Le nouveau week-end, instauré le 14 août dernier, est vu, par certains, comme un week-end de transit vers le week-end des pays chrétiens, adopté par la grande majorité des pays, dit week-end universel : or, il suffit, dans ce nouveau week-end, que les banques et les entreprises économiques qui ont des relations d'affaires avec l'étranger travaillent durant le vendredi toute la journée pour que cette préoccupation d'alignement sur le reste du monde soit résolue. La nouvelle réglementation sur le week-end ne leur interdit pas de travailler durant le vendredi et ne concerne que la fonction publique. En travaillant durant le vendredi, les banques et les entreprises économiques auront le samedi et le dimanche comme repos hebdomadaire, à l'instar du reste du monde. Par ailleurs, les entreprises économiques ont la faculté de travailler durant le samedi matin si leur activité le nécessite. Par conséquent, il n'y a pas lieu de se focaliser sur le samedi/dimanche comme week-end. Le vendredi/samedi actuel ne pose aucun problème, n'a pas les inconvénients bien connus du jeudi/vendredi et n'a pas ceux du samedi/dimanche, constatés dans les pays voisins où, pratiquement, l'après-midi du vendredi est perdu : alors que le travail est en continu, le personnel commence à s'absenter à partir de 11 h 30 et ne revient que vers 15 h. Dans le cadre de ce nouveau week-end, que doit nous dicter l'esprit de Novembre ? C'est assurément d'avoir un service public le moins pénalisant pour les citoyens et le moins coûteux pour l'économie nationale. Ce principe a été bien compris par l'entreprise publique «Algérie poste» qui a opportunément décidé d'ouvrir ses guichets la journée du samedi, sans fermer le jeudi. Dans cet esprit, les guichets des collectivités locales (APC, daïras, wilayas) devraient faire de même et, si elles tiennent à la semaine de cinq jours, elles peuvent fermer durant le jeudi (une journée moins intéressante pour les citoyens travailleurs que le samedi). Le cas des banques est différent et énigmatique : voilà un secteur, censé travailler avec les organismes étrangers, qui aurait dû se réjouir d'avoir une journée de plus dans ses relations extérieures et qui n'a pas profité du nouveau week-end en maintenant l'ancien horaire, tout en pénalisant les citoyens sommés de s'absenter de leur lieu de travail pour régler leurs problèmes bancaires. La nouvelle réglementation empêche-t-elle les banques de travailler le vendredi ? Dans ce cas, une dérogation est nécessaire spécialement pour ce secteur vital. Un horaire approprié permettra au personnel de ce secteur de ne pas déroger à l'obligation d'accomplir la prière du vendredi, horaire qui pourrait être comme suit : du lundi au jeudi (une heure de pause-repas avec une demi-heure payée), soit de 8 h à 17 h et la journée du vendredi en discontinu, de 9 h à 12 h 30 et de 14 h 30 à 17 h (demi-heure non payée), soit un total de 40 heures travaillées. Par ailleurs, un pays sous-développé comme le nôtre, dépendant dans tous les domaines, peut-il se permettre de se reposer deux jours sur sept ? C'est un tort immense pour les générations futures qui n'auront plus les hydrocarbures pour subvenir à leurs besoins vitaux. Là aussi, l'esprit de Novembre bien compris et le respect de la mémoire de nos chouhadas nous commandent de travailler le maximum possible pour relever le pays. Ainsi, jusqu'à l'instauration du nouveau week-end, les horaires de travail du corps enseignant, tous paliers confondus, s'étalaient sur six jours, l'ambiance du travail éducatif était présente durant six jours de la semaine. Avec le nouveau week-end et les nouveaux horaires de l'Education nationale, le tort des deux journées de repos hebdomadaire se généralise et touche tous les secteurs, excepté Algérie poste. Que vont faire les enfants de leurs deux journées de repos consécutives ? Dans l'ancien week-end, pour inciter les élèves à faire leurs devoirs, il était question de retenir les élèves deux heures par jour en fin de journée. Ces deux heures de «devoirs surveillés», en fin de journée, sont-elles aujourd'hui possibles, compte tenu des horaires très chargés, actuels ? Avec deux jours de repos plein, les enfants ne vont-ils pas se sentir en vacances toute l'année et rechigner à reprendre les