A une semaine de la convocation du corp électoral, la scène politique vit dans une totale confusion. En dehors de la crise du FLN et l'engagement des candidats potentiels à l'élection présidentielle de 2014, le moment politique reste figé par le flou entretenu par le Président sur ses intentions. L'ancien Premier ministre, Ahmed Benbitour, a été le premier à afficher clairement son ambition de briguer le fauteuil présidentiel. L'homme multiplie les sorties médiatiques et les initiaves pour tenter de gagner des partisans à sa cause. Mais au fil du temps, l'enfant de Metlili semble en perte de vitesse. En plus de la concurrence que lui livre, en sourdine, ses anciens collègues du gouvernement, la probable candidature de personnalités proches du régime ne laisse pas beaucoup de choix à l'expert ès finances. S'il est certain que Benbitour ne concourra pas seul lors de cette élection, peu de candidats «lourds» pointent au portillon. Des noms de «grosses pointures» sont évoqués. Mais tous semblent attendre une prise de position définitive de Abdelaziz Bouteflika. Or, en dehors des images le montrant dans la posture d'un homme malade incapable de parapher une loi de finances, ce dernier se mure dans un silence qui donne lieu à toutes les interprétations possibles. Alors que les observateurs les plus avertis ont conclu (vite ?) à un renoncement de l'actuel chef de l'Etat, ses partisans, même s'ils semblent en être de moins en moins convaincus, s'activent dans l'espoir de le voir une autre fois à la tête de l'Etat. Le collège des anciens Premiers ministres Ce n'est pourtant qu'une hypothèse. Le possible retrait de l'actuel chef de l'Etat a ouvert bien des appétits. Des noms de candidats de «substitution» circulent avec insistance dans les rédactions algéroises. A commencer par l'outsider du moment, et le joker présumé du clan présidentiel, à savoir Abdelmalek Sellal. L'actuel Premier ministre, qui ne serait pas chaud pour se présenter à l'élection présidentielle, serait poussé par les proches du chef de l'Etat à solliciter les suffrages des électeurs. Le journal londonien El Qods El Arabi a même évoqué, récemment, un quitus de Bouteflika à son Premier ministre. En dehors de Abdelmalek Sellal, d'autres noms reviennent avec insistance. C'est le cas de Mouloud Hamrouche, ces derniers jours. Ancien ministre sous Chadli Bendjedid, un des artisans des réformes politiques de 1989, l'enfant de Skikda jouit d'une bonne réputation. L'homme, septuagénaire, s'est éloigné de la vie politique depuis son «éviction» en 1991 suite aux violentes manifestations du FIS dissous. En dehors d'une participation avortée à la présidentielle de 1999, Mouloud Hamrouche n'avait jamais pris de position durant les années 1990. L'ancien Premier ministre évite toute déclaration médiatique. Mais d'anciens cadres de l'Etat s'activent pour le faire revenir sur la scène politique. Mieux, des comités de soutien à sa candidature sont créés un peu partout dans le pays et dans l'émigration. Ayant grandi dans le système depuis l'indépendance, Mouloud Hamrouche n'est cependant pas un homme qui se précipite. Son silence n'est justifié, par ses partisans, que par le flou qui entoure l'élection d'avril 2014. S'inscrivant en dehors de l'actuel pouvoir, Ali Benflis est le seul ancien ministre dont la candidature ne dépend pas de la décision de Abdelaziz Bouteflika. L'installation d'une direction de campagne et l'activisme de ses collaborateurs démontrent que l'avocat de 70 ans va annoncer «sous peu» sa candidature à l'élection présidentielle. Croit-il en sa bonne étoile ? Apparamment oui. Mais dans un système versatile, tout reste possible. Réservistes de la république Deux autres anciens Premiers ministres restent en embuscade. Mis «en réserve de la République» Ahmed Ouyahia et Abdelaziz Belkhadem observent de loin. Le premier s'exprime par le biais de ses proches. C'est ainsi que Seddik Chihab a déclaré au site d'El Watan que «Ouyahia se tient prêt» au cas où le chef de l'Etat ne briguera pas un nouveau mandat. Le RND règlera probablement la question lors d'une prochaine réunion de son conseil national.Presque oublié depuis son éviction du secrétariat général du FLN, Abdelaziz Belkhadem se prépare, lui aussi, à se lancer dans la bataille dans le cas où Abdelaziz Bouteflika ferait défection. L'ancien secrétaire général du FLN, qui ne fait pas l'unanimité au sein de l'armée, organisera un dîner, dans les tout prochains jours, avec les mouhafedhs de son parti. L'objectif de ce festin étant bien sûr d'évoquer sa candidature à l'élection présidentielle, nous a révélé un mouhafedh. L'évocation de ces noms ne règle pourtant pas toute la problématique. Comme une bonne partie de l'opinion, tous ces candidats potentiels guettent l'attitude de l'actuel chef de l'Etat dont l'entourage voudrait ne rien laisser au hasard. Et c'est là que réside tout le problème.