Pour Pascal Engel, aucun esprit scientifique aussi grand soit il n'est à l'abri d'être aussi un esprit faux en considérant que l'esprit rationaliste est universel, qu'il se trouve en tout temps et en tout lieu ; la science cherche à mettre au jour nombre d'invariants, ce que contestent les relativistes ou les constructivistes, c'est ainsi que surfant sur cette vague dite anarchiste de la connaissance où tout se vaut, selon l'idée de Paule Feyerabend, les pseudosciences tendent à jouer sur les limites de cognitives de la rationalité pour donner à leur proposition le goût et la couleur de la scientificité. Ils n'hésitent pas à se revendiquer de l'esprit rationaliste, car il ne suffit pas d'avancer des arguments ou des positions estampillées «scientifiques pour que le commun des mortels, scientifiques compris, évacue toutes croyances invraisemblables teintées d'irrationalité et de superstition, il faut se rendre à une évidence empirique, les sciences ne sont pas immunisées contre les faux savoirs et les idées fausses, ce qui est présenté comme de la science est capable de produire de la fausse science et donc des croyances.» Extrait de l'introduction du livre de Valéry Rasplus : Sciences et pseudosciences. Il est largement admis pour les écoles classiques de médecine et de pharmacie que dans un esprit de promotion de la santé publique, concernant les vitamines, les micronutriments et les oligoéléments, des apports complémentaires proches des AJR sont généralement largement suffisants. A l'opposé, certains praticiens préconisent, pour des préoccupations qui sortent le plus souvent du cadre strictement nutritionnel, des approches de type «supra-nutritionnelles» ou ayant recours à des «méga-doses». Des pratiques dont la pertinence scientifique est faible et leur objectif est malheureusement souvent mercantile. Nous tenterons d'examiner les fondements qui sous-tendent ce courant «supra-nutritionnel» et ses implications éthico-sanitaires. Selon le Dr Bryn Austin, professeure de pédiatrie à l'école de médecine de Harvard, depuis le vote de la Dietary supplémentes health education acte (DSHEA) en 1995 par le Congrès américain, abrogeant le contrôle fédéral sur les compléments alimentaires et les vitamines, 23 000 Américains passent tous les ans aux urgences pour consommation inadéquate, de compléments alimentaires et de vitamine à méga-dose, le lobbying des industriels des compléments alimentaires et vitamines à méga-doses est devenu tellement fort en Amérique, qu'une démarche de sensibilisation semble nécessaire et même vitale, il préconise une action locale. Un lobbying de 40 milliards de dollars/an, l'équivalent des PIB annuels en 2017 de trois pays africains réunis comme le Congo, le Mali et le Sénégal (contradiction avec le principe du lebensreform [réforme de la vie] chère aux naturopathes et le développement éco-durable attribué aux médecines alternatives). Un chiffre d'affaires annuel qui rivalise avec celui du médicament, ce dernier s'évaluant aux Etats-Unis à 49 milliards de dollars/an. Homéopathie, ortho moléculaire, naturopathie, médecine quantique,… une liste longue dont quarante, notamment le reiki, kinésiologie, naturopathie, médecine orthomoléculaire, chamanisme, la méthode Hammer (cette dernière estimée la plus dangereuse), ont été classées comme des pseudo thérapies à risque sectaire par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires en France (Miviludes), (2015, Maj 2018). Ils ont fait également l'objet d'un rapport accablant publié dans le Journal of the national cancer institute (JNCI), Volume 110, issue 1, 1 january 2018. En effet, sous ces appellations évocatrices de retour aux sources et aux thérapies naturelles, s'identifient des médecins, pharmaciens, infirmiers… à la recherche d'un plus qui les distingue dans leur pratique quotidienne. Ou des personnes n'ayant jamais connu les bancs des facultés de médecine, en mal du statut social de «thérapeute», se cachent souvent des prescripteurs en terrains acquis de ces compléments alimentaires et vitamines à