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Du safran cultivé à Benbadis
Publié dans El Watan le 20 - 11 - 2012

Louiza et Mustapha Aknouche parlent avec une grande passion de la réussite d'une expérience originale en Algérie. Celle de la culture du safran dans une exploitation située à Benbadis, commune plus connue sous le nom d'El Haria, située à 40 km de Constantine. L'aventure commence en 2010. Le couple qui a acquis une expérience dans le domaine après avoir suivi une formation de safranier, gère une exploitation à Cuers, dans le département français du Var. «Nous venons fréquemment à Constantine chez la famille de mon épouse, et nous avons constaté que le climat et l'altitude sont très favorables à ce type de culture, alors on s'est dit pourquoi ne pas tenter l'expérience de la culture du safran à Constantine», lance Mustapha.
Pour cela, il faut d'abord trouver une parcelle. Le couple qui commence à chercher, fait un tour du côté de la Chambre d'agriculture. Le hasard les mettra en contact avec un céréaliculteur qui s'est intéressé à leur projet. «Nous avons expliqué à Abdelatif Benhamadi tous les détails de cette opération et il s'est dit prêt à nous aider en nous offrant un lot de terre pour entamer les essais», poursuit Louiza. Le couple commencera à préparer la pépinière et planter les premiers bulbes vers la fin du mois d'août 2010. Dès le début du mois de novembre, les premières fleurs seront récoltées. «Nous avons constaté que les bulbes se sont bien comportés et se sont adaptés à la nature du sol, ce qui est déjà encourageant», notera Mustapha avec une grande satisfaction. La grande surprise qui attendra le couple sera la révélation des résultats effectués par un laboratoire français auquel les jeunes safraniers ont soumis des échantillons de leur première cueillette. «Le laboratoire nous a certifié que ce type de safran cultivé à Constantine est le meilleur au monde du point de vue arôme, goût et odeur, chose à laquelle on ne s'attendait pas», déclare Mustapha.
Les Aknouche décideront de poursuivre cette belle aventure en lançant une seconde expérience l'année suivante. «Les bulbes de safran plantés entre août et septembre, permettent une seule cueillette par an, au mois de novembre, mais un seul bulbe peut se multiplier et donner en cinq ans 150 nouveaux bulbes qui seront déterrés pour être plantés à leur tour. Ce travail de cueillette des fleurs et de séparation des pistils et des stigmates, ainsi que l'entretien de la plantation se fait manuellement et nécessite une main-d'œuvre qualifiée», précise Louiza. Les deux safraniers, qui sont à leur troisième cueillette, décideront d'exposer le résultat de cette expérience au salon de l'agriculture Expofilaha, tenu à Alger durant la première semaine du mois de novembre en cours. «Le ministre de l'Agriculture, qui a visité notre stand, s'est dit très impressionné par cette expérience surtout qu'après les recherches que nous avons effectuées dans plusieurs wilayas, il s'est avéré qu'elle est inédite, mais notre grande satisfaction a été l'affluence de ces centaines de jeunes venus de tous les coins d'Algérie et qui ont demandé à apprendre les techniques de cette culture, ce qui nous a vivement encouragés», affirme Mustapha.
Ce dernier ne manquera pas de noter l'importance de cette activité qui pourrait générer des ressources financières importantes pour l'Algérie mais qui permettra aussi d'offrir des postes d'emplois aux jeunes. «Un kilo de safran coûte entre 30 000 et 40 000 Euros en France, mais il faut savoir aussi que pour avoir un gramme de safran il faut traiter jusqu'à 240 fleurs, et pour une bonne récolte il faudrait planter jusqu'à 40 bulbes/m2. Tout cela demandera une parcelle plus importante», notent nos interlocuteurs. Ces derniers affirment qu'il leur faudra entre un et trois hectares pour développer cette culture et travailler d'une manière autonome. Une demande qui demeure au stade de vœu pieux, après les multiples démarches qu'ils ont entreprises auprès des services concernés. «Nous gardons toujours l'espoir que notre demande trouvera un écho favorable auprès des décideurs dans la wilaya de Constantine», concluent-ils. Une occasion pour la ville du Vieux Rocher de devenir la pionnière dans ce domaine, et pourquoi ne pas avoir du safran «made in Cirta».


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