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une exposition à défaut d'un défilé militaire
Publié dans El Watan le 15 - 07 - 2012

Un débarquement militaire impressionnant a été observé ces derniers jours aux Pins maritimes, à l'est d'Alger. Il ne s'agit pas d'une intervention musclée de l'armée ni pas même d'un exercice de manœuvres militaires, mais d'une opération de com'. En effet, celle que l'on surnomme à tort «la Grande Muette» tient salon à la Safex. Une expo qui s'inscrit dans la lignée des célébrations du cinquantenaire de l'indépendance, et qui s'étale du 7 au 19 juillet sous le slogan «Mémoire et réalisations». Toutes les directions du MDN (à quelques exceptions près) y sont représentées ainsi que les principales structures de l'ANP : les trois commandements militaires (forces terrestres, forces aériennes et forces navales), Garde républicaine, Gendarmerie nationale, direction du service national, direction de la communication et de l'orientation (DCIO), défense aérienne du territoire (DAT), intendance, transmissions, sport militaire, etc. A quoi s'ajoutent les grandes écoles de formation : l'Académie militaire interarmes de Cherchell, les écoles des cadets de la nation ou encore l'Ecole militaire polytechnique.
Dans ce décor martial, une entité brillera particulièrement par son absence : le mythique Département du renseignement et de la sécurité (DRS). Oui. Nous avons beau chercher, point de stand des «srabess». Aucune trace visible de la fameuse «sécurité militaire». Et point de «renseignement et sécurité» dans le programme distribué à la presse. «Vous savez, ce n'est pas la seule direction qui manque au tableau», glisse d'un sourire amusé le commandant Rachid, officier émargeant à la Direction de la communication, de l'information et de l'orientation (DCIO). «Il y a par exemple la direction du personnel qui n'est pas représentée non plus.» «Sincèrement, qu'est-ce qu'il va présenter ? (le DRS, ndlr)», dédramatise-t-il en déroulant un argumentaire en pointillé. Il convient de souligner que ce n'est pas la première fois que l'ANP organise une manifestation de ce type, elle qui n'a eu de cesse de multiplier les gestes de communication grand public : «Certes, par sa dimension et par sa taille, cette exposition revêt une importance particulière dans la mesure où il est question de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance», indique le colonel Omar Serhane du service de presse, avant d'ajouter : «Mais ce n'est pas le premier événement de ce type que nous organisons. Nous avons toujours fait des choses en direction du public. Nous avons régulièrement organisé des journées portes ouvertes, des séminaires, des visites guidées dans nos différentes unités et nos grandes écoles, et ce, dans toutes les régions. Sans oublier les expositions qu'abrite le Musée central de l'armée.» Dès lors, il est aberrant, appuie-t-il, de continuer d'user de l'appellation «Grande Muette» à l'endroit d'une institution qui ne rate pas une occasion pour marquer sa présence, et qui fait de plus en plus dans l'événementiel avec force étalage de sa puissance de feu.
Un parc d'attractions bariolé
Sur fond de chants patriotiques, l'expo bat son plein. Sur des écrans géants sont diffusées des images de fantassins aguerris se livrant à des exercices tactiques. Pendant ce temps, une colonne de gardes communaux tente, en ce lundi 9 juillet, de gagner Alger à pied depuis Blida. Ils seront violemment dispersés par la police et une partie de leurs collègues sévèrement bastonnés à l'entrée de Birkhadem. Mais sous les chapiteaux de la Safex, l'heure est à la fête. Exit les sujets qui fâchent…
Aux abords du pavillon central sont exposés divers engins de combat et autres véhicules de transport de troupes : des chars (T55, T72), des BTR-80 amphibie, des camions-radars, des stations mobiles de transmissions. Un large parachute est déployé. Deux avions sont également exhibés, des appareils d'entraînement militaire : un avion de chasse L-39ZA Albatros, et un autre, baptisé «Safir-43M», réalisé par l'Entreprise de construction aéronautique de Tafraoui (lire encadré).
En parlant aéronefs, voici un hélico de la police nationale qui se pose carrément sur l'esplanade principale. Au stand réservé aux forces aériennes, un jeune officier nous convie à admirer une brochette de missiles, dont un RVV-AE (de fabrication russe) particulièrement redoutable. «Nous sommes équipés de missiles ultramodernes qui nous assurent une bonne couverture aérienne. L'armée algérienne est à jour. Notre pays est bien protégé», lance, confiant, le jeune officier. Même si l'affluence est loin d'égaler celle de la Foire internationale d'Alger ou du Salon de l'automobile, le public est au rendez-vous. Le tram nouvellement mis en marche déverse des flots de visiteurs à la station «Foire d'Alger».
