Auteur et interprète de six monologues qui lui ont valu la reconnaissance du public et de nombreuses distinctions ici et ailleurs, l'un des meilleurs monologuiste du pays Toufik Mezaâche, pointe un doigt accusateur. Avec votre production Lamfartas, qu'avez-vous de nouveau ? Le one man show n'est pas fait pour faire rigoler la galerie. Un comédien digne de ce nom est porteur d'un message. C'est un journaliste, il doit orienter l'opinion. Lamfartas, ma nouvelle pièce, retrace les lignes de la position arabe vis-à-vis de la cause palestinienne. Ce spectacle est présenté sous forme de caricature. Les dix représentations de la pièce qui a été jouée pour la première fois en février dernier, ont, à l'instar de mes six dernières productions, fait salle comble. Pourquoi avez-vous quitté le monologue (monodrame) ? Ma personnalité s'adapte facilement au one man show. Avec un tel style, je suis plus à l'aise d'autant plus que je dispose des capacités qui me permettent de m'exprimer facilement et de véhiculer tous mes messages. Avec une telle démarche, n'optez-vous pas pour la facilité ? Non, au contraire ! Dans le monodrame, le comédien est certes seul sur scène, la courbe dramatique est le test qui lui permet d'avoir des repères et le mur brechtien n'est pas brisé avec le public, contrairement au one man show, où il faut avoir des capacités de création spontanée ainsi que la faculté de répondre aux flèches du public acteur. Ce dernier est un élément indissociable du spectacle. Celui-ci exige une grande capacité d'imagination, et de l'improvisation, qu'on ne trouve pas dans le monodrame. Quelle appréciation faites-vous de la vie culturelle à Sétif ? Je ne sais si on doit parler d'activités culturelles d'autant qu'elles n'existent que conjoncturellement. Je me demande pour quel motif les journées maghrébines du monologue, prévues pour fin mars, début avril 2010, ont subitement sauté. Pour étayer mes propos, Lamfartas, qui entre dans le cadre de l'année de la Palestine n'a, à l'instar d'autres travaux artistiques dignes de ce nom, bénéficié d'aucun soutien. Entre-temps, on déroule le tapis rouge aux « artistes » ne disposant d'aucun répertoire. C'est triste de le dire, mais c'est l'amère réalité. On a comme l'impression que en vous avez trop sur le cœur ? En parlant du cœur, vous touchez un point sensible qui me fait mal, trop même. J'ai effectivement mal au cœur. Vous devez savoir que votre serviteur a subi le 7 mars dernier une opération à cœur ouvert. Je me suis retrouvé entre la vie et la mort des jours durant. Hormis mes proches et amis, les responsables de la culture à Sétif, et en particulier le premier responsable du secteur au niveau de la wilaya, n'ont même pas daigné demander des nouvelles de Toufik, un des dix monologuistes du pays, ayant à son actif plus de 400 spectacles et neuf distinctions. C'est vrai que nul n'est prophète en son pays, mais tout de même… Un projet en chantier ? La générale du nouveau one man show, One, two, three, viva l'Algérie, texte écrit par Mourad Amroun, qui sera présentée le 8 juin prochain. Il ne faut surtout pas vous fier à ce titre trompeur car le spectacle est un ensemble d'interrogations, ce qui se cache derrière ce slogan, entres autres.