Lyon De notre correspondant Alors que depuis des années, différentes études de scientifiques musulmans concluaient qu'il est possible de gérer les rites musulmans selon un calendrier établi d'avance, en dehors de l'observation lunaire, le Conseil français du culte musulman (CFCM) vient de faire un pas en avant. Lors d'une réunion tenue le jeudi 9 mai, l'instance a décidé de finaliser la mise en place d'un calendrier lunaire basé sur le calcul et conforme aux principes et aux finalités du droit musulman. Cette décision, selon le mot d'Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, est «historique». En effet, pour la première fois, l'instance, élargie à des membres extérieurs, comme le recteur de la Grande Mosquée de Paris, a fixé le début du mois sacré de Ramadhan longtemps à l'avance, pour le 9 juillet, et l'Aïd el Fitr serait célébré le 8 août. «Cette initiative, a expliqué le CFCM dans une résolution, a été prise sur la recommandation insistante de ces fédérations qui œuvrent activement pour l'unité des musulmans de France. Cette rencontre scientifique a permis de passer en revue les différents textes fondateurs sur la question du calendrier lunaire et son utilisation dans la pratique religieuse musulmane, les différents avis des savants musulmans, les principes du calcul astronomique ainsi que les différentes méthodes qui le caractérisent.» La réflexion remontait à 2008, avec des tests sur les modes de calcul initiés à partir de 2011, avec la conclusion du CFCM que désormais on pouvait passer à une nouvelle étape. Ainsi, «constatant que les différentes méthodes proposées et utilisées à travers le monde, convergeaient sur la quasi totalité des dates, il a été convenu de retenir la règle qui a prévalu au sein de la conférence internationale sur l'observation de la lune, dès sa première réunion en novembre 1978. Cette règle, soutenue à l'époque par l'ensemble des pays musulmans, tient compte des conditions de l'observation de la lune et du principe consistant à entamer le mois lunaire partout dans le monde si la nouvelle lune est observable à n'importe quel endroit du globe. Elle s'énonce ainsi : le mois lunaire est supposé commencer le soir, ou quelque part sur terre, le centre calculé de la nouvelle lune au coucher du soleil est plus de cinq degrés (5°) au-dessus de l'horizon et l'élongation est de plus de huit degrés (8°)». Le président du CFCM, Mohamed Moussaoui, dans une contribution, publiée sur le site oumma.com, explicite les détails scientifiques de cette décision inédite, à la lumière de l'apport de savants musulmans. Dans un deuxième temps, au début de chaque année hégirienne (1er Muharram), le CFCM éditera le calendrier annuel comportant les dates du début et de la fin du Ramadhan et de toutes les fêtes et manifestations religieuses. Pour M. Moussaoui, «l'idée même d'attendre la veille pour prendre connaissance de la décision du CFCM pose aujourd'hui des problèmes aux musulmans de France». La question des congés à prendre pour les fêtes, surtout les deux fêtes de l'Aïd, était toujours très compliquée à gérer pour les salariés, mais aussi dans l'enseignement. L'autre sujet étant celui de l'organisation des prières communautaires à l'occasion des fêtes, qui «nécessite souvent la réservation des salles ou gymnases pour deux jours successifs, alors qu'elles ne seraient utilisées que pour une seule journée. Cela provoque la réticence des maires lorsque les salles sont communales et donne lieu à un surcoût de location non négligeable». Enfin, pour l'Aïd-el-Adha, le problème des abattoirs se pose. Les responsables de ces établissements ont besoin de «connaître la date de cette fête plusieurs semaines à l'avance pour les prendre en compte dans l'organisation de leur activité». Ainsi, en conclut le président du CFCM, «les différentes composantes du CFCM entendent, après la réussite de la réforme du CFCM intervenue le 23 février 2013, inaugurer une nouvelle étape dans la vie de l'institution représentative du culte musulman en se penchant sur ce dossier concret concernant la pratique religieuse musulmane. L'harmonisation des heures de prières rituelles doit intervenir également dans les mois à venir pour mieux consolider l'unité des musulmans».