La fin du mois du Ramadhan a libéré des milliers d'estivants qui, comme de coutume, prennent la route vers les plages de l'est de Béjaïa, où Tichy s'impose comme l'expression parfaite du tourisme de masse. Au fil des années, Tichy s'est construit la notoriété d'une station balnéaire et son nom a traversé les frontières de la wilaya pour être cité dans les coins les plus reculés du pays. Des contingents d'estivants y affluent chaque été dans un rush qui étouffe parfois la ville. Des wilayas limitrophes, particulièrement Sétif et, à un degré moindre Bordj Bou Arréridj, des jeunes y viennent en groupe, souvent à bord de camionnettes quand ce ne sont pas ces motocycles qu'on appelle «taftafas» qui zigzaguent et bourdonnent sur la RN9. L'entrée de la ville donne à voir les premiers signes d'étouffement de la station balnéaire. Grand encombrement sur tout le tronçon routier qui traverse la ville avant de se libérer à hauteur de la cité Baccaro. Du monde des deux côtés de la route où la présence policière est particulièrement renforcée. La vie estivale plonge la station balnéaire dans l'ambiance d'une ruche qu'on ne retrouve pas à la même dimension dans la ville voisine d'Aokas, autre destination prisée du littoral est bougiote, ou à Souk El Tenine et Melbou qui sont, elles, plongées dans une ambiance moins frénétique. Aux quelque 20 000 Tichiotes viennent s'ajouter des milliers de vacanciers qui imposent à la ville de Tichy, dès l'arrivée des grandes chaleurs, un tout autre rythme, voire un tout autre visage qui contraste avec Tichy l'hivernale. Des matelas de fortune étalés au cœur des espaces publics, des trottoirs pleins de monde, de tables de restaurant et de gargotes, d'achalandages encombrants…. Routes traversées de partout par des piétons en tenue de plage encore trempées s'égouttant sur l'asphalte. Sur les 100 km du littoral bougiote, la daïra de Tichy, dont dépend administrativement aussi la commune de Boukhelifa, où se trouve le village touristique Capritour, détient une bonne portion sur laquelle s'allongent de longues plages dont une demi-douzaine sont tichiotes. Sur les plages, toute une vie, autant sous les parasols que sous les tentes plantées indistinctement par des groupes de baigneurs souvent bruyants. Les plagistes, nombreux, autoproclamés ou autorisés, ont «pignon» sur sable. La ville, elle, a les «pieds» dans l'eau. Les plages sont presque un prolongement naturel de l'espace urbain qui leur est quasiment collé. C'est cette proximité entre les plages et les commerces qui pourrait bien expliquer l'engouement que suscite Tichy auprès de milliers, voire de dizaines de milliers d'estivants. Ceux qui alimentent les statistiques du tourisme de masse y viennent pour la journée, leur viatique au fond des sachets qui assurément, pour certains, resteront dans la nature, témoins des joies et insouciances des petites bourses. Pour les grosses bourses, Tichy c'est aussi Les Hammadites, Club Alloui, Syphax, Sahel, Grande Terrase, Villa d'Este, Beau-Rivage, etc. Autant d'hôtels qui affichent complet à l'approche l'été. On ne retrouve la proximité des commerces avec les plages, particularité de Tichy, dans aucune des villes côtières de Béjaïa, encore plus sur la côte ouest, du côté de Boulimat, Oued Dass et plus loin à Beni Ksila, où les autorités veulent entraîner le flux des estivants en lançant cette année l'ouverture officielle de la saison à Aït Mendil. Mais c'est sans compter sur le charme ensorceleur de Tichy, qui fait encore rouler vers elle camionnettes et «taftafas».