hyperdoses, puisant leur légitimité dans les critiques de l'urbanisation et l'industrialisation des sociétés et leurs effets négatifs sur la santé de l'homme et l'environnement, et des scandales de l'industrie pharmaceutique, sous le slogan du retour à la nature, naturopathes, thérapeutes de tous bords se sont emparés de molécules naturelles extraites, concentrées, mélangées à d'autres, présentées sous forme galénique identique aux médicaments, des pseudo-médicaments, «affublés» de dominations nutritionnelles ! Pour en faire un autre lobby, celui des extraits titrés, vitamines et oligoéléments à mégadoses. L'irruption progressive dans le monde des aliments et plantes des techniques d'extraction industrielles modernes, innovantes et l'utilisation de la galénique empruntée à l'industrie pharmaceutique, a éloigné les adeptes de la vision du «lebensreform» qui a donné naissance en Allemagne et en Suisse à la naturopathie et à l'homéopathie originelles, pour renouer une nouvelle fois avec la perspective de «Wilhelm» de la santé, du bien-être, et du développement et son cortège d'effets secondaires sur la santé et leurs interactions complexes avec les médicaments, aliments et environnement, qu'on commence d'ailleurs tout juste à dénombrer et à répertorier. Mégadoses de vitamine c : De la conception darwinienne à la manipulation épigénétique pour produire des mégadoses de vitamine c La médecine orthomoléculaire par définition est l'utilisation de substances à hautes doses spécifiques qui sont des constituants du corps humain pour la prévention et le traitement, y compris des maladies lourdes telles que le cancer, une idée développée par Linus Pauling. C'est le biochimiste Albert Lehninger qui a découvert en 1957 que contrairement à la plupart des animaux, les cellules humaines ne peuvent pas effectuer la dernière étape de la biosynthèse de la vitamine C, en l'occurrence la conversion de la l-gulono-g-lactone en acide ascorbique à cause de l'absence d'une enzyme-clef : la gulonolactone oxydase. C'est ainsi qu'on a constaté que le pseudo gène Gulo, codant pour la gulonolactone oxydase, l'enzyme de conversion du glucose en vitamine c est inactivé chez l'homme et chez un nombre très restreint d'animaux : gorilles, chimpanzés, orangs-outans, certains singes, et, mystère, chez les cochons d'Inde et certaines chauves-souris. Une inactivation considérée en médecine orthomoléculaire comme une erreur génétique dans la conception évolutionniste darwiniste du monde du vivant, qui remonterait à l'apparition des primates Haplorrhiniens il y a environ 63 millions d'années. Dont l'homme en serait phylogénétiquement descendant. Partant d'un raisonnement darwiniste très simpliste, et en assimilant naïvement à l'époque l'administration de doses élevées de nutriments et micronutriments sous forme de molécules isolées à la nutrition dans son sens d'équilibre alimentaire et diététique, Irwin stone, soutenu par le prix Nobel Linus Pauling, commença à préconiser le remplacement de la vitamine C à la même quantité produite en interne avant que la mutation génique universelle ne touche l'humanité. Corriger un déficit «anthropologique» en gulonolactone oxydase de plusieurs millions d'années par l'apport de quantités comparables à celles consommées par les anthropoïdes ancêtres de l'homme. Le gorille, pouvant consommer plusieurs grammes par jour d'ascrobate, la quantité équivalente chez l'homme compte tenu du facteur corporel et du stress serait, selon la médecine orthomoléculaire de 10 à 20 grammes par jour. Ce raisonnement a su très vite trouver un écho favorable et du succès, la faible toxicité de l'ascorbate est y pour beaucoup. Il aurait été difficile de le mettre en pratique par Stone et Pauling avec une autre vitamine dont la marge de toxicité aurait été plus critique, comme les vitamines B3, B9, B6, A, D, E, dont les toxicités respectives sont largement documentées et connues en cas d'hypervitaminémie. Le cas de la niacine B 3 comme traitement des schizophrénies et des hypercholestérolémies, très vite abandonné est