Le mouvement de mécontentement et de contestation s'élargit au RND. Après la lettre adressée par des jeunes militants au secrétaire général, Ahmed Ouyahia, dans laquelle ils dénoncent le comportement de Seddik Chihab, responsable du bureau d'Alger, c'est au tour des «coordinateurs locaux légitimes» de monter au créneau pour attirer l'attention des hauts responsables du parti sur les «pratiques» de ce coordinateur de la wilaya d'Alger. Le document, signé notamment par plusieurs cadres militants, a été adressé également aux ténors du RND, dont Abdelakder Bensalah, Chérif Rahmani, Boubekeur Benbouzid, Abdeslam Bouchouareb, Salah Djenouhat et Yahia Guidoum. Le texte, plutôt mesuré, parle de «graves dérives» de S. Chihab, considérées comme «hautement préjudiciables» à l'organisation politique du parti. Mettant en avant la démobilisation de la base militante du parti dans la capitale à moins de trois mois des élections législatives, les signataires de cette missive de deux pages craignent pour l'avenir de leur formation. Cette forte démobilisation, ils la mettent sur le dos de Seddik Chihab, regrettant ainsi sa longévité au poste de coordinateur d'Alger, qu'il occupe depuis 13 ans. Pour les signataires, cela «est contraire à toute règle démocratique». «Cette longévité justifie en partie chez ce cadre partisan, dont les qualités intrinsèques ne sont aucunement remises en cause, la perte insidieuse de l'agressivité militante, laquelle mène tout droit vers la démotivation, le relâchement et la recherche du confort moral et matériel à tout prix. Les préoccupations des cadres militants deviennent alors pour lui des sujets secondaires que l'on prend en charge par des pratiques dilatoires de circonstance, des discours démagogiques et populistes, des anathèmes, lesquels créent la division des rangs et portent atteinte à la stabilité et à la substance créatrice et dynamique du parti», est-il souligné dans la lettre de doléances. Ces cadres militants estiment ainsi que le coordinateur d'Alger a marginalisé «les militants les plus convaincus» et espèrent que le premier responsable du parti agira dans le sens de la réparation du «préjudice causé par cette pratique d'exclusion et de cooptation». Les contestataires demandent le rétablissement des canaux de «dialogue et débat» dans la sérénité : «Si nous nous sommes adressés à vous, monsieur le secrétaire général, c'est parce que nous avons perçu dans votre attitude un souci permanent de la rectitude, une abnégation sans faille au travail, une proximité avec les militants et une volonté manifeste et sincère de mettre en place des fondements sains pour un authentique changement.» La dernière sortie de Seddik Chihab, qualifiant l'agrément du RCD d'«erreur», est, aux yeux de ces cadres militants, une «dérive de plus» du coordinateur d'Alger qui «n'arrive toujours pas à rebondir à la faveur du prochain scrutin». Sur le terrain, la tension est palpable et des heurts ne sont pas à exclure.