Malgré cette noirceur, des candidats se lancent dans la bataille. Si certains savent d'avance qu'ils vont être éliminés avant la course finale, d'autres sont conscients qu'ils vont servir, au mieux, de lièvres à de vrais compétiteurs. Dans une compétition souvent jouée en dehors des urnes, certains candidats à la candidature font déjà figure de doyen. C'est le cas de Ali Zeghdoud, président d'un parti microscopique : le Rassemblement algérien. L'homme et la formation qu'il représente font partie de ce que certains observateurs appellent «des saisonniers» de la politique. Ils disparaissent pendant des années, avant de réapparaître, souvent pour des considérations autres que la compétition politique à l'approche des échéances électorales. Interrogé par des journalistes sur les raisons de cette attitude, le vieil homme politique a répondu que «pour faire de la politique, il faut des moyens». Profils et horizons divers Le locuteur parle, bien sûr, de moyens financiers. Comme beaucoup de ses «collègues», Ali Zeghdoud se présente à l'élection présidentielle, mais il n'oublie pas de soutenir, à chaque occasion, le chef de l'Etat en place. C'est le cas également de Mohamed Benhamou, un transfuge du FNA, qui a créé un parti, El Karama (la dignité). Cette formation a connu ses premières dissidences avant même d'avoir un agrément.Parmi les anciennes figures qui animent la vie politique à l'occasion de chaque élection, Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54, est l'une des rares personnalités capables de faire valoir un pedigree politique irréprochable. En plus de son militantisme, qui lui a valu des mois d'emprisonnement dans les années 1980, ce fils de chahid participe régulièrement à l'élection présidentielle. Il obtient, certes, des résultats modestes, «à cause de la fraude», mais son opposition au système est constante. Ses attaques contre le pouvoir sont autant virulentes que récurrentes.Fils de chahid lui aussi, Moussa Touati est également un candidat «régulier» aux élections présidentielles depuis au moins 10 ans. Le président du Front national algérien a obtenu des résultats modestes lors des derniers scrutins. L'enfant de Médéa ne soutient pas franchement le pouvoir. Mais contrairement aux autres partis, il préfère une «opposition constructive».Parmi les opposants qui ne se sont jamais présentés aux élections, Soufiane Djilali a le profil d'un opposant conséquent. Ce quinquagénaire, qui a créé en 2012 le parti Jil Jadid, est le seul, pour l'instant, à conditionner sa candidature au retrait de la course de l'actuel chef de l'Etat. Il estime que la présence de Abdelaziz Bouteflika fausserait la course. En plus de ces personnalités plus ou moins connues des Algériens, une nouvelle catégorie de citoyens est venue donner de la couleur à cette élection censée être la plus importante de la vie politique du pays. Au moins quatre «émigrés» veulent tenter leur chance de présider aux destinées du pays. Il s'agit du célèbre écrivain Yasmina Khadra, de l'homme d'affaires Rachid Nekkaz, de l'expert financier Ali Benouari et de l'économiste Kamel Benkoussa. Les nouveaux arrivés et les anciens En plus d'être méconnus des Algériens, certains sont confrontés à un problème de taille : ils doivent renoncer à leur deuxième nationalité. Rachid Nekkaz l'aurait déjà fait, tandis que, visiblement, Yasmina Khadra et Kamel Benkoussa n'ont pas ce problème. Les choses sont par contre plus compliquées pour l'ancien ministre du Budget. En plus d'avoir la nationalité suisse, il est élu cantonal helvétique. La dernière catégorie de candidats, ou sur le point de l'être, est composée d'anciens Premiers ministres. De ce groupe, se distingue Ahmed Benbitour. L'ancien chef de gouvernement de Abdelaziz Bouteflika a été le premier à déclarer sa candidature à la présidentielle. Cela fait plus d'une année que l'enfant de Metlili multiplie les sorties publiques pour vendre ses options pour «changer le système». L'ancien ministre de l'Economie, qui n'a pas d'attache partisane, veut constituer une alternative pour un système qu'il a déjà servi. D'autres candidatures relèvent, pour l'instant, de la science fiction. C'est le cas de l'ancien Premier ministre, Ali Benflis, dont la déclaration de candidature est «imminente», ou encore de Mouloud Hamrouche qui ne s'est jamais exprimé publiquement sur le sujet ou d'Ahmed Ouyahia qui s'est officiellement «retiré de la vie publique». D'autres observateurs politiques évoquent également la possible candidature de Abdelmalek Sellal dans le cas où Abdelaziz Bouteflika ne brigue pas un quatrième mandat. Avant d'être définitivement acceptés comme candidats, les postulants au poste de président de la République doivent d'abord réunir soit 600 signatures d'élus ou bien 60 000 signatures d'électeurs, répartis sur 25 wilayas à raison d'au moins 1500 émargements par wilaya. Malgré leur différence, tous ces candidats savent que l'élection présidentielle s'est jouée, jusqu'à présent, en dehors des bureaux de vote.