éloquent. En effet, de nombreuses études ont montré que le surdosage de niacine agit comme une drogue au niveau du système nerveux, des lipides et du glucose sanguin. Avec des symptômes de toxicité comme : vomissements, langue enflée et évanouissements, des manifestations cutanées peuvent se manifester à partir de 100 mg/j, ce qui est déjà un seuil d'alerte. De plus, ceci peut influer sur le fonctionnement du foie et engendrer une baisse de la tension artérielle. Même la vitamine C réputée la moins toxique est absorbée au niveau du jéjunum par un mécanisme de transport actif, couplé au sodium un mécanisme saturable chez les espèces qui ne peuvent pas synthétiser la vitamine C. La réabsorption tubulaire de la vitamine c étant également saturable, l'élimination se faisant surtout sous forme d'ascorbate et d'oxalate, le risque d'accumulation rénale de cristaux d'oxalates est réel. Linus Pauling sur le conseil d'Irwin Stone et leurs partisans ont développé les bases de la médecine orthomoléculaire, sur la théorie controversée de Darwin et en s'appuyant sur les travaux d'Emile Zuckerkandl (1965) qui suggéraient que les séquences des protéines contiennent une très grande quantité d'informations sur l'histoire évolutive ancienne. Elle est en effet modifiée par les mutations qui mènent d'un organisme ancestral à ses descendants. La séquence d'une même protéine diffère donc d'autant plus d'un organisme à l'autre que ces derniers sont éloignés phylogénétiquement (des conclusions qui seront infirmées plus tard en 1995 par les travaux de l'équipe de Nishi Kimi sur le pseudogène codant pour la gulonolactone oxydase). Diagnostiqué d'un cancer en 1991, Linus Pauling, après avoir passé ses derniers mois dans son ranch à Big Sur, mourut le 19 août 1994. La chirurgie lui avait apporté un certain soulagement à ses souffrances et les mégadoses de vitamine C la consolation morale, trois ans durant, jusqu'au dernier jour de sa vie. L'idée séduisante de Linus Pauling de la vitamine c qui peut soigner toutes les maladies a été très défendue dans les milieux des naturopathes non médicalisés qui ont trouvé dans cette molécule le remède miracle à tous les maux et qui permet de soigner leurs clients sans risque d'intoxiquer leurs patients et les compromettre tout en leur produisant des revenus substantiels. En effet, l'acide ascorbique à haute dose génère aujourd'hui aux industriels américains un chiffre d'affaires d'un peu plus d'un milliard de dollars selon le rapport du Global Market Insights 2017. L'acide L-ascorbique pure (vitamine C) provient en majorité de Chine, premier exportateur au monde. Produite à partir d'épis de maïs présents en masse sur le territoire chinois, cette vitamine C est vendue à «bon prix» aux fournisseurs, soit 10 dollars le kilo en moyenne, alors qu'une injection de vitamine c mégadose (environ 15 g) dans une clinique spécialisée coûte en moyenne 150 dollars, soit environ mille fois le prix du fournisseur chinois. Pour Stephen Barrett, psychiatre américain co-fondateur du Conseil national de lutte contre la fraude de la santé (NCAHF), de Quackwatch, site spécialisé des pseudo thérapies, le corps humain a une capacité limitée à utiliser des vitamines dans ses activités métaboliques. Lorsque les vitamines sont consommées au-delà des besoins physiologiques du corps, elles agissent comme des médicaments plutôt que comme des vitamines. Les praticiens «orthomoléculaires» et naturopathes vont toutefois bien au-delà en prescrivant de grandes quantités de suppléments à tous ou à la plupart des patients qui les consultent, toute en se revendiquant médecine nutritionnelle, alors qu'on est plus dans le nutritionnel ; mais dans la médecine allopathique, les effets ne sont plus physiologiques mais pharmacologiques. Cette approche peut être très préjudiciable aux patients lorsqu'elle est utilisée à la place de médicaments efficaces. David H. Gorski, MD, Ph-D., chirurgien oncologue spécialisé dans la chirurgie du cancer du sein (Collège des chirurgiens américains sur le cancer), en 2008, dans un de ses