Alors que les Algériens abordent leur premier week-end dans sa nouvelle version, il reste que des ambiguïtés demeurent toujours quant à la manière dont sera géré dorénavant le repos hebdomadaire. Toutefois, les responsables de chaque secteur d'activité se sont penchés sur les nouvelles dispositions horaires à arrêter à l'ère du week-end semi-universel. ça y est, le nouveau week-end est là ! Ainsi, ce matin, les Algériens se réveillent sur un week-end new-look qui changera un tant soit peu leurs habitudes. Et demain, les pendules seront définitivement réglées à la formule du repos hebdomadaire en mode semi-universel. Si dans la mémoire des grands, le repos du samedi n'est pas une découverte, puisque c'est en 1976 que le week-end universel s'est éclipsé dans le calendrier des Algériens, il reste que les jeunes générations connaîtront pour la première fois le repos hebdomadaire un samedi. Ainsi, c'est fini, le pas est finalement franchi, mais tout en ne s'alignant pas totalement sur la forme mondiale, l'Algérie s'est toutefois contentée de couper la poire en deux. Pallier un certain manque à gagner Pour rappel, les débats nourris de la part de spécialistes en matière économique ont fait toujours état de l'urgence de basculer sur le mode de repos universel, surtout que la synchronisation de l'économie nationale avec celle de nos partenaires commerciaux permettrait à l'Algérie non seulement d'éviter une perte sèche de pas moins d'un milliard de dollars mais aussi de promouvoir son PIB sur un taux de 1,8%. Pour se mettre au diapason de cette nouvelle forme de week-end, le citoyen s'est toujours interrogé sur les nouvelles dispositions qui seront incluses. Mais s'il demeure quelque chose à retenir, il reste que la demi-journée de travail observée jeudi dans l'ancien système n'a pas été répercutée automatiquement sur vendredi. Une semaine de cinq jours,sauf pour la poste Ainsi, les horaires de travail dans la Fonction publique s'étaleront de dimanche à jeudi. Et «les prestations de service de l'état civil des communes et la délivrance de documents administratifs seront assurées de dimanche à jeudi inclus», a indiqué mercredi le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales dans un communiqué. Qui précise que «le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales porte à la connaissance des citoyens qu'ils peuvent bénéficier des prestations fournies par les services publics de l'état civil des communes, ceux chargés des autres documents administratifs ainsi que par les services de délivrance des documents d'identité, de voyage et de circulation au niveau des wilayas, des circonscriptions administratives et des daïras durant les journées légales de travail de dimanche à jeudi inclus, et ce, sans interruption, y compris de 12h à 13h». Le ministère porte également à la connaissance des citoyens du «maintien des permanences chargées de la délivrance des documents relatifs au permis d'inhumer et des autorisations de transfert de corps pendant les week-ends et les jours fériés». Par ailleurs, les services d'Algérie Poste, qui avaient l'habitude de travailler le premier jour de week-end dans l'ancien système, n'auront plus à le faire, puisque c'est sur samedi que les responsables de ce secteur ont répercuté la permanence du week-end, d'où l'ouverture normale des bureaux de poste. Reste que dans le secteur financier, les banques et les agences d'assurances, qui étaient au diapason du week-end semi-universel depuis bien longtemps, garderont les mêmes horaires de travail, d'où le maintien du repos hebdomadaire sur les journées de samedi et dimanche. Une fin de semaine sous de nouvelles habitudes ? Mais s'il y a une spécificité à retenir dans la nouvelle transposition, c'est bien au niveau du secteur de l'enseignement supérieur, où la demi-journée du jeudi de l'ancien système n'a pas été répercutée sur vendredi matin. Ainsi, lors d'une déclaration en cours de la semaine passée, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique fait état que les journées de vendredi et de samedi seront des journées de repos officiel. En attendant que le ministère de l'Education mette en place ses nouveaux horaires, tout porte à croire que le week-end nouvelle version apportera quelques changements dans nos habitudes, surtout que l'activité qu'on connaissait le jeudi dans l'ancien système ne risque pas de se remodeler sur vendredi du fait de la sacralité de cette journée. Mais ceci laissera-t-il entendre une reprise de l'activité le samedi ? Khaled Haddag Entre changements et habitudes Le changement de week-end n'aura pas d'influence notable sur les habitudes. Les commerçants ouvriront leurs échoppes vendredi matin et, au besoin, en fin d'après-midi, tandis que les employés de la poste et de l'APC seront derrière les guichets «comme auparavant». Hier matin, il n'y avait pas foule au service de l'état civil de la mairie de Chéraga. Dans la salle, spacieuse et aérée, quelques usagers patientent devant les guichets. D'autres, assis sur l'unique rangée de bancs, attendent que le chef de service appose sa signature sur les documents qu'ils ont demandés. Absorbé par la vérification d'une énorme pile de photocopies, Abdelkader Ounas a dû interrompre momentanément son travail pour répondre à notre sollicitation. Pour lui, tout comme pour le reste du personnel, le nouveau week-end ne