Emerveillés par les engins bariolés et tous ces gadgets grandeur nature, les enfants s'en donnent à cœur joie, transformant la foire de l'ANP en parc d'attractions. «Nous, on connaît les dessous de tout ça. On sait que le pays va à la dérive. Mais pour eux, c'est important. C'est bien que l'armée fasse cette expo. Les enfants ont besoin d'enchantement. Ils ont besoin de symboles forts, comme nous sous Boumediène. Ils ont besoin de sentir qu'ils ont un Etat fort qui veille sur eux», observe un cadre de la CNEP. Les jeunes sont tout aussi excités. Ils montent sur les chars, envahissent la tourelle des blindés, s'adonnent à des poses cocasses en roulant les mécaniques.
Une famille prend des photos devant un camion «moustache» de la Gendarmerie nationale. Paradoxe saisissant entre cette ambiance bon enfant et les rigueurs de la vie militaire. Si bien que, sous ses oripeaux kaki, et en dépit de tout cet attirail de guerre, la Safex ressemble à tout sauf à une caserne.
Femmes officiers et militaires «cool»
En flânant dans les allées de ce «Salon de l'ANP» (officiellement, on parle d'exposition), l'impression générale qui se dégage est celle d'une armée fortement soucieuse de soigner son image auprès du public. Dans le dernier numéro de la revue El Djeich (hors-série de juillet 2012), le ministre de la Défense délégué, le général Abdelmalek Guenaïzia, écrit : «La modernisation de nos forces armées devait nécessairement s'accompagner d'efforts dans le sens de la promotion et de la communication (…) dans le but de faire connaître au public, toutes catégories confondues, l'Armée nationale populaire (…), une démarche visant à permettre à l'institution militaire de se rapprocher du citoyen.» Elément-clé de ce dispositif marketing : les ressources humaines.
Ainsi, nous aurons remarqué que dans chaque stand, l'ANP a mobilisé ses meilleures compétences. Capitaines, commandants, lieutenants-colonels sont ainsi chargés d'expliquer au public les subtilités de leur métier. Parmi eux, une flopée d'ingénieurs hautement qualifiés, diplômés des plus grandes écoles. Il n'échappera pas à l'observateur la présence également de beaucoup de femmes officiers. Les élites en uniforme se veulent «cool», ouvertes, cultivées, polyglottes. Nos interlocuteurs se montrent disponibles, loquaces, avenants. Ils ont le sourire facile et un sens aiguisé de la répartie. C'est l'autre facette d'une armée souvent réduite aux manigances d'une poignée de généraux qui font la pluie et le beau temps. A la Safex, ce ne sont plus les généraux «décideurs» qui émergent, mais une armée de cadres de haute qualité, ceux-là mêmes qui assurent la pérennité et le bon fonctionnement de la plus importante institution du pays.
«Nous sommes, certes, la colonne vertébrale de ce pays, mais nous ne voulons pas être les seuls sur la scène. Nous souhaitons être accompagnés dans cet effort par la société civile», confie un officier supérieur en martelant que «l'armée s'est retirée du champ politique». Les spin doctors de cette opération séduction entendent, au premier chef, faire passer un message dont les maîtres mots sont : professionnalisation, modernisation, formation. Cela ressort clairement dans l'architecture de l'expo, où une large place est accordée aux écoles de formation mais aussi aux entreprises affiliées au MDN. Car l'ANP version 2012 se veut industrieuse et entrepreneuse, comme l'illustre le complexe Base centrale logistique (BCL) de Beni Merad qui se targue d'être le fleuron de l'industrie militaire (voir encadré) ci-contre.
Pas de parade militaire depuis 1989
Interrogé sur les répercussions sécuritaires du nouveau contexte régional induit par la situation au Mali et le déferlement des armes libyennes, le commandant Rachid du DCIO se contente de cette réponse lapidaire et qui, néanmoins, en dit long : «Quand vous voyez tout ça, est-ce que vous vous sentez en sécurité ou pas ? C'est ça notre réponse.» Question purement spéculative : faut-il comprendre qu'à défaut d'une parade militaire, l'armée s'est contentée d'une expo ? Une certaine tradition voudrait, en effet, que les grandes célébrations nationales se fassent avec des défilés militaires auxquels sont invités généralement les grands de ce monde. La dernière parade militaire en date, convient-il de le rappeler, remonte à… 1989.
