Happé par les rouages d'une administration pour le moins incompréhensible, et las de se retrouver pris dans un engrenage infernal, Demmene Debbih El Hocine, officier de police à la retraite, demeurant à Aïn M'lila (w. d'Oum El Bouaghi), s'est présenté à notre rédaction, haletant, les yeux embués de larmes, trouvant difficilement les mots pour nous raconter l'épreuve cauchemardesque qu'il endure et la mésaventure douloureuse dont son fils Mohamed a été victime. Tout a commencé le 30 décembre dernier, quand des policiers appartenant à la sûreté de la wilaya de Annaba se sont présentés à la petite boutique de clé-minute et de plaques d'immatriculation, tenue par Mohamed, âgé de 37 ans et père de deux enfants avec, à sa charge, une mère hémiplégique, âgée de 80 ans. Et c'est alors que, sans crier gare, sans présentation d'un ordre de perquisition ni d'aucune convocation, les policiers procéderont à une perquisition en l'absence du propriétaire des lieux ; ensuite, et sans la présentation d'un ordre d'amener, Mohamed sera arrêté et dirigé manu militari à Annaba. Cette arrestation est décrite par son père comme étant « un enlèvement ». Le même jour, Mohamed a été entendu à l'intérieur des locaux de la police judiciaire et présenté devant le juge d'instruction, qui ordonnera son arrestation immédiate. Pris par surprise dans cette spirale, Mohamed, actuellement incarcéré et en grève de la faim pour attirer l'attention sur son cas, doit répondre des chefs d'inculpation d'organisation de bande de malfaiteurs, de vol qualifié et de fabrication de fausses clés de voitures. Son père, au bord de la dépression, n'abdique cependant pas et se démène pour faire sortir son fils de cet imbroglio. Après avoir nommé pas moins de trois avocats qui lui ont assuré que les accusations formulées contre son fils étaient sans fondement, le père, éploré, qui nourrit de fortes appréhensions au vu de l'expéditif traitement de l'enquête, insiste pour dénoncer « l'arrestation-enlévement de (son) fils, sans qu'il ne soit auditionné, sans que des preuves ne soient présentées et la perquisition du magasin sans la présentation d'un ordre du procureur ». Demmene Debbih El Hocine exige « la libération immédiate de (son) fils », mais encore, il déclare vouloir « poursuivre cette justice et demander réparation pour ces dépassements inacceptables ».