change rien aux habitudes. «Nous continuerons à travailler jeudi et à nous reposer vendredi et samedi, comme par le passé», explique-t-il, ajoutant que cette façon de fonctionner ne perturbe pas les employés, quand bien même ces derniers auraient besoin, eux aussi, d'une après-midi pour régler quelques affaires personnelles, «comme, par exemple, retirer de l'argent à la poste, payer quelques factures, aller chez le médecin…». Ce qui, d'ailleurs, est le vœu de plusieurs fonctionnaires travaillant 5 jours d'affilée et à plein temps, soit de 8h à 16h, voire 17h. «A la mairie, on peut s'absenter» Mohamed, employé à l'APC de Ouled Fayet, est de ceux qui disent ne pas trouver le temps matériel pour régler quelques affaires familiales ou le concernant. Aussi, comme beaucoup d'autres collègues, il se fait remplacer par un confrère, parfois son chef hiérarchique, et ce, «juste pour emmener un enfant chez le médecin ou répondre à une convocation quelconque», avoue-t-il. Abdelmadjid, fonctionnaire à l'APC de Souidania, partage cet avis et ajoute que «le problème se pose de manière aiguë pour nos consœurs mères de famille qui doivent concilier leurs obligations professionnelles et le foyer, sans compter les courses et le transport qu'il faut gérer». Des employés de l'APC de Dély Ibrahim considèrent cependant que leur situation est meilleure, comparativement à ce qu'endurent les travailleurs dans leurs entreprises. «La hiérarchie est très conciliante et accorde sans peine des autorisations d'absence aux employés qui ont quelques affaires à régler dehors», disent-ils, expliquant que la continuité du service ne se trouve pas perturbée pour autant. Selon eux, les APC disposent d'une pléthore de personnel ainsi que de nombreux responsables habilités à parapher les documents les plus variés. «On peut donner un coup de main à un collègue débordé, et le contraire est vrai aussi», assurent-ils. Ils relèvent toutefois que les travailleurs des entreprises peuvent rencontrer des problèmes avec l'entrée en vigueur du nouveau week-end. En plus de la difficulté d'obtenir des autorisations d'absence, ces derniers doivent souvent se présenter physiquement à l'APC pour retirer certains documents.» «On ne peut déléguer personne pour retirer un certificat de résidence par exemple», indiquent nos interlocuteurs. «Algérie Poste sera gagnante» A la poste centrale de Chéraga, il faut supporter une longue chaîne pour espérer retirer un chèque CCP. Mais le service est bien rôdé et les guichetiers rompus à leur métier. En outre, l'administration a installé des climatiseurs qui rendent l'atmosphère plus agréable. Des distributeurs de billets sont également visibles dans la salle ainsi qu'une photocopieuse. Des aménagements qui ont rendu le travail plus agréable pour les employés et facilité la tâche aux usagers. Pratiquement, rien ne changera pour les postiers qui verront leur système de travail reconduit. Jeudi, les recettes principales continueront de fonctionner de 8h à 17h, tandis que les petits bureaux ouvriront de 8h à 12h. La nouveauté est l'ouverture des postes durant la journée du samedi, deuxième jour du week-end. «Ce sera comme d'habitude», signale le receveur, «mais ce sera un peu différent puisqu'en ouvrant samedi, nous allons rendre d'énormes services aux usagers qui n'ont pas la possibilité de se rendre à nos bureaux les autres jours de la semaine». Pour lui, Algérie Poste a procédé à un choix «judicieux» en décidant d'organiser son week-end de la sorte : «Les gens vont profiter de leur seconde journée de repos pour les retraits et les versements d'argent ou pour effectuer les autres opérations classiques», ajoutant que «tout le monde est gagnant, la poste surtout qui va augmenter ses recettes». Mohamed, facteur, précise de son côté qu'il lui sera plus facile de trouver les citoyens chez eux un jour de repos. Il explique qu'il arrive difficilement à mettre la main sur le titulaire d'un carnet de chèques ou d'une lettre recommandée car, dit-il, «au moment où je passe, la personne est déjà sortie de chez elle depuis des heures». «Ouverts 7 jours sur 7» Mohamed Arras tient un kiosque à la place centrale de Chéraga. Son étal est parmi les plus achalandés de la ville. Outre la presse quotidienne, il expose quantité de magazines et de revues spécialisées. Il vend aussi des cigarettes, des bonbons et des cosmétiques. Mohamed admet que le nouveau week-end «va peut-être perturber» quelques activités au début, «mais tout le monde va s'en accommoder après deux ou trois semaines». Pour lui et la plupart des autres buralistes de Chéraga, le repos hebdomadaire ne va rien changer aux habitudes. «Nous ouvrirons vendredi matin comme d'habitude», dit-il, précisant qu'il lui arrive de fermer boutique «un vendredi sur 10». «De plus, j'ouvre vendredi après-midi à partir de 15h30-16h jusqu'à 20h ou 21h.» Mohamed avoue que les temps sont durs et que «même en ouvrant 7 jours sur 7, de 7h à 19h, on s'en sort difficilement car la concurrence est rude». Un autre buraliste tenant un kiosque une ruelle plus bas affirme que «les temps ont changé. Maintenant, vous avez plusieurs épiciers dans la même rue et plusieurs marchands de journaux côte à côte». Raison qui, selon lui, impose à tous les commerçants d'ouvrir boutique le plus tôt possible et de fermer le plus tard possible. «Il y va de leur survie», conclut-il.