Insoutenable était hier la souffrance des quelques malades, insuffisants respiratoires, qui étaient présents à la conférence organisée par Linde Gas Algérie (fabricant de gaz industriels et médicaux), à son siège de Constantine, sis à la zone industrielle Palma. Ce point de presse s'est imposé suite au mouvement de protestation lancé jeudi matin par des dizaines de malades et proches de ces derniers, qui avaient bloqué la route menant à la zone avec des pneus brûlés pour contester le nouveau prix (réel) de la bouteille de gaz d'oxygène, -1800 DA (non remboursables, au lieu des 200 DA habituels (grâce à une subvention de l'Etat). Les dirigeants de l'entreprise, en l'occurrence le PDG, Pierre Chevalier, de la directrice commerciale, Tessa Hammou, dépêchés en urgence d'Alger, ainsi que du directeur régional Est, Fayçal Fertoul, ont fait savoir qu'un nouveau système, homecare (soins à domicile), est en train de voir le jour en concertation avec un groupe de médecins pour développer une stratégie pour l'oxygénothérapie des insuffisants respiratoire. L'objectif est de faire reconnaître l'insuffisance respiratoire comme maladie chronique, en collaboration avec la sécurité sociale au même titre que les autres pathologies, eu égard à son extrême gravité. Un des malades présents, de surcroît handicapé, au bord du délire, a crié sa colère, sa détresse et sa solitude face à cette maladie mortelle, curieusement non reconnue par les organismes étatiques. «Je veux avoir ma bouteille d'oxygène sans galérer ; notre président doit nous compter parmi les autres Algériens; je vais m'immoler si ça continue ainsi; pourquoi je devrais payer 1800 DA alors que je touche une pension de handicapé, de 4000 DA, et que j'ai 4 enfants ?» Le désespoir de cet homme était tel, que les responsables en restèrent pantois, surtout qu'il doit en moyenne consommer une bouteille d'oxygène par jour. Le PDG était visiblement touché au plus profond de lui-même, car il lancera ce cri du coeur: «Je m'engage à faire le test avec vous de nos nouveaux équipements à un prix symbolique de 500 DA, en attendant que notre système de développement soit prêt; nous vous promettons que nous nous occuperons de vous à domicile, où que vous soyez.» Néanmoins, il a tenu à souligner, que son groupe est une entreprise commerciale, et qu'elle ne peut pas se substituer à l'Etat. «Nous sommes les seuls sur le terrain en Algérie à avoir l'autorisation ministérielle de vendre de l'oxygène aux hôpitaux, et la crise en la matière est encore plus grave au niveau de l'Est du pays. Des gens vendent de l'oxygène non contrôlé, et c'est grave », a-t-il souligné. Nous saurons également de du directeur régional Est, Fayçal Fertoul, que l'augmentation du coût de la bouteille d'oxygène devait être effective à partir du 1er janvier en cours, mais que, jusqu'à aujourd'hui, c'est l'ancien prix qui est appliqué, justement «face à la détresse de ces pauvres gens». Des proches de malades, présents, ont raconté tour à tour, le calvaire de ces personnes, que les hôpitaux rejettent sans état d'âme.