bancs de l'école en début de semaine ? Faudra-t-il attendre les dégâts pour, qu'enfin, on décide d'ouvrir les écoles le vendredi matin ? Enfin et surtout, l'instauration du nouveau week-end qui va doper sans le moindre doute l'économie nationale, c'est un fait reconnu et chiffré, ne doit pas nous faire oublier que le week-end, quel qu'il soit et quels que soient ses avantages, est un épiphénomène par rapport au respect des horaires de travail et la préservation de la seule richesse qui soit permanente qu'est le travail : les pertes économiques occasionnées par l'ancien week-end ne représentent que la tête de l'iceberg que sont les pertes engendrées par l'absentéisme dans les administrations publiques. Nous avons dit, supra, que la semaine de cinq jours était un tort pour ne pas dire un crime économique : si on ajoute que les 40 heures de travail sont rarement respectées dans les administrations publiques, quel que soit le week-end adopté, autant dire que le pays descend la pente du progrès au lieu de la gravir. Le citoyen qui se présente devant les guichets des administrations est avant tout un agent économique dont le déplacement a inévitablement une incidence sur l'économie nationale, soit parce qu'il est entrepreneur, soit parce qu'il est travailleur, soit parce qu'il est chômeur. Or qu'est-ce qu'on constate généralement : se présenter aux guichets à 8 h, c'est trop tôt, à 11 h, c'est trop tard car on s'apprête à fermer (pourtant, toutes les administrations travaillent en continu avec une demi-heure non travaillée, payée), idem pour l'après-midi, où après le repas, on invoque les ablutions, puis la prière et en fin de journée l'éloignement du domicile et le transport. Le principe «après moi, le déluge» chez les fonctionnaires a supplanté subrepticement l'esprit de Novembre, sans qu'ils se rendent compte car si vous leur demandez de choisir entre les deux principes, la grande majorité d'entre eux choisiront l'esprit de Novembre et ne manqueront pas de déplorer la situation actuelle du «sauve qui peut». Pour revenir à l'esprit de Novembre, les fonctionnaires demandent justice et que tous soient traités sur un pied d'égalité : la minorité des chapardeurs et des tire-au-flanc doit être surveillée de près et sanctionnée. A ce sujet, j'ouvre humblement ci-après, pour le législateur, une piste qui fera gagner des millions d'heures de travail à l'économie nationale, directes et indirectes, à savoir : installer un appariteur (2) dans chaque administration qui reçoit le public sous l'autorité directe du procureur de la république, avec pour mission de constater les manquements au service public (mouvement du personnel, ouverture et fermeture des bureaux, accueil) ainsi que l'enregistrement des réclamations des citoyens sur un registre paraphé. Une copie de la minute du registre est envoyée quotidiennement au procureur de la république et une deuxième au chef d'établissement. Celui-ci, par l'existence d'un fonctionnaire de la justice dans son établissement, deviendrait comptable de la qualité du service public rendu au citoyen devant le procureur de la république et comptable de sa gestion en général devant sa hiérarchie. Il est évident dans cette hypothèse que l'acte de service public serait pénalisé : l'absence injustifiée du lieu de travail, l'ouverture et la fermeture des bureaux en dehors des heures prévues seraient assimilées à un vol de richesse. Y a-t-il meilleure richesse que le travail ? Cette richesse qui a fait des pays européens et des pays asiatiques des économies puissantes et des sociétés prospères. En conclusion, l'esprit de Novembre et ses valeurs, s'ils étaient respectés rigoureusement, transformeraient notre pays plus vite qu'on ne le croit : d'un pays d'émigration (harragas), il deviendra vite un pays d'immigration, prospère. A. H. : Ex-membre APW de Mostaganem 20 septembre 2009 Note de renvois : – 1) alors qu'à l'époque, il n'y avait ni téléphone, ni fax, ni internet, Omar Ben Khattab a démontré son sens élevé des responsabilités en disant : «si une mule se tordait la patte à cause de l'état de la chaussée, même à Baghdad (lieu très éloigné de la Mecque ), j'en suis responsable». – 2) les heures travaillées des appariteurs seront largement compensées par le gain colossal attendu.