Plutôt une communion entre deux cinéastes, Sergio Corbucci (réalisateur italien de Django en 1966, incarné par Franco Nero, en caméo dans Django Unchained pour un clin d'œil savoureux) et Quentin Tarantino, face à une société en déliquescence : l'Ouest américain de la fin du XIXe, le petit monde de Tarantino peine à exister face au poids de l'histoire, rattrapant trop vite ses fantasmes, son inspiration comme bloquée par ce raz-de-marée lié à une période encore trop sombre pour la simplifier. Lorsque Tarantino choisit dans Inglorious Basterds de liquider toute la corporation nazie (Hitler et ses sbires) dans une salle de cinéma qui brûle de mille feux, il décide de s'emparer de la base historique et la questionne autrement, en la fantasmant, en la rêvant. A cet instant, le film intrigue, car il propose autre chose, rarement vu, mais qui dénote de la personnalité furieuse de Tarantino. Le film vibre, mouille puis sort de ses gonds. Avec Django Unchained, Tarantino est trop courtois envers le sujet, comme forcé à se méfier de ses propres divagations, à s'autocensurer. La seule fois où le film prend réellement une tournure intéressante, c'est lors de la confrontation entre Candie (Leonardo DiCaprio) et le binôme Schültz (Christopher Waltz) et Django (Jamie Foxx). Un quatrième personnage doit être mentionné : Stephen. Une sorte d'Oncle Tom à la puissance dix incarné par Samuel L. Jackson. Instant cruel où l'on sent que Tarantino s'est amusé à l'écrire, à diriger ses comédiens et à filmer tout ce carnaval des sens, sans être constamment alourdi par le sempiternel poids de l'histoire. A la Cinémathèque.