L'idée lancée, il y a deux années, pour séduisante qu'elle fût, n'a pas enthousiasmé grand monde au début mais avec le temps, les choses semblent tourner positivement. «Trois quintaux furent ensemencés la première année, s'ensuit la 2e année par l'achat d'une grande quantité commandée à une firme hollandaise et mise en terre de 10.000 bulbes, soit 70 kg de bulbes de calibre 7cm de circonférence», dira Chouikh, cheville ouvrière du projet. «La période de plantation commence fin août et la cueillette des fleurs de safran s'échelonne de fin octobre à fin novembre avec un pic de floraison de 60%». Le dynamisme de Chouikh lui a valu en prime d'être auréolé du poste de vice-président national de l'association du cactus. «La cueillette du safran s'effectue tôt le matin avant les premiers rayons du soleil», précise t-il. Une fois les fleurs cueillies, il y a enlèvement des pistils. «Elles doivent d'abord être séchées et déshydratées pour être conservées sous emballage hermétique et destinées à la vente sachant qu'un gramme de safran bio coûte 30 euros», renchérit celui qui continue de vouer un culte immodéré pour les cultures exotiques. «Actuellement, notre safranière est indépendante de la production de bulbes à planter et on est toujours sollicité par les fellahs et les instituts agricoles pour le développement de ce produit (l'or rouge) et la vente du bulbe pour la création des safranières à l'Ouest et à l'Est du pays par des particuliers», explique celui qui a cumulé près de 30 ans d'expérience en tant que technicien forestier aujourd'hui installé à son compte. L'attrait pour ce produit va crescendo car «un programme est en cours avec les ITMAS pour apporter notre savoir-faire et notre assistance technique aux étudiants qui voudraient installer des safranières». Le premier exemple vient de l'ITMAS de Guelma dont on leur a planté 300 bulbes à titre d'essai. Comme toute culture, la production, et subséquemment, l'écoulement du produit sont torpillés par une filière parallèle qui fait dans le commerce du «faux safran». Ce dernier n'étant que «du maïs coloré» que des contrebandiers cèdent à trois fois moins du prix réel. Sans s'attarder sur des détails et pour assurer une pérennité de cette culture qui rapportera gros, à l'heure de l'austérité et du compter sur soi, Lakhdar préconise l'organisation de journées d'études et surtout l'implication des autorités.