Son monologue, La récréation d'un fou, a fait sensation chez le public lyonnais à l'Opéra, dans le cadre de l'action culturelle «La nuit éclaire le jour»... Son parcours artistique remonte à 1990, en débutant en tant que musicien, puis il a découvert le théâtre comme moyen unique et formidable pour s'exprimer. Son penchant musical reste pour les rythmes africains gnaouis. Le 4e art lui permet d'élargir son public et «se donner» complètement, d'après lui. Au théâtre de Sétif, il démarre en tant qu'instrumentiste, puis on lui donna un rôle. Et c'est parti avec une prédilection pour le monologue et le one man show. L'acteur algérien, Toufik Mezaâche, a reçu le prix du meilleur acteur lors du 5e Festival international de printemps du théâtre de Sousse, en Tunisie, pour son spectacle Le Retard. Il a, aujourd'hui, à son actif trois one man show, et le récent monodrame La Récréation d'un fou, dont il nous parle dans cet entretien fait dans les coulisses de l'Opéra Lumière de Lyon. Sobriété et sérénité étaient les maîtres mots au bout d'une clôture bien «éclairée»... L'Expression: Vous avez présenté dans le cadre de l'action culturelle, qui s'est tenue à l'Opéra de Lyon, récemment, un nouveau monologue baptisé La récréation d'un fou, basé sur le double sens. Peut-on en parler? Toufik Mezaâche: Mon souci, avant tout est d'écrire un théâtre populaire dans lequel mon public peut se reconnaitre. Je ne peux y échapper. Plus l'élément est simple, plus sont facilement exprimées les contradictions de la société. La caricature permet de donner une âme à tout cela. J'utilise l'humour aussi parce que c'est une véritable arme qui fait apparaître les situations. Le «Rat». Pourquoi cette symbolique? Nous savons tous les deux que cela renvoie à une frange de la population qui a sévi, hélas, sur le pays... Le sujet est simple. Il s'agit juste d'exterminer le rat avec l'adhésion de la société à la chose, au départ, puis la controverse qui pousse l'humanisme des gens à accepter de cohabiter avec lui...La question est posée. Le rat, symbole de médiocrité et de puanteur, pourquoi est-il là? J'étais heureux de constater le degré d'humanisme de la société qui l'amène à vouloir se réconcilier avec le rat. Ce monologue est inspiré du vécu. Or, j'aimerai savoir pourquoi sommes-nous arrivés. De mon point de vue personnel, j'ai senti une petite inclinaison vers le théâtre de feu Medjoubi. Vous évoquez votre «fille» Yamina comme lui, jadis, interpellait sa fille Nouara... Pour moi, Medjoubi est un grand homme de scène. je voudrais tant lui ressembler. Ce n'est pas encore le cas. Les prénoms symbolisent, en quelque sorte, la paix dans le pays, une interpellation pour un avenir meilleur. C'est un idéal. Mais en réalité, le monologue a été écrit de façon spontanée. Quel est ton théâtre idéal? C'est un théâtre, là où mon public se reconnait, me ressent, et vice versa. Trois choses essentielles. Je ne suis pas philosophe, mais je sens les choses quand elles viennent. Et puis, il faut savoir quelle langue utiliser sur un fond de problématique algérienne qui peut tendre à l'universalité. Car l'homme, de par son effort, est universel. Il ne faut pas se leurrer. Posons-nous la question: avons-nous une véritable pratique du 4e art en Algérie? Existe-t-il une tradition? Avons-nous droit d'accès aux théâtres régionaux? Y a-t-il suffisamment d'espaces de diffusion? Je pense qu'il faut d'abord gagner un public. Je suis quelqu'un de très rationnel. Je suis de Sétif, mais je voudrais bien me produire au TNA. Ce n'est pas un SOS que je lance. Je reconnais la valeur de certaines troupes qui font d'excellentes choses en dehors de la capitale et qu'il faut soutenir. Enfin, un mot sur l'événement «Noir sur Blanc» dont vous avez été l'un des acteurs? Cet événement était placé sous le slogan «La nuit éclaire le jour». Moi, je dis: «on peut éclairer une seule nuit, mais...»