Une corporation accusée d'être à l'origine de la propagation des hépatites virales (B et C) pour absence de stérilisation dans les normes du matériel utilisé dans les cabinets. Une accusation que vient de rejeter en bloc le conseil de l'Ordre régional des chirurgiens-dentistes d'Alger qui estime, par la voix de son président, le professeur Berkane, chef d'unité pathologie et chirurgie buccale à l'hôpital de Beni Messous, que le risque de contamination par ces virus est omniprésent dans toutes les spécialités où l'on utilise des instruments pour exploration en faisant référence aux services de gynécologie, de gastroentérologie, etc. Pour le Pr Berkane, la décision du ministre d'exiger des autoclaves dans les cliniques et cabinets privés de chirurgie dentaire est juste mais il est aujourd'hui impossible de se doter d'un tel appareillage qui coûte entre 45 et 50 millions de centimes, en plus des solutions, des sachets de stérilisation qui n'existent pas sur le marché algérien, dans un délai aussi court. Il est encore plus dangereux de se doter d'une telle machine dans la précipitation juste pour l'inspection du ministère de la Santé. Il faut s'assurer du matériel qu'on doit acheter pour justement éviter d'autres problèmes. D'autant que, a-t-il ajouté, aucun instrument ni produit et dispositifs utilisés par les chirurgiens-dentistes ne sont soumis au contrôle, contrairement à d'autres équipements médicaux importés. «Des produits sont importés alors qu'ils ne sont pas commercialisés dans leur pays d'origine, comme l'exigent les textes réglementaires algériens, et ils ne sont pas contrôlés», a-t-il relevé, en précisant que la corporation fait face à de nombreuses difficultés et elle est consciente des questions liées aux bonnes pratiques de l'activité et assume toutes ses responsabilités. «D'ailleurs, nous avons signé une convention, il y a quelque temps, avec la banque (CPA) pour l'acquisition d'autoclaves mais en attendant, une formation continue pour les confrères (chirurgiens-dentistes et personnel paramédical) est indispensable sur l'évolution des traitements et les techniques de stérilisation», a-t-il souligné, en précisant que se doter d'un autoclave ne règle pas le problème d'hygiène ni les risques de contamination. Le Pr Berkane a annoncé que toutes ces questions seront à l'ordre du jour de la Journée de déontologie médicale, le 8 mai prochain, au Cercle de l'armée, à Alger. Pour lui, des initiatives encourageantes seront d'un grand apport pour régler cette problématique de santé publique. «Des réductions de taxes douanières ou autres formules encourageantes faciliteraient la tâche», a-t-il estimé. Abondant dans le même ordre d'idée, le docteur Adoun, membre du conseil de l'Ordre régional d'Alger, estime que la stérilisation exige d'abord le respect des règles de conformité et une bonne hygiène dans les cabinets dentaires pour avoir une asepsie correcte. Car il faut savoir que «l'autoclave ne stérilise que le matériel propre», a-t-il indiqué avant d'appeler à la révision du cahier des charges régissant l'installation des cabinets dentaires. Il est à signaler, a ajouté le Pr Berkane, que le niveau de formation universitaire des chirurgiens-dentistes est «très insuffisant. Il est donc important de revoir tout à la base, c'est-à-dire la formation, en introduisant dans leur cursus des techniques nouvelles de prise en charge des pathologies relevant de la chirurgie dentaire, dont l'implantologie, et permettre à ceux qui sont déjà installés de bénéficier de formation pratique au sein des cabinets». Cette formation doit être «obligatoire», a-t-il ajouté. Le Pr Berkane a également soulevé un autre problème, celui des chirurgiens-dentistes chômeurs. Il estime qu'il est temps de mettre en place une loi permettant aux chirurgiens-dentistes chômeurs d'être collaborateurs dans les cliniques ou les cabinets privés, comme cela se fait ailleurs dans le monde d'autant que la demande est aujourd'hui importante. Ce qui permettra aussi, selon lui, de régler le problème de garde. A noter que les cabinets dentaires utilisent actuellement la technique de la stérilisation à chaleur sèche qui nécessite plus de temps que l'autoclave, qui offre une stérilisation à vapeur d'eau sous pression chaude.