articles avait prédit une chose très importante à souligner ici : à ces doses, l'ascorbate n'agit pas comme un nutriment. Ce n'est pas un traitement «nutritionnel» contre le cancer, comme le prétendent certains partisans de la médecine orthomoléculaire. Au lieu de cela, il agit comme un médicament, plus spécifiquement un pro-médicament qui génère des radicaux peroxyde et ascorbate (il n'est pas rare que les antioxydants deviennent des pro-oxydants lorsqu'ils sont administrés à des doses élevées). En effet, il s'agit de doses bien plus élevées à celles requises pour une bonne nutrition, ce qui requiert comme pour toute molécule chimique des essais cliniques en phases I et II et qui doivent obéir aux protocoles classiques en double aveugle sur de grandes cohortes, et pendant assez de temps pour sortir avec des conclusions scientifiques objectives et éthiques. Selon Gorski, certaines indiscrétions laissent penser que Pauling ne pouvait tolérer des données qui contredisaient sa croyance en la vitamine C. En effet, lorsque les données des expériences d'un collègue de son institut Arthur Robinson suggéraient que la vitamine C aux doses préconisées par Pauling pourrait en réalité augmenter le taux de croissance de certaines tumeurs dans un modèle expérimental chez la souris, il mit fin à son contrat avec l'institut Pauling. Cependant, par souci d'objectivité scientifique, le Dr Gorki reconnaît qu'il est possible que l'ascorbate en intraveineuse à haute dose puisse finalement trouver son chemin dans l'arsenal de l'oncologie scientifique pour certains cas de cancer, à la seule condition que cette molécule passe par les étapes des essais de phases I et II, comme les nombreuses molécules utilisées à ce jour en oncologie. Le Dr Moynihan, formé en oncologie médicale à l'hôpital Johns Hopkins de Baltimore, et ayant passé sept ans au centre médical de l'Université du Minnesota et de St. Paul et professeur agrégé au Mayo Clinic College of Medicine et médecine des soins palliatifs de Rochester au Minnesota, explique sur le site officiel de la Mayo Clinic qu'il n'existe toujours pas de preuve que la vitamine C seule puisse guérir le cancer, mais les chercheurs étudient la possibilité d'améliorer l'efficacité d'autres traitements, tels que la chimiothérapie et la radiothérapie. Il n'y a toujours pas d'essais cliniques contrôlés et bien menés qui aient montré un effet substantiel de la vitamine C sur le cancer. En effet, une récente synthèse des 33 dernières années d'expérimentation de la vitamine C contre le cancer semble confirmer l'avis du Dr Moynihan, les injections de mégadoses de vitamine c semblent très efficaces pour diminuer les effets secondaires de la chimiothérapie, mais les études sont encore très contradictoires : on ne sait pas encore pour quel type de cancer la vitamine C en injection doit être recommandée ni avec quel protocole alors que selon cette synthèse, on n'observe aucun effet sur le traitement du cancer avec de la vitamine C par voie orale, même avec plus de 10 grammes par jour. Les vitamines en mégadoses, créneau trop porteur pour s'arrêter au traitement du cancer Le délire thérapeutique des vitamines en mégadoses et de la vitamine c en particulier va beaucoup plus loin qu'on ne l'imagine, les résolutions prises par certaines institutions comme la Missions interministérielle de vigilance et lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) qui a classé cette médecine comme à risque sectaire semble être justifié. En effet, sous la bénédiction de la sacro-sainte loi Dietary supplément health education act (DSHEA) signée par Clinton en 1995 et le «right to try» – le droit d'essayer – signé par Donald Trump en mai 2018, les prémices d'une nouvelle menace s'annonce, la menace «ascorbique» qui ne manquera pas de soulever à mon avis des questions existentielles aussi pertinentes que celles posées par la menace nucléaire. Les récentes déclarations de Bill Sardi, un célèbre journaliste américain fervent défenseur des mégadoses de vitamines et des droits des consommateurs déclare dans