Les bulldozers ont pris d'assaut, tôt hier matin, les masures et les cloaques dont les propriétaires, du moins leurs enfants aînés, refusaient de quitter à Zaaroura. Sous la conduite de brigades antiémeutes, dès cinq heures du matin, la démolition a commencé sous une atmosphère lourde, suivie d'arrestations, voire d'affrontements mineurs. Ce fut l'une des dernières ceintures de la misère qui disparaissent sous les crocs des machines. La veille, les autorités venaient d'achever la destruction du bidonville, situé dans la proche banlieue Karman. Au total, 597 familles ont été relogées après des années de souffrance. Peu avant cette grande opération liée à la résorption de l'habitat précaire, plus de trois cents personnes venaient d'entamer un sit-in devant le siège de la daïra de Mahdia en signe de protestation contre ce qu'ils estiment être l'intrusion dans la liste des 116 logements sociaux, de n'ouvrant pas droit. Certains des contestataires, plus pragmatiques et sages, exigent «soit l'annulation de la liste soit l'exclusion de ceux pointés avec une croix dans cette liste». Des représentants du mouvement associatif local n'ont pas été en reste et nous ont remis une longue lettre-pétition, avec 350 signataires pour appuyer les revendications de leurs concitoyens. Devant l'esplanade faisant face à la daïra, des citoyens de tout âge, dont des vieux, nous priaient d'exhausser leurs vœux consistant en un appel à la mise sur pied d'une commission d'enquête. A vrai dire, en parcourant la fameuse liste, seules sont cochées une vingtaine de noms. Le siège de la daïra, est protégé par un important cordon sécuritaire. Relogement Le président d'APC, M. Blaha, a éteint son téléphone. Cela intervient, il faudrait tout de même le noter, dans un contexte marqué localement par la distribution de logements sociaux dans plusieurs communes dont Takhmaret, Aïn-Hedid et la grande opération liée à la résorption de l'habitat précaire qui toucherait 1100 familles qui résidaient dans les bidonvilles de toute la wilaya. Opération scindée en deux et totalisant 579 familles au seul chef-lieu. Avant de rallier Mahdia nous avons pu suivre, avant-hier, tôt le matin, l'opération de relogement du bidonville au Karman sous une mobilisation extrême et de l'administration et des différents services de sécurité, le tout sous les youyous et la joie. L'opération éradication de l'habitat précaire conduite par le chef de daïra, M. Abdelkader Rakaa, a fait aussi sortir de jeunes citoyens, mécontents car ils auraient privilégié le logement social plutôt que l'RHP (résorption de l'habitat précaire). Une tente a été dressée devant le siège de la daïra et quelques jeunes espèrent attirer l'attention des pouvoirs publics locaux. Le chef de l'exécutif local avait en marge des festivités du 5 juillet fait savoir «qu'il faudrait de la patience» puisque, diara-t-il, «plusieurs programmes sont en cours de réalisation et des commissions de daïra planchent sur les dossiers». Histoire d'atténuer la pression et de calmer les ardeurs nées à la faveur d'une offre qui reste tout de même insuffisante pour résorber un retard de trois décennies.