Quelques semaines après la grève des enseignants, le spectre de celle-ci plane sur l'école. En cause, des ponctions sur les salaires des grévistes et la suppression de la prime de rendement de ces derniers. Le Cnapeste menace de recourir à la grève, tandis que la ministre a insisté, à partir de Blida, que son département ne fait qu'appliquer la loi. L'accalmie revenue au secteur de l'éducation avec le gel de la grève le 28 février dernier et l'ouverture du dialogue par le ministère de l'Education nationale sont compromise avec la menace de «retour à la grève» brandie hier par le Cnapeste. L'argument de ce syndicat repose sur «le non-respect du ministère des clauses de l'accord» et «l'entêtement des responsables du secteur de l'éducation qui n'aura pour conséquence que le pourrissement et le climat de crise et d'impasse au moment où l'on est en plein préparatifs des examens officiels», lit-on dans le communiqué diffusé hier par ledit syndicat. Le Cnapeste se dit «surpris» par la correspondance du ministère de tutelle aux directeurs de l'éducation leur intimant l'ordre de prélever sur le salaire du mois mars qui s'ajoute à la ponction sur la prime de rendement du premier trimestre de cette année scolaire. Ceci, alors que le ministère et le Cnapeste sont en cours de négociation sur les modalités des ponctions sur salaire, conséquence de la grève déclarée illégale par la justice, du 27 novembre au 28 février dans les wilayas de Blida et Béjaïa et du 30 janvier au 28 février à l'échelle nationale. Le syndicat considère que le ministère a reculé également concernant le résultat de la rencontre de conciliation du 4 mars dernier, durant laquelle les deux parties ont convenu du 31 mars comme dernier délai pour la finalisation du dossier et la remise du rapport sur les quotas de promotions dans les nouveaux postes de professeur formateur. «Le ministère a fixé de manière unilatérale le 31 décembre comme dernier délai pour la finalisation de ce rapport». Le Cnapeste dénonce aussi la consultation lancée par le ministère autour du report de la date du baccalauréat, «une décision improvisée, non étudiées et dont les conséquences seront ravageuses», prévient le Cnapeste. Le syndicat, tout en appelant «les hautes autorités» à intervenir, annonce la tenue prochainement d'un conseil national. «Des assemblées générales seront tenues avant le 15 mars et des conseils de wilaya avant le 17 du même mois pour préparer ce conseil qui aura pour ordre du jour de décider des moyens de riposte à ces provocations». Benghabrit persiste et signe Lors d'un déplacement à Blida, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, n'a rien voulu lâcher. Elle persiste et signe. «Ils savent très bien (les grévistes) que les ponctions sur salaire suivent le mouvement de grève, je peux vous assurer qu'on l'applique depuis mon arrivée au secteur en 2014. Ils doivent assumer leur décision. Il ne faut pas oublier qu'ils ont perturbé et les élèves et leurs parents, il est temps qu'ils assument leur acte», a-t-elle déclaré à la presse. Pour la date du bac, Mme Benghabrit dit qu'elle préfère laisser le choix à l'élève. «Nous avons ouvert une plateforme numérique et nous invitons les élèves à choisir entre le 3 ou le 19 comme date coïncidant avec le début de l'examen, ce sera jusqu'au 15 mars (jeudi prochain). Une chose est sûre, à partir de l'année prochaine, le bac ne coïncidera plus avec le mois de Ramadhan, du moins pendant une longue période», a-t-elle ajouté. La ministre a appelé à faire preuve d'intelligence collective et annonce la généralisation de la politique de numérisation au secteur de l'éducation. «La numérisation du secteur facilite la gestion socioprofessionnelle du personnel de l'éducation, ce qui engendrera plus de transparence dans la gestion de leur carrière et évitera ainsi leur mécontentement et des mouvements de débrayage.» Elle a aussi assuré les enseignants d'une «meilleure» prise en charge médico-psychologique pour leur éviter les états dépressifs. Par ailleurs, Mme Benghebrit a annoncé que la promotion touchant à la carrière des enseignants peut nécessiter plusieurs mois. «Impossible de tout terminer au 31 mars prochain, comme cela a été exigé par les syndicalistes du Cnapeste. Nous avons tracé un programme pour le terminer à la fin de l'année. Il ne faut pas oublier que les examens de fin d'année sont à nos portes et on doit conjuguer nos efforts pour bien prendre en charge ce volet décisif pour nos élèves», a-t-elle insisté. Enfin, la ministre de l'Education a assisté à la distribution de tablettes (environ 2000) au profit des chefs d'établissement, lesquels vont les redistribuer aux élèves démunis en classe d'examen, afin qu'ils puissent suivre les cours assurés par l'Office national de l'enseignement par correspondance.