La déchéance des professeurs hospitalo-universitaires de la chefferie de service édictée par une note interministérielle parvenue jeudi dernier aux doyens des facultés de médecine et aux directions générales des hôpitaux divise la corporation. La note, signée par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, signifie donc un départ du poste de responsabilité à partir du 23 septembre mais sans quitter le service. Elle propose également le maintien de certains d'entre eux jusqu'à l'âge de 67 ans au poste de chef de service, mais cela est laissé à l'appréciation du directeur de l'hôpital et du doyen de la faculté, lesquels doivent présenter un rapport justifiant les impératifs en matière de santé et d'enseignement supérieur pouvant permettre le maintien jusqu'à cet âge-là. S'agit-il réellement d'un départ à la retraite ou simplement d'une déchéance d'un poste de responsabilité en attendant de fixer définitivement l'âge de départ à la retraite ? Cette décision effectivement ambiguë s'applique exclusivement aux enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires, puisque les autres spécialistes (mathématiques, physique, etc.) sont maintenus à leurs postes alors qu'ils relèvent du même statut. Une situation que d'aucuns qualifient de cacophonie qui risque d'avoir un impact négatif sur le fonctionnement des services médicaux, de recherche et de soins. Si le Syndicat national des enseignants-chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu) se félicite de cette décision tout en défendant le droit de progression et de promotion des jeunes professeurs, la plupart des syndiqués crient au scandale en parlant de sanction du 4e degré en se référant au statut de la Fonction publique, qui signifie rétrogradation. «Quelle faute grave ont donc commis les professeurs chefs de service âgés de 65 ans ayant acquis leur titre par concours hospitalo-universitaire et non par décision administrative pour les punir au point de les rétrograder, les faisant passer du statut de chef d'école à celui d'élève exécutant et surtout pour quel intérêt ?» souligne le collectif des hospitalo-universitaires, d'autant que la pension de retraite «injustement fixée à 55% du salaire» n'est pas encore réglée. A ce titre, le Snechu demande le gel de cette note interministérielle pour permettre un dialogue social avec l'ensemble des partenaires concernés. Le collectif propose la mise en place d'une commission officielle relative au statut du professeur et du professeur chef de service au titre de cadre de la nation : «Elle se pencherait de même sur l'amélioration du statut et la progression hiérarchique des maîtres assistants et maîtres de conférences A et B et elle définira la retraite des hospitalo-universitaires dans son âge d'application ainsi que les conditions matérielles qui l'entourent.» Le collectif estime qu'il reviendra aux institutions de retenir ou de rappeler, dans le cadre de l'intérêt public supérieur, les praticiens qui, au titre de l'excellence, pourraient servir dans les soins de haut niveau, la recherche et la formation. Pour l'ex-président du Snechu, le professeur Djidjli, le départ à la retraite doit être fixé définitivement pour tous les universitaires puis la chefferie de service viendra par la suite et cela dans le respect des droits. «On ne peut pas partir à la retraite sans avoir réglé le problème de la pension de retraite fixée à 55% du salaire alors que nous cotisons 80%», relève-t-il. Et de rappeler que s'il y a lieu de maintenir certains chefs de service en poste, des dispositions doivent être mises place au préalable. En attendant le mois septembre, l'administration accélère la cadence pour organiser le concours d'accès au grade de professeur en juillet, soit durant les vacances universitaires, et celui de la chefferie de service avant la fin de l'année 2016. Une course contre la montre qui obéirait, selon certaines indiscrétions, à la promotion d'amis(es) et proches.