L 'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA) estime à 5 millions de tonnes par an le déficit en ciment. Une situation qui ne permet pas de répondre à la forte demande des chantiers du bâtiment et qui ralentit la réalisation des projets, selon Abdelkrim Selmane, président de l'AGEA, qui «appelle à augmenter le volume des importations pour combler totalement ce déficit». Interrogé par la presse en marge du salon Batimatec sur la pénurie de ciment, le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Abdelmadjid Tebboune, a assuré pour sa part que la tension sur ce matériau ne freinera pas la réalisation des programmes de logements. Selon lui, cette pénurie n'affectera que 20% des projets en phase de réalisation, souhaitant que cette situation ne dure que deux ou trois mois et que la production nationale de ciment puisse satisfaire la totalité de la demande en atteignant 21 millions de tonnes/an à l'horizon 2015. Concernant l'importation du ciment en vrac, le ministre a indiqué que «la crise du ciment ne pourrait être jugulée que par une opération d'importation ultrarapide pour casser la spéculation». Le PDG du Groupe industriel des ciments d'Algérie (GICA), Yahia Bachir, a affirmé de son côté qu'un projet de construction de trois terminaux fixes au niveau des ports de Ténès, Annaba et Oran est en cours et devrait permettre plus de fluidité pour les opérations d'importation. Interrogé sur la conformité des matériaux de construction les plus utilisés, M. Selmane note que certains revendeurs de ciment en vrac fraudent sur la qualité de ce matériau en le mélangent avec du sable ou du tout-venant. En ce qui concerne le ciment importé, il relève que les opérations de contrôle au niveau des ports sont «rigoureuses», de même que pour les autres matériaux de construction importés. L'important déficit en matériaux de construction, qui dure parfois de longues périodes, notamment pour le ciment, retarde les projets des secteurs du bâtiment et des travaux publics (BTPH), obligeant les entrepreneurs à s'approvisionner au marché noir à des prix souvent exorbitants. Cela fait plus de cinq ans que la pénurie de ciment se pose de manière récurrente, notamment durant «la période sèche» comprise entre avril et octobre, qui connaît habituellement le lancement de projets de construction et des travaux d'aménagement des habitations, explique M. Selmane. Selon lui, «il suffit qu'une seule cimenterie effectue un arrêt technique pour la maintenance de ses installations pour que les spéculateurs en profitent pour créer une tension en stockant du ciment pour le revendre à des prix excessifs». Ce professionnel préconise le renforcement des opérations de contrôle effectuées par les brigades des services du commerce pour contrer cette «mauvaise pratique».