The Journal of Orthomolecular Médicine : «Je ne suis pas sûr que les lecteurs soient en mesure de comprendre la gravité de ce moment sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Ce qu'Irwin Stone avait prédit est maintenant apparu. La correction complète de cette mutation génétique universelle qui a touché l'humanité est à portée de main depuis la synthèse de la vitamine C et la disponibilité des pilules de vitamine C. Seules les autorités sanitaires ont empêché que cela devienne une réalité», insistant sur le fait qu'«au-delà d'une utilisation quotidienne répétitive de la vitamine C, il est également maintenant possible de modifier le gène Gulo avec l'utilisation à domicile d'une molécule naturelle» (fin de citation 26/11/2018 ). Dans cette interview accordée à cette revue américaine, qui portait en 1968 le nom de Schizophrenia, Bill Sardi plaide sérieusement pour la correction de la mutation génétique qui a provoqué l'inactivation du pseudo gène Gulo chez l'homme, le chimpanzé et certains rongeurs au cours de l'évolution, ce qui permettrait à l'homme de fabriquer sa propre vitamine C et vivre plus longtemps. Une petite recherche dans la Toile web américaine nous dévoile tout de suite ce dont on pouvait se douter : Bill Sardi, une référence journalistique américaine en médecine orthomoléculaire et suppléments nutritionnels en mégadoses, est propriétaire et créateur d'un complément alimentaire orthomoléculaire, il affiche ouvertement sa découverte qui, prétend-il, permettra à terme de corriger l'erreur génétique du pseudo gène Gulo et permettra un jour à l'homme la synthèse de la vitamine c en endogène comme les autres animaux. L'homme n'aura plus besoin de consommer la vitamine c, il la fabriquera lui-même dans son organisme, martèle-t-il sur son site «formula 216». Un site qu'il dédie à la promotion de sa formule magique qui corrigera l'erreur génétique et permettra aux humains de retrouver enfin cette capacité de synthèse de vitamine c perdue au cours de l'évolution et qui nous permettra de redevenir tous comme nos ancêtres les animaux. Nous vivrons alors beaucoup plus longtemps comme eux, sans cancer, sans aucune ride ni cheveux blancs, affirme -t-il. Voilà que la médecine orthomoléculaire dans sa logique darwinienne veut ouvrir la boîte à Pandore en s'attaquant au génome humain après les résultats mitigés sur le cancer, dans un raisonnement «schizophrénoide» de la thèse de la réparation de l'erreur génétique du pseudo gène inactif de la gulonolactone oxydase, l'enzyme qui permet de convertir le glucose provenant de la glycogénolyse en vitamine C et qui nous permettra, selon Sardi, de vivre plus longtemps et sans maladies, un projet révolutionnaire en usant de la rhétorique d'un nouveau concept des sciences de la nutrition – les mutations nutritionnelles épigénétiques – pour nous faire entrer de plain-pied dans ce que Bill Sardi appelle la révolution Gulo. Une révolution qui posera les premiers jalons d'une nouvelle transition nutritionnelle : la transition épigénétique ascorbique. Vingt-cinq ans après sa mort, Linus Pauling continue à faire couler encore beaucoup d'encre et suscite au sein de la communauté scientifique un débat créationo-évolutionniste essentiellement judéo-chrétien américain, qui semble en train de tracer l'avenir de l'humanité, un débat sponsorisé par environ 100 milliards de dollars partagés entre l'industrie pharmaceutique et l'industrie des vitamines à mégadoses. Les grands absents de ce débat : les scientifiques néo-créationnistes européens, minoritaires et les scientifiques de confession musulmane majoritairement créationnistes et qui ne laissent pas entendre leur voix par peur de représailles des scientifiques darwinistes qui, très vite, les traiteront d'obscurantistes. Curieusement et paradoxalement, le même pseudo gène Gulo qui a permis à Linus Pauling et Irwin Stone d'étayer leur thèse et de plaider pour une consommation à haute dose de vitamine c, dans une perspective évolutionniste darwinienne, ce même élément de «l'évolution biologique» servira