La nuit de vendredi à samedi a été fortement marquée par une multitude de foyers de tension au niveau des localités de Koléa, Fouka, Bou Ismaïl, Bourkika, Hadjout et Cherchell. Le bilan des affrontements entre les jeunes manifestants et les forces de sécurité fait état d'un mort par balle du côté des manifestants au niveau de la localité côtière de Bou Ismaïl. Néanmoins, si la mort de ce citoyen, âgé de 33 ans, a été confirmée, il reste à en déterminer l'origine. Aucune source officielle ne voulait s'aventurer à dévoiler les circonstances précises de la mort de ce manifestant. Cela explique l'évacuation de sa dépouille vers le CHU de Blida pour y subir une autopsie. Par ailleurs et toujours dans la même localité, une vingtaine de policiers ont été grièvement blessés. Un jeune policier a été atteint en plein visage, subissant un grave traumatisme facial. «C'était énorme, ce fut une guérilla urbaine indescriptible, les émeutiers avaient imposé leur loi dans les quartiers populaires et le centre-ville», affirment des citoyens. Les affrontements qui s'étaient produits jusqu'à 2h entre les policiers et les manifestants ont par la suite dégénéré sur des actes d'une très rare violence. Des groupes constitués de très jeunes manifestants ont commencé à s'organiser dès la tombée de la nuit, pour dérouter les forces de l'ordre. Les éléments nouveaux qui sont apparus sont l'utilisation par les émeutiers de plusieurs armes blanches (barres de fer, épées, couteaux de boucher, cocktails Molotov). Cela explique le haut degré de violence et le nombre croissant des victimes. Des émeutiers utilisent les cocktails Molotov pour s'attaquer aux forces de l'ordre et aux biens publics. Beaucoup de familles qui voulaient regagner leur domicile à Hadjout et Koléa nous ont fait part de contraintes rencontrées, les obligeant à faire des détours et galérer sur les routes en pleine nuit. A Hadjout, les manifestants ont mis le feu au niveau du parc communal et tenté de saccager l'agence postale située en plein centre-ville. Des véhicules appartenant à l'APC ont été incendiés. Un cocktail Molotov a été lancé dans la résidence du chef de daïra de Hadjout, sans causer de dégâts. Bourkika, l'autre localité située à l'est de Hadjout a également connu des actes de violence. Une bande de jeunes émeutiers s'est attaquée à l'unité vinicole de l'ONCV. Dans leur élan de furie, et face à l'impuissance des gardiens, les manifestants ont accaparé plus de 500 bouteilles de vin avant de quitter les lieux, sans rien détruire ni incendier. Les localités de la partie est de la wilaya de Tipasa ont été plongées dans des actes de violence en cette nuit de vendredi à samedi. Celle-ci a été extrêmement violente notamment à Bou Ismaïl, Hadjout, Koléa et Fouka. Du reste, de tels actes ont été signalés à Cherchell, Bourkika, Meurad. Les journées sont calmes. Hier, nous avons appris qu'une équipe de l'ENTV sillonnait quelques quartiers de Bou Ismaïl afin de permettre aux citoyens de s'exprimer. En début d'après-midi, l'enterrement de la victime de la nuit précédente n'est toujours pas confirmé. Les forces de sécurité sont mobilisées pour éviter les débordements. Les responsables de la police et de la Gendarmerie nationale ont noué des contacts avec les notables des villes marquées par la violence pour les sensibiliser sur les conséquences de tout dérapage.