– Comment vous est venue l'idée d'illustrer les chansons raï en dessin ? L'idée d'illustrer les chansons raï est venue naturellement. Le raï a mixé tous les rythmes, avec sa langue toute particulière. Celle de la rue oranaise, dont la richesse poétique a pour source l'oralité, il ne rechigne pas à emprunter des mots et des passages entiers des autres langues, selon la grande ouverture linguistique d'Afrique du Nord. – Est-ce une critique positive ou négative que vous faites de la musique raï ? On peut dire que c'est une critique positive et négative à la fois, en fonction du type de raï. Il y a celui qui raconte une histoire : si on prend l'exemple de l'illustration de Rimiti Ana we ghzali fel jbel, c'est un bon exemple de paroles métaphoriques qui nous rappelle les fables de La Fontaine. Je pense aussi à Kalila wa Dimna, les paroles de cette chanson sont écrites sous forme d'apologue racontant l'histoire de deux amoureux en forme d'animaux. Et puis il y a le raï dit «de cabaret», à l'image de la chanson Shampoing gel douche qui n'a ni queue ni tête. – Depuis combien de temps dessinez-vous ? Etes-vous dans le domaine de l'art graphique ? J'ai toujours été passionné par l'art et la conception graphiques. En fait, dès mon plus jeune âge, dessiner était un besoin pour moi, mais le déclic remonte aux années 1990. Ces dernières années, j'ai emprunté le chemin du rationnel (informatique), en parallèle de celui de l'irrationnel (dessin). J'ai fusionné mes connaissances artistiques à de nouvelles technologies pour m'immerger enfin dans la conception graphique. – Avez-vous d'autres œuvres exposées ? J'ai dans mes bagages plusieurs expositions (peinture et photographie) individuelles et collectives, mais je n'ai jamais exposé mes œuvres infographiques. Je n'ai commencé à publier mes conceptions graphiques que récemment sur facebook et Behance. – Comment qualifieriez-vous le milieu des arts graphiques à Oran ? L'art graphique à Oran s'est beaucoup développé dernièrement, on y voit plusieurs talents qui émergent. Comme les caricaturistes, les dessinateurs de BD (manga entre autres) et les «digital artistes», je ne manque pas d'être surpris par toutes les créations qui explosent dans ce domaine.