Un défilé militaire devait être organisé à Alger le 1er novembre 2004 à l'occasion du cinquantenaire du déclenchement de la lutte armée. Mais à la dernière minute, un communiqué de la présidence de la République en annonçait l'annulation en des termes sibyllins, sans en fournir les vraies raisons : «Les manifestations prévues pour la célébration de ce 50e anniversaire du 1er Novembre se devaient de répondre par leur éclat à l'importance que les Algériens veulent donner à un événement qu'ils placent au centre de leur histoire. Cette commémoration devait comporter également un défilé militaire pour renouer avec une tradition qui a été abandonnée depuis plus d'une décennie. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a cependant décidé d'annuler ce défilé militaire, pour ne retenir, dans le programme des commémorations, que les manifestations civiles, appelant ainsi les Algériens à témoigner de cette manière leur attachement à la paix et à une vie paisible dans leur pays et avec le reste du monde.»
Pour cette fois-ci, il n'y a même pas eu de communiqué. Ni de discours à la nation. Juste un somptueux (et somptuaire) feu d'artifice…
Une industrie militaire en plein boom
Dans les stands de la direction centrale du matériel, le complexe BCL (Base centrale logistique) de Beni Merad occupe une place de choix. «Notre principale mission est la réparation, la rénovation et la modernisation du matériel de combat. Il s'agit surtout du matériel lourd», explique le directeur commercial de la BCL, le colonel Sahraoui. En fin connaisseur de sa gamme de production, lui, le diplômé de l'Enita, ingénieur en conception et fabrication mécanique, le colonel Sahraoui dira : «Nous maîtrisons tous les procédés de fabrication mécanique. Nous avons un atelier de fonderie, une forge, un atelier de traitement thermique et un atelier d'usinage.» A l'appui de cet inventaire, il nous montre, par écran digital interposé, des chars complètement rénovés par la BCL après avoir été entièrement désossés.
«Cela nous permet d'économiser des milliards de dollars», argue notre guide, le commandant Rachid. Le colonel Sahraoui précisera dans la foulée que la BCL ne se limite pas au «marché» militaire et compte nombre de clients civils, dont Sonatrach et Air Algérie. Un imposant rotor fabriqué pour Sonatrach illustre cette tendance. D'autres pièces d'acier également exposées attestent de cette diversification de l'offre BCL. Une brochure vante la fabrication de pièces mécaniques pour divers secteurs (hydrocarbures, travaux publics, bâtiment, sidérurgie…).
«Depuis 2010, la BCL a un statut d'EPIC (établissement public à caractère industriel et commercial, ndlr). Et même si nous sommes sous la tutelle du MDN, nous avons notre autonomie de gestion et notre autonomie financière. Nous obéissons au code des marchés publics comme toutes les entreprises», souligne le colonel Sahraoui. La BCL emploie entre 2500 et 3000 personnes, des civils dans leur majorité. Outre les pièces de fonderie lourdes, le colonel Sahraoui nous apprend que l'entreprise qu'il représente s'est même investie dans le champ artistique en accompagnant des sculpteurs dans la réalisation de statues de bronze. C'est le cas d'une grande statue à l'effigie de l'Emir Abdelkader, et qui trône sur une place publique de Mascara, ou encore un buste à la gloire du chahid Ahmed Zabana.
Dans le même pavillon expose une autre entreprise militaire, spécialisée celle-là dans la réhabilitation du parc roulant de l'ANP. Il s'agit de l'Etablissement de rénovation des matériels automobiles (ERMA), basé à Dar El Beïda. Des modèles réduits de BTR 60 et BTR 80 (véhicules de transport de troupes) sont exposés. Une tourelle de char remise à neuf témoigne de la qualité du travail fourni. «Tous les vingt ans, en moyenne, un engin est soumis à une révision générale. Mais nous avons pour règle de faire en sorte que cette rénovation n'excède pas 40% du prix initial d'achat de l'engin en question», explique un lieutenant-colonel de l'ERMA. «Nous avons des véhicules qui datent de l'époque de Boumediène et qui sont encore en marche», se félicite-t-il.
Interrogé sur le nombre d'engins endommagés dans le feu de la lutte antiterroriste, notre interlocuteur réplique, évasif : «Nous, nous obéissons à un plan de charge fixé par le MDN. Nous faisons notre travail normalement.» Et le commandant Rachid de préciser : «La mission principale de la Direction du matériel est de faire en sorte que les engins soient prêts à tout moment et qu'ils ne subissent pas de dégradation.» L'enjeu, on l'aura compris, est aussi de ne pas dépendre, en termes de service après-vente, de l'expertise étrangère.


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