Après avoir interrogé des dizaines de personnes, certains font état d'explosions par dizaines chaque soir. Dans les quartiers populaires, les jeunes n'hésitent pas à allumer ces fusées toute la nuit. Un habitant rencontré aux abords des Trois-Horloges, commune de Bab El Oued, affirme que ce phénomène fait partie du quotidien et qu'il est impossible de discuter avec ces jeunes de peur de représailles. «Dès 21h, on commence à se préparer psychologiquement pour une soirée forte en explosions et cela dure pendant des heures. La police n'intervient jamais», déclare notre interlocuteur. A Tixeraïne, les explosions ont retenti pendant une heure entre 23h et minuit. Des jeunes, portés sur la violence, usent de ces fusées comme arme de défense. A El Harrach, des jeunes se sont battus pour une histoire de drogue. L'affaire, qui avait pris des proportions dangereuses, s'est transformée en un véritable règlement de comptes entre quartiers rivaux usant d'armes blanches, de chaînes ainsi que du fameux signal arme de guerre, qui est allumé et orienté vers l'adversaire. Au Télemly, lors d'une fête de mariage, un jeune a failli perdre l'usage de sa main droite. «J'ai cru que la fusée avait fini d'envoyer la poudre dans le ciel, mais à ma grande stupéfaction il restait une qui a explosé dans ma main. J'ai eu une brûlure du 1er degré», témoigne Mahfoud. La rue Didouche Mourad, qui représente le cœur de la capitale pour nombre d'Algérois, est le théâtre d'une véritable guerre. L'enfer s'abat sur terre dès que les explosions commencent. Un habitant a tiré la sonnette d'alarme en posant une question qui s'avère être des plus cruciales : «Comment ces produits arrivent-ils entre les mains de nos jeunes ? Y a-t-il un contrôle pour ce type de produit ?» Il conclut : «Si ces produits arrivent entre les mains des jeunes, c'est qu'il n'y a aucun contrôle ni lutte pour combattre ce fléau.» Tout en sachant que ces produits pyrotechniques sont interdits d'importation, pourtant ils arrivent au port d'Alger et en sortent pour arriver sur le marché noir.