La zone humide protégée d'Oum El Guellaz, située à quelques kilomètres de la localité de Boufatis, vit une situation écologique dramatique. Outre la décharge publique mitoyenne qui empoisonne tout l'environnement, les eaux usées des ménages et surtout les eaux usées industrielles se déversent dans le lac sans aucune mesure de protection. La pollution du lac a atteint un niveau catastrophique où faune et flore ont été complètement anéantis. «Le barbeau, fierté de la région, a disparu. Les tortues, les canards et les flamants roses ont été empoisonnés par la toxicité des eaux du lac», peste un riverain. Pourtant les autorités locales et la Seor ont annoncé, il y a quelques années, le projet de réalisation d'une station de traitement des eaux usées mais, jusqu'à ce jour, rien n'a été réalisé. Certes, la Direction des forêts tente, de temps en temps, quelques opérations de plantation d'arbres et protège le site de la chasse et la pêche illicites mais ne peut rien faire contre les pollueurs. «Il n'y a plus de poisson à pêcher. Le sanglier, peut-être ?», confie notre interlocuteur. Les 300 espèces d'oiseaux migrateurs recensés ne font plus le déplacement printanier annuel au site pour échapper au froid d'autres continents. De son côté, le wali d'Oran a affirmé que le projet de réalisation d'une station d'épuration est toujours d'actualité, lors d'une visite de travail à la daïra d'Oued Tlélat. Est-il trop tard ? «Apparemment, oui, depuis plus d'une dizaine d'années que les eaux usées industrielles polluent le lac», affirme un fellah de la région. En effet, plusieurs oiseaux ont été trouvés morts à cause de la pollution. D'autre part, la nappe phréatique risque d'être contaminée si des mesures pour le respect et la préservation de l'environnement et de la biodiversité ne sont pas prises. Jadis, Oum El Ghellaz était un lieu de détente où pêcheurs occasionnels et familles venaient passer d'agréables moments en admirant la beauté de la nature si généreuse. Aujourd'hui, le site fait bon ménage avec les odeurs nauséabondes et les ordures de la décharge publique ouverte à tous les pollueurs. Ce poumon de la région sud-est d'Oran a besoin d'une prise en charge réelle et urgente. Avec la création de la nouvelle zone industrielle d'une superficie de 450 hectares, située à 3 kilomètres du lac, les risques d'épidémie dans la chaîne alimentaire ne sont pas écartés. Le cri de détresse des riverains sera-t-il entendu ?