Si la décision prise hier par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) de maintenir inchangé son plafond de production était en quelque sorte attendue, en revanche la suspension temporaire de la fourchette 22-28 dollars du mécanisme des prix constitue une nouvelle donne pour le marché pétrolier. Et ce même si les prix du baril sont au-dessus des 28 dollars depuis plus d'une année, comme l'a confirmé le communiqué officiel de la 134e conférence. L'OPEP a pris son temps pour agir sur le mécanisme des prix. Le temps de faire constater à l'opinion le changement structurel qui s'est opéré au niveau du marché pétrolier et le temps aussi de trouver un consensus pour un nouveau prix moyen qui remplacerait celui de 25 dollars le baril. Mais ce qui est sûr, c'est que l'Opep ne risque pas d'être montrée du doigt lorsqu'elle affirme que « l'évolution des marchés a rendu irréaliste la bande ». Les avis divergent sur les chiffres d'un nouveau mécanisme. Il y a quelques mois un consensus semblait se dégager pour une fourchette qui irait de 28 dollars le baril comme prix minimum à 35 dollars pour un prix maximum. Ce qui donnerait un baril à 32 dollars au lieu d'un baril à 25 dollars. Deux facteurs ont amené l'Opep à réévaluer ses objectifs. Il y a tout d'abord le recul important du dollar par rapport à l'euro et ensuite le niveau très serré qui existe actuellement entre les capacités mondiales de production de pétrole et l'explosion de la demande due principalement à la situation économique en Chine, mais aussi à la reprise aux Etats-Unis. Le monde se retrouve devant une situation historique nouvelle. L'approvisionnement en pétrole risque d'être perturbé si le baril est cédé à un prix qui ne permettrait pas de favoriser l'investissement dans l'exploration pour sécuriser la demande. De plus, l'économie mondiale ne semble pas avoir souffert d'un prix moyen de 38,23 dollars le baril de brent et de 41,44 dollars pour le WTI sur le marché américain. Pour l'Algérie, cela signifie à moyen terme des recettes annuelles d'environ 30 milliards de dollars. Une manne qui permettrait de financer la transition.