En déplacement, samedi, dans les communes de Sidi Marouf et Ouled Rabah, le wali de Jijel, Larbi Merzoug, a fait face, lors des ses contacts avec la population, à des revendications difficiles à prendre en charge dans le contexte actuel d'une gestion au compte-goutte du budget de l'État. «On fait ce qu'on peut faire pour vous», est le mot d'ordre qu'il n'a cessé de reprendre à chacune de ses interventions pour calmer l'ardeur de ses interlocuteurs, qui l'ont assailli de toutes parts. Que ce soit à Sidi Marouf, où il a inspecté des projets de logement, d'une route, d'infrastructures scolaires et de jeunes, ou dans la commune déshéritée d'Ouled Rabah, il a cependant pu tirer son épingle du jeu en parvenant à glisser le message de l'administration pour tenter de mobiliser la population pour le scrutin du 4 mai prochain. À travers des propos très diplomatiques, il n'a cessé de lancer: «n'oubliez pas de voter» ou « il faut choisir vos représentants pour les élections», à chaque fois qu'il fait face à un rassemblement de citoyens. Les difficultés de financement des opérations inscrites ou à inscrire ont longtemps plané sur ses contacts avec une population qui se plaint de l'isolement et de la précarité de la vie. «C'est la première fois qu'on reçoit la visite d'un haut cadre de l'État depuis l'indépendance», lui lance un homme, qui exhibe sa carte d'invalide faisant foi de sa qualité de moudjahid, dans la localité enclavée d'El Annab, à Ouled Rabah. «On m'a parlé de la situation, mais je suis venu voir», lui répond le chef de l'exécutif sur un ton cachant mal un langage électoral. Il est vrai que dans ces contrées à mille lieues de la vie, la seule préoccupation des habitants, qui végètent dans des conditions purement rudimentaire, porte sur la réalisation d'une route. «Il y a un projet de 30 milliards de centimes pour la route, mais pour le moment, ce n'est pas encore possible, on va aménager des pistes jusqu'à la commune de Belhadef et en même temps il y a ce projet de 10 km qui va être entamé», a-t-il déclaré pour rassurer ses interlocuteurs. «Monsieur le wali, nous avons juste besoin de 5 km de route pour nous désenclaver en direction de Ouled Askeur et même vers Bainane, à Mila, cela nous suffit largement», lui rétorque-t-on. Tentant encore de convaincre ses vis-à-vis du bien-fondé de ses arguments, le wali a rappellé le contexte de crise qui sévit dans d'autres pays pour justifier les difficultés de trouver les moyens de financement du tronçon revendiqué. «L'année passée, l'Arabie Saoudite avait perdu 100 milliards de dollars, en Amérique latine, le Venezuela est presque en faillite, pour nous, il est surtout question de gérer rationnellement nos moyens pour éviter d'arriver à cette étape», leur lance-t-il. Après avoir insisté, ses interlocuteurs finissent par se résigner à se soumettre à l'argument du wali, même si on n'a pas manqué de lancer cette ultime interrogation: «Comment se fait-il que vous ayez pu réaliser une autoroute est-ouest et en même temps vous n'avez pas de moyens pour ces 5 km ?» Sur ce dialogue, la délégation quitte l'endroit et s'en va dans son cortège en laissant derrière elle une population hantée par le rêve d'un simple tronçon de route pour s'ouvrir sur le monde. Les habitants de Bouchekab, El Annab et Richia, des localités très enclavées à relief accidenté encore plus au sud de la commune d'Ouled Rabah, sur le CW 41, peuvent encore espérer que leur précieux rêve se concrétise un jour. D'ici là, la salle de soins, inaugurée à l'occasion de cette visite, peut au moins atténuer leurs souffrances, quand ils n'auront plus besoin d'effectuer de longs déplacements pour les besoins d'une simple injection. Même si cela ne semble pas suffire leurs revendications, quand ils se sont mis à réclamer une infirmière pour leurs femmes.