Après une journée de protestation à travers le boycott des audiences des tribunaux, cours, greffes et prisons, les avocats ont repris leur travail en se donnant rendez-vous les 21 et 22 juin, date de l'assemblée générale de l'Union nationale des barreaux d'Algérie. La journée avait coïncidé avec le procès de Me Chatri à Remchi, au tribunal de Remchi, près la cour de Tlemcen, pour dénonciation calomnieuse et outrage à magistrat, et auquel les avocats ont exprimé leur solidarité et soutien à travers leur refus d'exercer leur métier. L'appel à ce boycott a été lancé par l'Union des barreaux d'Algérie qui a dépêché 13 bâtonniers pour assister Me Chatri. Dans un communiqué rendu public hier, l'Union a estimé que le jugement a eu lieu en l'absence de l'avocat dans la mesure où le tribunal a exigé de ce dernier d'enlever sa robe. « Or le confrère a été poursuivi en justice en tant qu'avocat, pour avoir déposé plainte au nom de son mandant contre une juge pour faux », a déclaré Me Abdelmadjid Sellini, président de l'Union des barreaux dans son communiqué à l'issue d'une réunion tenue à la fin de la journée du boycott, résultat de l'accumulation des problèmes auxquels sont confrontés les avocats. Parmi ces derniers, Sellini a cité les poursuites judiciaires « abusives » dont ses confrères font l'objet lors de l'exercice de leur mission et « le rétrécissement » des droits de la défense au niveau de la plus haute instance judiciaire, par son premier responsable et ce depuis sa nomination à ce poste. « Toutes les parties judiciaires, exception faite pour certaines très rares et à tous les niveaux, ne prennent pas en compte la défense à travers les nombreux obstacles qu'elles mettent devant elle, à commencer par l'interdiction de stationnement à l'intérieur et aux alentours des tribunaux et cours, pour arriver aux comportements de certains magistrats à l'égard des avocats lors des audiences au point où ces derniers se sentent étrangers (...) Une fois informés, les responsables de ce secteur ne bougent pas le doigt et s'ils le bougent, c'est pour se solidariser avec les magistrats », a écrit le président de l'Union. Celle-ci a noté par ailleurs que « le principal souci » des juges est aujourd'hui « circonscrit » au nombre des renvois et des jugements qu'ils rendent. « Ils ne s'intéressent nullement aux droits à la défense des justiciables et se sont éloignés du rôle qui leur a été assigné (...) », a-t-elle relevé. De ce fait, l'organisation des avocats a appelé à l'arrêt de « la marginalisation » de la défense à travers « son exclusion » de la gestion de la justice, alors qu'elle a estimé être partie prenante. L'Union a exigé également l'arrêt immédiat de toutes les poursuites pénales non justifiées et toute forme de harcèlement et pressions qui empêchent les avocats d'accomplir leur devoir. De même qu'elle a demandé aux pouvoirs publics de permettre aux robes noires de plaider convenablement devant la Cour suprême, en levant les interdits qui leur sont imposés et de faire en sorte que le magistrat puisse accomplir sa mission en toute indépendance par le retrait des instructions et notes qui les ligotent, et enfin prévoir des espaces conséquents au profit de la défense au niveau de toutes les instances judiciaires à travers le pays, dans la mesure où celle-ci constitue une des deux faces de la justice. Ce sont les principales recommandations qui ont sanctionné la réunion des membres du bureau de l'Union, le 10 juin, en attendant la tenue de l'assemblée générale extraordinaire des 21 et 22 juin (celle prévue aujourd'hui a été annulée), où il est question de décider de nouvelles actions de protestation en cas de non-réponse des pouvoirs publics.