Il y a 6 ans, le 21 mai 2003 à 19h44, frappait un séisme d'une magnitude avoisinant les 7 degrés sur l'échelle de Richter dévastant la région de Boumerdès. Le séisme fait 1391 morts et des milliers de blessés. Plus de 95 000 habitations, soit 84% du parc de logements de la wilaya, ont été endommagés et un grand nombre de citoyens se retrouve du jour au lendemain sans domicile. Tous les secteurs du domaine public (éducation, justice, enseignement supérieur, etc.) ont enregistré des dégâts considérables. Les pouvoirs publics mettent tout de suite la main au Trésor pour assurer une prise en charge de tous les sinistrés. Des camps de toile sont dressés (94 sites avec près de 18 000 tentes). Les autorités rassurent les sinistrés qu'ils ne passeront pas l'hiver sous les tentes. Effectivement, plus de 15 400 chalets répartis sur une centaine de sites dans les 32 communes de la wilaya sont installés entre le printemps et l'automne de la même année. L'Etat se lance entre-temps dans une opération de démolition et de déblaiement, qui a touché près de 8000 édifices, et entame un programme de reconstruction de la zone sinistrée. Des lourdeurs administratives, relatives notamment aux problèmes du foncier, mais aussi des problèmes liés au manque d'entreprises performantes et de main-d'œuvre qualifiée, ont généré quelques retards dans la répartition des aides à la construction et la réalisation du programme des 8000 logements. Il y a eu aussi des interventions malsaines d'individus malintentionnés qui ont empêché, dans certains cas, le bon déroulement de toutes les opérations engagées. Face à des milliers de citoyens qui travaillaient pour reconstruire, il y avait une poignée qui ne ratait aucune occasion pour spéculer, permettant à des opportunistes de profiter de la situation. Attributions d'aide non méritées, cumul de formules d'aides pour certains, détournements de chalets, attribution de marchés à de pseudo entrepreneurs qui finiront par bâcler les travaux dont ils étaient chargés, de la complaisance dans la constitution de dossiers pour bénéficier de logements dans le cadre de cette même prise en charge sont quelques manifestations du mal qui continue à ronger l'administration algérienne. Par la suite, quelques sinistrés se prêteront à des pratiques démontrant un égoïsme sans pareille mesure. Beaucoup voudront garder les chalets après la réhabilitation de leurs logements grâce au Trésor public. Beaucoup refuseront carrément de revenir dans leurs logements, pourtant refaits sur budget de l'Etat algérien et céder ces habitations provisoires à d'autres citoyens, qui sont dans un besoin impérieux. A l'élan de solidarité exemplaire des premiers jours de la catastrophe ont succédé des pratiques démontrant l'échec des pouvoirs publics dans la formation de véritables citoyens. L'équivalent d'un milliard de dollars a été déboursé dans l'effort de prise en charge des sinistrés et de reconstruction de la zone touchée. Mais l'Etat doit avoir appris de cette expérience qu'il lui reste beaucoup de travail à faire sur le plan immatériel : réforme de l'administration pour rendre son fonctionnement plus approprié et pédagogie.