aux scientifiques de l'intelligent design ou néo-créationnistes comme bâton de Moïse pour battre en brèche l'illusion scientifique de la théorie de l'évolution darwinienne, dont les conséquences sur l'humanité et sur les autres espèces vivantes ont été plus que désastreuses. Après que de nombreuses équipes de recherche, notamment celle des Japonais Nishi Kimi M, Fukuyama R, qui en faisant un maping de l'intégralité du gène Gulo (1999) n'ont trouvé aucun schéma d'ascendance commune avec les autres animaux. Pis encore, il semble que ce gène soit prédisposé à la mutation, quelle que soit la créature qui le possède. Par ailleurs, non seulement tant que les humains et les autres animaux peuvent tirer de la vitamine C de leur alimentation, ils peuvent vivre sans le gène, mais aussi les autres gènes de la voie biochimique Gulo produisent des protéines qui facilitent d'autres processus cellulaires importants. La perte de ceux-ci pourrait avoir de graves conséquences sur l'organisme. Ainsi, de nombreuses créatures et humains peuvent tolérer un gène Gulo désactivé en consommant des légumes et des fruits contenant de la vitamine C. D'ailleurs, des chercheurs en pharmacologie du Texas, dès les années 70', ont montré que lorsque l'homme a perdu la capacité à fabriquer la vitamine C, il a perdu de manière conjointe l'activité d'une autre enzyme, l'urate oxydase (10). Cette enzyme permet d'éliminer l'acide urique en le métabolisant en 5-hydroxyisourate. Or, il se trouve que l'acide urique, bien que nocif en excès, est aussi un antioxydant extrêmement puissant dans le corps humain (50% de l'activité antioxydante de notre plasma serait le fait de l'acide urique). L'augmentation de l'acide urique circulant aurait ainsi pris la place de la vitamine C, diminuant nettement les besoins de l'homme et lui permettant alors de vivre avec une alimentation carnée accompagnée de fruits et légumes, lui procurant le contraire de ce que prétendent Irwin Stone et Linus Pauling, une santé optimale. Pour conclure, deux études récentes ont trouvé que les personnes qui prennent plus de 1000 mg par jour de vitamine C auraient un risque plus élevé de cataracte, par un mécanisme actuellement indéterminé. Chez les sportifs d'endurance, une étude récente a montré que des doses de 1000 mg de vitamines C et E (235 mg) pouvaient diminuer les capacités d'adaptation à l'effort. Une analyse récente d'une dizaine d'études ayant testé l'effet d'une supplémentation d'antioxydants à forte dose sur des sportifs a conclu que ces derniers étaient inutiles ou contre-productifs pour la performance. Ces résultats ne sont en fait pas surprenants : le stress est nécessaire pour l'organisme pour l'adaptation. Un stress physique (ou psychologique) doit d'abord être bien ressenti par l'organisme afin qu'il s'adapte et se renforce. Si de grosses doses d'antioxydants bloquent ce processus, l'adaptation n'est pas possible et la progression est ralentie. Compte tenu de tous ces éléments, en bon créationniste que je suis, je conclurai par ces conseils : Ne pas céder aux chants des sirènes des différents sites internet et des messages pseudo-scientifiques qui prônent ce genre de pseudo-thérapies et qui préconisent la consommation de doses importantes de vitamines ou de compléments alimentaires sans l'avis de pharmaciens ou médecins avertis et formés. Pour les personnes en bonne santé, ne pas prendre plus de 500 à 1000 mg de vitamine c par jour pour ceux qui ne peuvent pas s'en procurer par une alimentation saine et diversifiée. Ne pas combiner la vitamine C à d'autres antioxydants isolés et concentrés. Cette réflexion est un extrait de Nouvelles de nutrition et nutrithérapie édité par les «3N Edition», une synthèse d'articles scientifiques, conférences et réflexions qui traitent de la nutrition et la nutrithérapie rédigée par le même auteur.
Par le Dr S. Kebour Pharmacien diplômé de la faculté Des sciences médicales d'Alger, consultant et chargé de cours au Centre européen de recherche, développement et enseignement de la nutrition et la nutrithérapie