvoyées, en effet, à des dates ultérieures, preuve, s'il en est, de l'impossible fonctionnement de l'appareil judiciaire et de l'opération de justice en l'absence de cet élément fondamental qu'est l'avocat. L'union des avocats de la région de Constantine compte plus de 1200 avocats en exercice dans les trois cours, à savoir Constantine et son annexe Mila, ainsi que Jijel et Skikda. L'ambiance était pareille ailleurs et l'arrêt de travail des robes noires a été total à travers l'ensemble des cours et tribunaux de la région, affirme le bâtonnier, Me Lemnaouer, qui reconnaît aussi aux juges leur «comportement compréhensif» face au boycott des audiences. Le bâtonnier a qualifié de «grave précédent» la traduction en justice de son confrère Me Chatri Ahmed du barreau de Remchi, en demandant justice pour lui, soit un verdict qui l'innocente purement et simplement des accusations de «dénonciation calomnieuse et outrage à magistrat». Pour lui, l'avocat n'a fait que déposer une plainte et plaider pour un client dans les limites de la loi. Ceci dit, Me Lemnaouer souligne le fait que son syndicat motive son adhésion à la journée de boycott uniquement pour l'affaire de Remchi. Les autres revendications du bâtonnier national, Me Sellini, relatives à des pressions exercées sur la profession, ne concernent pas l'union de Constantine où, selon Me Lemnaouer, «les avocats ont généralement de bonnes relations avec les juges et les problèmes, à la différence d'Alger, sont réglés au quotidien».