Le commandant en chef de l'Armée nationale libyenne (ANL), le maréchal Khalifa Haftar, a annoncé mercredi soir la «libération totale» de la ville de Benghazi des terroristes. «Après une lutte continue contre le terrorisme et ses agents, qui a duré plus de trois ans (…), nous vous annonçons la libération de Benghazi du terrorisme. Une libération totale», a déclaré le maréchal Haftar dans un discours à la télévision. Il a rendu hommage «aux caravanes de martyrs» tués dans les combats contre les terroristes, ajoutant que Benghazi «rentre aujourd'hui dans une nouvelle ère de paix, de sécurité, de réconciliation (…) et de reconstruction». L'état-major de l'ANL avait annoncé plus tôt dans la journée la fin des opérations militaires dans le quartier de Soug Al Hout, ajoutant avoir avancé dans le quartier central d'Al Sabri, où s'étaient retranchés des terroristes. Le général Abdessalam Al Hassi, chef de la cellule des opérations, avait précisé dans une déclaration à la presse que les derniers terroristes étaient cernés dans un petit périmètre du quartier d'Al Sabri et faisaient l'objet d'attaques sur trois fronts, sous une couverture des forces aériennes. Il avait ajouté que l'annonce de la «libération» totale de Benghazi était imminente. C'est au printemps 2014 que le maréchal Haftar avait lancé une opération «Dignité» pour reprendre la ville de Benghazi qui était alors presque entièrement aux mains des terroristes. Parmi les groupes armés actifs dans cette deuxième ville de Libye, figuraient le Conseil de la choura des révolutionnaires de Benghazi, une coalition de milices comprenant notamment des membres présumés de l'organisation terroriste Daech et d'Ançar Al Charia, un groupe proche d'Al Qaîda qui a annoncé sa dissolution fin mai. Le soutien égyptien et émirati Le maréchal Khalifa Haftar est soutenu dans sa lutte contre le terrorisme par l'Egypte ainsi que par les Emirats arabes unis qui fournissent à ses troupes des armes et un soutien aérien. Des sources évoquent en outre un soutien actif de la Russie. Tout en soutenant le GNA, la France a dépêché également des conseillers militaires auprès du chef de l'ANL qu'elle considère comme «le principal rempart contre le terrorisme». Plus encore, le Quai d'Orsay affirme publiquement aujourd'hui que le général Haftar «fait partie de la solution» en Libye. De son côté, Khalifa Haftar – qui est accusé par les tribus de l'Ouest libyen de vouloir instaurer un régime militaire – a reproché à de nombreuses reprises au Qatar et à la Turquie de soutenir le terrorisme en Libye. Dans un communiqué rendu public jeudi, le ministère algérien des Affaires étrangères, qui surveille la crise libyenne comme on le fait pour une casserole de lait sur le feu, a salué la libération de la ville de Benghazi, la qualifiant de «nouvelle victoire pour tout le peuple libyen, s'ajoutant à celles déjà remportées face au terrorisme à Syrte». «L'Algérie demeure convaincue que les Libyens, en relevant le défi de vaincre le terrorisme, prouvent leurs capacités à remporter le combat d'édification d'institutions nationales fortes auxquelles ils aspirent et de s'engager résolument sur la voie du dialogue et de la réconciliation nationale», conclut le communiqué. La libération de Benghazi ne veut pas dire que la crise libyenne est à son épilogue. Le gouvernement de Tobrouk et Khalifa Haftar contestent toujours la légitimité du gouvernement d'entente nationale (GNA) dirigé par Fayez Al Sarraj et reconnu par la communauté internationale. En l'absence d'une entente sur la question de l'organisation ou du partage du pouvoir et des amendements à apporter à l'accord interlibyen, les deux autorités continuent à se faire la guerre.