Un nouveau constat vient d'être dressé, la semaine dernière, à la faveur de la journée d'études sur les mesures de soutien à l'investissement, organisée par l'ANDI avec les opérateurs économiques de la région et les autorités locales, où de nombreux points liés aux embûches qui compromettent quasi-indéfiniment toute relance de l'activité industrielle dans la région ont été soulevés. De prime abord, il en ressort que les différentes mesures prises depuis quelques années déjà afin de lever les contraintes en la matière ont peu ou pas apporté leurs fruits. Preuve en est, le sempiternel problème du foncier industriel demeure intact, si ce n'est la complexité du dossier qui s'est aggravée davantage. Pourtant, à la promulgation du décret exécutif 07-122 du 23 avril 2007 fixant «les conditions et modalités de gestion des actifs résiduels des entreprises publiques autonomes et non autonomes dissoutes et des actifs excédentaires des entreprises publiques économiques et des actifs disponibles dans les zones industrielles », le monde industriel avait affiché un certain optimisme quant à l'assainissement de ce dossier qui a traîné pendant des années. Mais l'espoir nourri en la matière s'est avéré éphémère et les opérateurs ont vite déchanté en constatant que les nouvelles dispositions adoptées en la matière n'ont fait que multiplier les centres de décision avec, parfois, piétinement de prérogatives, sans pour autant en finir avec les blocages. A la même année, ont été créés l'Aniref (Agence d'intermédiation pour la régulation foncière) et le Calpiref pour la mise en place des comités d'assistance dans les wilayas, à la faveur du décret exécutif 07-119. Mais, l'attribution d'une assiette foncière au sein d'une zone industrielle ou d'activité implique toujours l'intervention d'autres organismes comme les agences foncières, les organismes de gestion des zones industrielles ou les services des domaines, et ce, en plus de l'Aniref-Calpiref. Le foisonnement de procédures et de démarches finit souvent par décourager les porteurs de projets et rebute les investisseurs. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, à entendre les autorités locales et les opérateurs connaissant mieux le terrain, la situation paraît plus complexe qu'ailleurs. «Gestion presque catastrophique» ! Le wali, lui-même, évoquera lors de cette rencontre ce qu'il a qualifié de «gestion presque catastrophique du foncier industriel durant des années». Dans sa déclaration, le premier responsable de la wilaya fait allusion bien évidemment aux années de crise qui ont suivi les événements sanglants de 2001. Il rappellera d'ailleurs que durant cette conjoncture il y avait un climat qui «faisait fuir les investisseurs et les pouvoirs publics ont relégué le dossier de l'investissement au registre de leurs dernières préoccupations». A présent, le climat est-il plus propice pour l'investissement et les conditions sont-elles réunies pour la relance de l'industrie locale ? Certes, le premier responsable de la wilaya adopte une vision prospective optimiste et traduit sa volonté par une série d'actions à mettre en œuvre au fur et à mesure, comme, entre autres, «l'inscription de la problématique du foncier industriel au menu de la prochaine session de l'APW, réunir les conditions pour faire de Tizi Ouzou un pôle industriel ou l'éradication de l'informel». Mais, en face, les doléances soulevées par les opérateurs économiques sont loin d'être rassurantes. Au volet relatif au foncier, à titre d'exemple, les poches de terrains localisées dans plusieurs zones d'activité de la wilaya et gérées auparavant par la SOGI (Société de gestion immobilière) demeurent en suspens parce que leur transfert pour les mettre à la disposition de l'Aniref bute sur des difficultés procédurales, selon le directeur de wilaya des services des Domaines. Ces assiettes totalisent 60 hectares. Dans l'ensemble, la problématique du foncier industriel présente un double défi : d'un côté, il s'agit de faciliter l'accès au foncier, et de l'autre, de récupérer les assiettes cédées dans le passé, parfois au dinar symbolique, à des indus investisseurs qui les ont laissées en jachère jusqu'à présent. Le climat d'insécurité sévissant dans cette région du pays, qui bat le record des enlèvements d'opérateurs économiques et de commerçants, est toujours là et continue d'amenuiser l'ambition des investisseurs potentiels. Pour le président de la Chambre de commerce et d'industrie Djurdjura, Ameziane Medjkouh, «certes, la situation est moins dramatique qu'avant, mais le problème sécuritaire n'est pas définitivement réglé». Le manque de vulgarisation et les défaillances en termes de communication sont aussi là pour assombrir encore plus la vision des promoteurs et investisseurs potentiels. C'est le cas du Fonds d'investissement de wilaya, qui, pour ce qui est de Tizi Ouzou, est doté d'un milliard de dinars et géré par l'agence locale de la BEA (Banque extérieure d'Algérie). Lequel fonds, selon un élu à l'APW, est méconnu des porteurs de projets faute d'une bonne vulgarisation, selon un élu à l'APW.