Les débats autour du projet du plan d'action du gouvernement ont pris fin hier avec l'intervention, tard dans l'après-midi, des présidents des groupes parlementaires. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, répondra aujourd'hui en séance plénière aux questions des députés. Dans la matinée d'hier, l'intervention qui a retenu l'attention de l'assistance et qui a suscité l'exaspération des députés, notamment ceux de la majorité parlementaire, (FLN), est celle de Nouredine Aït Hamouda. Le parlementaire du RCD ne s'est pas attaqué au document du gouvernement, mais a évoqué plutôt des questions qui fâchent, celles liées à une multitude de « dossiers noirs ». La démarche n'a pas été du goût des députés du FLN, qui ont commencé à chahuter son intervention en frappant sur les pupitres. C'est ce qui s'est passé la veille avec Leïla Hadj Arab de la formation de Saïd Sadi, lorsqu'elle avait lu son intervention en langue amazighe (constitutionnalisée comme langue nationale au côté de l'arabe). Les députés avaient tout fait pour la faire taire. Mais en réponse, à cette agitation, la députée du RCD est restée indifférente. En s'adressant au Premier ministre et au ministre de l'Intérieur, Nourreddine Aït Hamouda s'est interrogé donc sur la position de l'Etat algérien par rapport à l'exil des symboles de la révolution, notamment Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed et Moufdi Zakaria. Mais pas seulement. L'intervenant a également soulevé des questions sur l'assassinat de Ali Mecili, Ahmed Madaghri et Krim Belkacem. En effet, l'élu du RCD a qualifié de scandaleux le refus des responsables du Centre culturel algérien à Paris d'organiser un hommage au grand poète de la révolution Moufdi Zakaria. Par ailleurs, Aït Hamouda est revenu sur l'affaire Khalifa, se demandant : comment l'Etat peut-il combattre la corruption, alors que dans l'affaire Khalifa aucun haut responsable cité n'a été ni sanctionné ni emprisonné. Aït Hamouda a révélé par ailleurs un fait qu'il juge énigmatique. Il dit ne pas comprendre « la libération de l'un des accusés sans aucun motif valable ». Selon lui, « cet accusé, qui a bel et bien été condamné à une peine de plusieurs années, a été relaxé en douce et a bénéficié d'une aide de l'Etat, qui lui a délivré un passeport pour quitter le territoire national afin de rejoindre le Canada ». Le parlementaire du RCD a demandé au ministre de l'Intérieur, Nourreddine Yazid Zerhouni, « de révéler au peuple algérien le statut des terroristes Hattab, El Para et Benaïcha ». « Où sont ces terroristes ? », s'interroge-t-il avant de faire dans la dérision : « Demain, ces assassins vont probablement bénéficier d'une indemnité ou d'une pension que peinent à arracher nos véritables moudjahidine. Tout est possible dans notre pays », s'inquiète Aït Hamouda, qui persiste et signe que « le RCD est libre de hisser un drapeau noir sur le fronton de son siège ». Des députés du FLN ont axé leur intervention sur la nécessité de promouvoir la langue arabe et la généraliser à tous les niveaux…