– Exploités et exposés aux pires risques de la rue par des réseaux de mendicité et autres trafics, avec la complicité des parents, qui est censé intervenir pour mettre fin à la souffrance des enfants subsahariens ? Il est important de signaler que les conditions de séjour des migrants subsahariens sont très difficiles, ces migrants sont privés de leurs droits les plus élémentaires, à savoir l'accès aux soins, la scolarisation (des enfants) et la sécurité. On les trouve sous les ponts, sans toit et sans aucune assistance. C'est scandaleux de voir ces enfants mendier dans les rues de l'Algérie, leur place est à l'école, ce n'est pas dans la rue, la responsabilité incombe en premier lieu à l'Etat, qui est censé prendre en charge ces enfants sur le plan juridique et administratif. Les enfants subsahariens ont le droit de poursuivre leur scolarité dans les écoles algériennes, au même titre que les enfants syriens. Les autorités algériennes, comme la plupart des citoyens, affichent une indifférence totale à l'égard de cette frange vulnérable. – Pourquoi les Algériens se mobilisent-ils pour certaines causes humanitaires et négligent-ils d'autres ? Cette attitude reflète un grand malaise dans notre société, cela n'honore pas l'Algérie en tant qu'Etat et société, elle n'honore pas notre histoire, car l'Algérie a été un pays d'émigration et a longtemps souffert de l'indigénat, donc on doit tirer les leçons en apportant soutien et aide à ces populations vulnérables qui fuient la misère et la guerre, indépendamment de leur langue, religion ou leur couleur de peau. Cette attitude de deux poids, deux mesures est la résultante de la politique de diabolisation et de stigmatisation à travers des campagnes et discours qui incitent à la haine et au racisme menés par quelques responsables de l'Etat. Il est très important de rappeler que nous sommes aussi des Africains et devrions être fiers de ce beau continent, nous devons nous rappeler du soutien politique, militaire et social de ces populations africaines au peuple algérien durant la guerre de Libération, nous avons une dette envers ces peuples africains. – Peut-on parler de discrimination en ce qui concerne le traitement réservé aux réfugiés subsahariens d'une manière générale et leurs enfants en particulier ? Malheureusement c'est le cas, au lieu de les prendre en charge en faisant un recensement, de les assister sur le plan médical et psychologique, d'assurer la scolarisation des enfants et de leur assurer un toit, on a laissé ces milliers de migrants subsahariens vivre dans des conditions très difficiles portant atteinte à la dignité humaine, on assiste à des campagnes qui incitent à la haine, des scènes de violences, des rafles et des expulsions. Sur le plan juridique, il n'y a aucune loi qui protège les droits de ces migrants, malgré que l'Algérie ait ratifié les conventions internationales relative aux droits humains. Face à cette situation, nous sommes tous interpellés, en premier lieu l'Etat, qui doit assurer la dignité à ces migrants en révisant le cadre juridique national pour leur garantir leurs droits les plus élémentaires, notamment le droit d'asile, l'accès aux soins, la scolarisation des enfants, la délivrance des titres de travail, car il y a des milliers de subsahariens qui travaillent sans être déclarés à la Sécurité sociale et qui doivent être régularisés. De son côté, la presse a un très grand rôle pour traiter ce phénomène d'une manière objective et éviter les mots blessants qui incitent à la haine. Le mouvement associatif et les citoyens sont aussi appelés à renforcer le travail de sensibilisation et de mobilisation en faveur de ces migrants en leur apportant aide et solidarité.