-Lors de ce congrès, plusieurs thèmes font l'actualité. Le nombre de cas des maladies rhumatismales inflammatoires est en augmentation, pourquoi, selon vous ? Effectivement, le nombre de cas des malades est en nette augmentation ces dernières années, car les méthodes de diagnostic ont beaucoup évolué, donc les patients consultent et de nombreux cas sont diagnostiqués. Mais, je dois dire que probablement beaucoup d'autres personnes ne sont pas diagnostiquées. Les traitements anarchiques font perdre énormément de temps pour certains malades qui arrivent à des stades très avancés de la maladie. Effectivement, l'on constate actuellement, par exemple, une forte proportion de la sclérodermie chez les hommes, alors qu'il y a quelques années, cette maladie ne touchait que les femmes. Le facteur environnemental y est pour beaucoup. Sur les patients pris en charge dans notre service, l'on retrouve les tailleurs de pierre, ceux qui travaillent dans les marbreries, l'utilisation du plâtre, etc. Donc, c'est une maladie qui atteint les poumons et qui se manifeste par la raideur de la peau, voire une sensation de cuir. Plus de 50% des patients développent une atteinte articulaire. Toutes les articulations peuvent être touchées, mais il existe une atteinte prédominante des articulations des mains, des poignets et des chevilles. Cette maladie peut causer des décès. -Les atteintes articulaires sont les complications de certaines maladies systémiques. Qu'en est-il de la prise en charge en rhumatologie ? Je dois d'abord signaler que toutes les maladies systémiques provoquent des atteintes articulaires, telles que des douleurs, des arthrites, polyarthrites etc. Le lupus, est une maladie très grave qui justifie une prise en charge sérieuse. Les complications de cette maladie sont souvent irréversibles telle l'atteinte rénale. Elle peut bénéficier d'un traitement, mais faudrait-il qu'elle soit diagnostiquée à temps surtout lorsqu'il y a des anticorps phospholipidiques. -Y a-t-il des moyens de traitement justement pour ces complications ? La place de l'hydroxychloroquine est importante, mais ce médicament est souvent en manque. Ce qui complique quand même le maintien d'une prise en charge efficiente. -Les biothérapies semblent avoir révolutionné les choses, qu'en est-il exactement ? Effectivement, elles représentent une révolution thérapeutique et un réel espoir pour des millions de malades, notamment ceux souffrant de polyarthrites rhumatoïdes. Elles permettent de stopper l'évolution de la maladie afin de prévenir le handicap, d'où l'intérêt d'introduire ces traitements précocement. Mais il y a lieu de souligner que le risque infectieux sur certains patients n'est pas exclu. Il est donc clair ce ne sont pas tous les patients qui peuvent être traités avec de tels médicaments surtout les immunodéprimés. C'est une thérapeutique efficace qu'il faut utiliser de manière efficace. Il est donc important de recommander aux praticiens de rechercher tout signe de tuberculose active ou latente avant d'entamer le traitement par biothérapie. D'où l'intérêt de ce congrès qui est en fait une formation continue aux praticiens rhumatologues pour une mise à niveau et une formation médicale continue. -Pour vous, le rôle du rhumatologue dans le diagnostic précoce de ces maladies rhumatismales est primordial… Bien sûr. Le dépistage précoce permet de mieux prendre en charge ces maladies aux complications irréversibles. Lors de ces trois journées, plusieurs thèmes seront abordés, notamment sur le diagnostic de certaines maladies articulaires. Dans le cas de la sclérodermie systémique, il est important pour le praticien de déceler les signes qui attirent l'attention, tels le syndrome Raynaud et la micro-vascularisation. Une prise en charge adéquate est primordiale pour éviter des dommages graves aux patients, voire des handicaps.