L'attaque s'est produite à l'intérieur d'un ancien bâtiment universitaire dans la banlieue de Kismayo, où sont stationnés des militaires kenyans de la Force de maintien de la paix de l'Union africaine (Amisom) et des soldats somaliens. «Un minibus chargé d'explosifs a explosé dans la zone d'entraînement du camp militaire. 14 soldats sont décédés et plus de 20 ont été blessés», a indiqué Mohamed Abisalad, un responsable militaire somalien de Kismayo. «Une enquête a été ouverte pour savoir comment le kamikaze a pu franchir les contrôles de sécurité à l'extérieur du camp», a-t-il ajouté. Le mouvement des shebab, affilié à Al Qaîda, a revendiqué l'attaque en faisant état d'une centaine de tués. «Cent miliciens apostats ont été tués dans une opération menée par un de nos courageux moudjahidine qui a conduit son véhicule à l'intérieur d'un camp d'entraînement pour le faire exploser», a affirmé un communiqué des shebab. Comme ses prédécesseurs, l'actuel gouvernement n'existe que grâce au soutien militaire et financier de la communauté internationale. Le président Hassan Sheikh Mohamoud est incapable d'imposer son autorité au-delà de Mogadiscio face aux shebab et aux chefs de guerre. Le chef de la diplomatie américaine, John Kerry, s'est rendu dans le pays en mai dernier.Visite consacrée à la lutte contre les islamistes armés shebab, affiliés à Al Qaîda. Les shebab, à la tête d'une insurrection armée depuis 2007, sont défaits sur le terrain militaire par la force de l'Amisom, mais multiplient les attaques et les actions de guérilla non seulement en Somalie, mais aussi au Kenya voisin. D'après la Maison-Blanche, Washington a consacré depuis 2007 «plus d'un demi-milliard de dollars» à l'Amisom. Aussi, les Etats-Unis ont mené, ces dernières années, des opérations militaires en Somalie : attaques de drones et opérations commando contre les shebab, tuant en septembre leur chef, Ahmed Abdi Godane. Sur le plan politique, un référendum constitutionnel est prévu cette année, suivi en 2016 des premières élections multipartites pour doter le pays d'une véritable autorité institutionnelle centrale. Le président Obama a nommé, fin février, un ambassadeur pour la Somalie, une première depuis un quart de siècle. Cependant, l'ambassadrice Katherine Dhanani pilotera la représentation de son gouvernement pour la Somalie depuis l'ambassade américaine de Nairobi. Washington a reconnu, il y a deux ans et demi, le gouvernement somalien et le président Obama a reçu, en janvier 2013, son homologue somalien. Situé dans la Corne de l'Afrique, indépendant depuis 1960, le pays était un condominium italo-britannique. L'Etat somalien a été créé de la fusion des colonies italienne appelée Somalia (Sud) et britannique au Nord, le Somaliland. Au pouvoir depuis 1969, le dictateur Syad Barre chute en janvier 1991 et laisse le champ libre aux clans, comme les Issas et les Haweyes liés uniquement par leur hostilité au pouvoir central. Ces derniers sont regroupés dans un mouvement, le Congrès de la Somalie unifiée (CSU). Concentrés au Centre, ils sont les premiers à accaparer la capitale Mogadiscio, alors qu'ils ont rejoint tardivement l'opposition. Ils sont partagés en deux clans qui s'affrontent pour prendre la capitale, à savoir les Habr Gédir Saâd et les Abgal. En parallèle, les Issas basés au Nord, organisés dans le Mouvement national somalien (MNS), se sentent frustrés de la victoire sur Syad Barre qu'ils ont combattu durant des années et de voir les Haweyes asseoir leur domination sur Mogadiscio et prendre le pouvoir. Ils déclarent alors l'indépendance du Nord, le Somaliland britannique, en 1991. Quant aux Darod, ils créent le Mouvement patriotique somalien (SPK). Vide politique et dislocation A l'initiative des Etats-Unis est lancée, à Mogadiscio en 1992, l'opération militaire Restore Hope (Rendre l'espoir) qui se solde par un échec. D'où le retrait, en 1995, des troupes engagées par Washington et des contingents de l'Onusom. En 1998, le Puntland, dans le nord-est du pays, déclare son autonomie de Mogadiscio. Suit le Jubaland, zone frontalière du Kenya et de l'Ethiopie. Mis sur pied en 2004, le gouvernement fédéral transitoire (GFT) n'arrive pas à rétablir la stabilité dans le Sud, et de surcroît, il est confronté à l'insurrection des shebab. Entre 2004 et 2006, ce groupe se rapproche de l'Union des tribunaux islamiques (UTI). Après l'intervention éthiopienne contre l'UTI, en décembre 2006, les shebab deviennent un véritable groupe ayant une idéologie et une organisation propres et le groupe insurrectionnel dominant du pays. Leur objectif est alors d'amener les troupes étrangères à se retirer de la Somalie, de renverser le GFT et d'imposer un régime islamiste régi par la charia. S'ils sont affaiblis à cause des interventions des troupes éthiopiennes et kényanes, leurs capacités de nuisance demeurent inquiétantes. L'échec de l'assaut conduit par la France dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013 contre une cellule des shebab retenant en otage un agent français de la DGSE démontre que ces groupes sont loin d'être maîtrisés et peuvent même agir dans les pays voisins. Le 11 juillet 2010, des attentats à la bombe frappaient la capitale ougandaise, Kampala, faisant 76 morts. Les 21 et 24 septembre 2013, des éléments shebab prennent en otage des clients du centre commercial Westgate de Nairobi, causant la mort de dizaines de personnes. Et début avril dernier, une attaque menée par les shebab contre l'université de Garissa, au nord-est du Kenya, a fait 148 morts, dont 142 étudiants. Aujourd'hui, le soutien de la communauté internationale n'a pas ramené la stabilité dans le pays. Une situation d'Etat failli qui constitue un des terreaux du terrorisme.