Une instruction interministérielle datée du 4 août stipule que «l'âge de mise en fin à leurs fonctions de chefs de service est porté de 65 ans à 67 ans et les actes formalisant cette mesure interviendront à la fin du mois de septembre». L'instruction de Sellal est formelle : «Concernant la mise à la retraite des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires ayant atteint l'âge de 70 ans, au même titre que les autres enseignants-chercheurs, ils pourront continuer à poursuivre leurs activités de formation et de santé et, donc, ne sont pas contraints à faire valoir leur droit à la retraite.» Le Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) est «étonné» par le revirement de Abdemalek Sellal. «On est étonnés par la décision prise par le Premier ministre, alors qu'il y a eu des instructions qui ont tranché la décision de mise à la retraite des professeurs chefs de service. Une première instruction interministérielle a été prise le 1er décembre 2015. Une autre instruction, du 23 mars détaille les cas de dérogation et une date butoir, le 23 septembre, a été fixée pour les postulants», précise le Pr Belhadj, qui croit savoir que M. Sellal a pris sa décision après avoir reçu en audience trois professeurs il y a une quinzaine de jours. Le Snechu menace d'un mouvement de protestation à la rentrée sociale. «Une assemblée générale des hospitalo-universitaires sera organisée afin de décider d'une action de protestation à la rentrée. Le personnel de santé est touché par le problème de pénibilité. Le gouvernement doit fixer un âge raisonnable de départ à la retraite. La retraite ne doit plus être vue comme une sanction, comme cela est conçu dans notre pays», estime le membre du Snechu. M. Sellal a indiqué en mars dernier qu'à partir du 23 septembre prochain, tout professeur chef de service âgé de 65 ans doit quitter son poste de chefferie de service et ceux ayant atteint l'âge de 70 ans doivent faire valoir leur droit à la retraite. S'exprimant en marge de l'inauguration de structures sanitaires à Alger et sa périphérie, M. Boudiaf, le ministre de la Santé, a indiqué que la décision de mise à la retraite des professeurs de CHU ayant atteint l'âge légal était une «décision irréversible». M. Boudiaf a expliqué que la mise à la retraite «n'est pas une sanction», mais une décision qui s'inscrit dans le cadre des lois nationales en vigueur au double plan national et international. Le calcul de la pension de retraite explique le refus de certains professeurs hospitalo-universitaires à quitter leur service. «L'article 17 bis de la loi relative à la retraite stipule que la pension ne doit pas dépasser 15 fois le SMIG. Contrairement aux autres fonctionnaires, les professeurs touchent 50% de leur salaire — 300 000 DA actuellement — à la retraite. Les discussions avec le Premier ministre auraient pu porter sur un nouveau calcul et des dérogations», estime le Pr Belhadj. Il existe actuellement 207 professeurs âgés de plus de 65 ans et 82 âgés entre 65 et 67 ans. Le concours de chefferie de service, prévu avant la fin de l'année, risque d'être «compromis» après la décision du gouvernement, regrette le Snechu. Le ministère de la Santé ne répond pas à nos sollicitations. Le chargé de la communication n'était pas à son bureau, nous a-t-on expliqué.