Cinquante-trois ans après leur mort, il est temps pour l'État Algérien d'intercéder auprès des autorités françaises, pour savoir le sort réservé aux deux responsables au niveau de la wilaya II historique. Ils méritent bien une sépulture. Un ultime hommage. C'est dans un contexte difficile du fait de la pression des troupes coloniales dans le triangle formé par Texenna (20 km au sud de Jijel), Erraguene et Beni Yadjis, que le commandant Hocine Rouibah, chef politico-militaire de la wilaya II et ses compagnons Saïd Bentobal, (frère du membre de la délégation algérienne aux accords d'Evian, Lakhdar Bentobal), Ahcène Bencheikh et Rabah Boughenout ont été encerclés par l'armée française. Dans un témoignage pour El Moudjahid (Le 08/11/1960, Hocine Rouibah et ses compagnons), Mohamed Bahloul, précise que seul le djoundi Idris Chabouni parvint à s'échapper de l'attaque des soldats français appuyés par des hélicoptères. Ce dernier tombera lui aussi au champ d'honneur en avril 1961. Selon des témoignages recueillis auprès des proches des martyrs, la zone formée par les frontières entre les actuelles communes de Texenna, Selma, Beni Yadjis et Erraguene faisait l'objet d'une vaste opération militaire des forces coloniales. Le quatuor s'était réuni dans la région d'Outaamar, près d'Aïn Lebna dans la commune d'Erraguene. Les responsables de l'ALN auraient prévu de marcher durant la nuit, mais le commandant Rouibah aurait insisté pour qu'il parte le lendemain matin, soit le 9 novembre 1960. Mais leur présence a été portée à la connaissance des militaires français – volontairement ou par mégarde – par, selon les témoignages, un homme ou une femme. Ainsi, en ce fatidique 9 novembre 1960, le commandant Rouibah est tombé suite à une rafale tirée à partir d'un hélicoptère. Ses compagnons Saïd Bentobal et Ahcène Bencheikh tomberont immédiatement après. Rabah Boughenout, rapporte le site Jijel-archeo, sur la base de témoignages recueillis dans cette même région, a «réussi momentanément à prendre la fuite enveloppé dans une kechabia, essayant dans un geste de survie d'atteindre un groupe de personnes au loin et se fendre dans la population». Repéré par un hélicoptère, il sera lui aussi tué. Les deux premiers corps, transportés par hélicoptère vers le camp militaire de Aïn Romane à Texenna, sont ceux du commandant Rouibah et Bentobal. Certaines sources soutiennent qu'ils ont été par la suite transportés à Jijel. Puis … aucune nouvelle à ce jour. Quant aux corps de Rabah Boughenout et Ahcène Bencheikh, ils furent inhumés dans la précipitation par la population juste après le départ des soldats français. Leurs sépultures ont été dissimulées pour qu'elles ne soient pas retrouvées par les soldats. Né à Jijel le 22 juin 1922, Hocine Rouibah a adhéré dès 1943, au parti du peuple algérien (PPA), où très vite il accéda au poste de responsable de cellule à Jijel. En mai 1945, il est arrêté et incarcéré à la caserne militaire de Jijel pendant trois mois. Transféré au camp de Mansourah à Constantine, il est libéré au mois d'août 1945. Exerçant en compagnie de son frère son métier de commerçant, il rejoint dès le début 1946 les rangs du mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Il intégrera l'organisation secrète (OS) dès 1947. Malgré une brève incarcération en 1948, il continua son activité politique, distribuant sous le manteau les publications du mouvement. En 1950, il est emprisonné durant trois mois à Annaba. Trois jours après le déclenchement de la Révolution, il est arrêté puis libéré avant d'être une nouvelle fois incarcéré le 22 décembre 1954. Condamné à un an de prison, il rejoint le maquis dès sa sortie de prison en décembre 1955. Même si le procès-verbal du congrès de la Soumam fait ressortir six signatures, à savoir celles de Larbi Ben M'hidi, représentant de l'Oranie (chef de séance), Abane Ramdane, représentant le FLN (secrétaire de séance), Amar Ouamrane, représentant de l'Algérois, Krim Belkacem, représentant de la Kabylie, Zighout Youcef, représentant du Nord-Constantinois, et Lakhdar Bentobbal, adjoint de Zighout, le commandant Rouibah a fait partie de la délégation de la Zone II, à l'instar de plusieurs autres chefs de l'ALN comme Ali Kafi, Mostefa Benaouda, Brahim Mezhoudi, Mohamedi Saïd, Saïd Yakourene, Aït Hamouda Amirouche, M'Hamed Bouguerra et Ali Mellah.