Après les Nigériens, le rapatriement a été élargi à d'autres nationalités (guinéenne, malienne, béninoise, burkinabè, ivoirienne, camerounaise et sénégalaise). Les Sierra Léonais, Nigérians, Togolais, Libériens et Congolais font également partie du voyage. Regroupés dans le Centre d'accueil de la wilaya Tamanrasset (CAT) pour accomplir les formalités d'usage, plus de 989 migrants, 859 hommes, 45 femmes et 85 enfants de nationalités différentes ont été acheminés, mardi matin, vers In Guezzam avant de rallier le centre de réfugiés d'Agadez, au Niger, où ils devaient être transférés vers leur pays d'origine sous la houlette de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). L'opération, qui en est à son 52e contingent, s'est déroulée en coordination avec les services de sécurité et des bénévoles du Croissant-Rouge algérien. Après les Nigériens, le rapatriement semble être élargi à d'autres nationalités— guinéenne, malienne, béninoise, burkinabée, ivoirienne, camerounaise et sénégalaise. Les ressortissants de la Sierra Leone, du Nigeria, du Togo, du Liberia et de la République démocratique du Congo ont également profité de ce voyage qui s'apparente à une opération de «refoulement massif» pour laquelle 21 bus et 2 camions de gros tonnage ont été mobilisés, a-t-on appris auprès d'une source du CAT, lequel s'apprêtait déjà à accueillir la 53e vague en provenance de la wilaya d'Alger. Au total 19 116 migrants ont été rapatriés depuis le début de l'opération en décembre 2014, précise notre source, mettant en exergue les moyens déployés par les autorités algériennes dans le but d'honorer les engagements humanitaires pris vis-à-vis de cette population vulnérable. Le dossier, sur lequel veille personnellement le premier magistrat de la wilaya, Belkacem Silmi, est vraisemblablement d'une importance capitale pour l'Algérie qui s'attire toujours les foudres de l'opinion internationale quant à la question de l'immigration, notamment de la part du Département américain qui a chaque fois dénonce «la traite des migrants» dans ses rapports annuels. De son côté, l'association Rassemblement, actions et jeunesse (RAJ-Algérie) a, en exprimant son inquiétude face à la recrudescence des actes de violence et de racisme à l'égard des migrants subsahariens, condamné avec énergie «cette opération d'humiliation qui constitue une grave violation des droits des migrants et des engagements internationaux de l'Algérie». Dans un communiqué, le RAJ interpelle les pouvoirs publics sur leurs responsabilités d'assurer la sécurité, de respecter et de garantir les droits des migrants conformément aux standards internationaux des droits humains. Ce n'est pas l'avis de la présidente du CRA, Saïda Benhabylès, qui tient à souligner que le travail accompli au profit des migrants réaffirme «le primat de la dignité humaine» à travers le Centre d'accueil de Tamanrasset qui est dévolu à la consécration des valeurs de solidarité. Suivi Les autorités compétentes doivent, toutefois, penser à renforcer cette structure en matière d'effectifs et de personnel permanents à l'effet de parer à certains dépassements qui nuisent au déroulement des opérations de rapatriement, notamment sur le plan organisationnel. Notons que la cellule administrative du centre, dont la capacité d'accueil est de 1140 places à raison de 12 lits dans 96 chalets, est composée de 6 cadres travaillant en étroite collaboration avec les représentants consulaires des pays d'accueil, les services de sécurité de la wilaya et ceux de la Protection civile. L'infrastructure est dotée de toutes les commodités nécessaires, dont une cuisine et un réfectoire bien équipés, indique le président de comité de wilaya du CRA, Moulay Cheikh, en insistant sur le contrôle de la gestion des opérations de rapatriement qui se sont déroulées sans incident majeur, hormis les quelques désagréments et saccages enregistrés dans les chalets. «Rien que pour les deux dernières vagues, 46 bénévoles du CRA ont été mobilisés», a-t-il dit. Et d'indiquer que deux autres équipes, composées de psychologues, d'un médecin et de paramédicaux, assurent la prise en charge sanitaire des migrants avant de les laisser rentrer chez eux. A la question sur les Subsahariens de nationalité autre que nigérienne qui seraient accueillis puis libérés sur notification des services consulaires du Niger, notre interlocuteur dément formellement cette rumeur : «Toute personne accueillie au centre est rapatriée vers le camp d'Agadez.» En effet, l'Etat nigérien s'est inscrit dans cette démarche en accordant à d'autres pays africains l'autorisation de rassembler leurs ressortissants sur son territoire pour faciliter leur rapatriement. Bon voisinage C'est d'ailleurs ce qui a été convenu lors de la dernière réunion du conseil de sécurité de la wilaya de Tamanrasset avec les services consulaires du Niger, a-t-on confirmé de sources crédibles, qui n'ont pas manqué d'évoquer l'hospitalité et les principes du bon voisinage de cette wilaya cosmopolite. L'ampleur qu'a pris le phénomène de l'immigration a, faut-il le signaler par ailleurs, poussé nombre d'associations à fédérer des énergies pour améliorer les conditions de vie de ces populations vulnérables, les prévenir des comportements à risque liés au VIH/sida et aux maladies sexuellement transmissibles à même de leur faciliter l'accès aux soins et au droit à la santé. L'association nationale Green Tea, pour les aides humanitaires et la promotion de la santé, basée à Tamanrasset, s'emploie ainsi à protéger cette frange souvent perçue comme source de maladies et de maux affectant notre société. Un espace d'échanges et de soutien, composé de salles d'éducation thérapeutique, de consultations psychologiques et de formation d'éducateurs communautaires, lui a été dédié par l'association qui s'est également investie dans l'information et la prévention contre le VIH/sida. La mise en place de ce centre, premier du genre à l'échelle nationale, a ainsi permis de prévenir les comportements à risque parmi les différentes catégories de la population et d'améliorer les conditions de vie des personnes vivant avec le virus en soutenant leur insertion familiale, sociale et professionnelle, a souligné le président de l'association, Guemmama Mohamed. Ce dernier œuvre à l'encouragement du dépistage massif en collaboration avec le centre de dépistage volontaire de Tamanrasset. Selon notre interlocuteur, 4431 migrants ont été dépistés cette année, dont 52 cas avérés positifs. A cette période, 6465 migrants de 17 nationalités ont été rencontrés par les relais communautaires engagés avec pour but de proposer des solutions adaptées à leur situation grâce à un accompagnement psychologique personnalisé et permanent, suivant une approche de prévention qui exclut toute attitude de stigmatisation ou de discrimination raciale.