L'attaque s'est produite autour de la mosquée Al Rawda dans le village de Bir Al Abed, à l'ouest d'Al Arich, la capitale de la province du Nord-Sinaï, région où les forces de sécurité combattent la branche égyptienne du groupe Etat islamique (EI). L'attaque n'est pas revendiquée jusque-là. D'après des responsables, les assaillants ont déclenché une explosion avant d'ouvrir le feu sur les fidèles. La mosquée Al Rawda est connue comme un lieu de rassemblement de soufis, adeptes d'un courant mystique de l'islam considéré comme hérétique par le groupe djihadiste. La présidence égyptienne a décrété trois jours de deuil national en hommage aux victimes. De son côté, le président égyptien Abdel Fattah Sissi a promis, dans son allocution télévisée, de répondre avec une «force brutale» à cette attaque. «Les forces armées et la police vengeront nos martyrs et ramèneront la sécurité et la stabilité avec force très prochainement», a-t-il déclaré. Spirale infernale Depuis la destitution par l'armée du président islamiste, Mohamed Morsi, en 2013, des groupes djihadistes, dont la branche égyptienne de l'EI, attaquent régulièrement les forces de sécurité égyptiennes dans le nord du Sinaï. De nombreux policiers et soldats, ainsi que des civils, ont été tués dans ces attentats. La branche locale de l'EI a revendiqué plusieurs attaques contre des civils, notamment des chrétiens et des soufis, ainsi que des touristes. Plus de 100 chrétiens, essentiellement des Coptes, ont été tués depuis un an dans des attentats contre des églises ou des attaques ciblées dans le Sinaï et à travers le pays. En février, les chrétiens d'Al Arich ont fui en masse après une série d'attaques violentes visant leur communauté. Les djihadistes ont aussi décapité l'an dernier un chef soufi, l'accusant de pratiquer la magie, et kidnappé plusieurs adeptes du soufisme, libérés après s'être «repentis». Le 16 février 2014, un attentat à la bombe visant un autocar de touristes près de Taba, dans le Sinaï, cause la mort de trois Sud-Coréens et du chauffeur. En juillet dernier, deux touristes allemandes ont été poignardées sur une plage de la station balnéaire de Hourghada, dans l'est du pays. Le même mois, un attentat à un barrage militaire a provoqué la mort d'au moins 21 soldats dans le Sinaï. En cette même province, en septembre de l'année en cours, une attaque de l'EI contre un convoi policier a fait 18 morts. Plus récemment, le 13 octobre, six soldats égyptiens y sont tués par «des éléments terroristes» dans une attaque dans le nord du pays, selon l'armée. L'Egypte est par ailleurs menacée par des djihadistes proches d'Al Qaîda qui opèrent à partir de la Libye, à la frontière ouest du pays. Un groupe s'appelant Ansar Al Islam a revendiqué une embuscade en octobre dans le désert occidental égyptien qui a tué au moins 16 policiers. L'armée a ensuite mené des frappes aériennes en représailles, tuant le chef du groupe Emad Al Din Abdel Hamid, ancien officier militaire très recherché après qu'il eut rejoint un groupe affilié à Al Qaîda dans le bastion djihadiste libyen de Derna.