Buffon sommé de sauver une défense italienne vieillissante, Lloris et l'assurance de sa jeunesse en France, l'incroyable feuilleton conclu par la titularisation de Neuer en Allemagne : le choix du gardien nourrit déjà la chronique du Mondial-2010. « Pas de grande équipe sans grand gardien », dit l'adage illustré à merveille par les champions du monde italiens en titre. En 2006, en Allemagne, les Azzurri n'avaient encaissé que 2 buts en 7 matches : le premier, un but contre son camp, au premier tour et le second, sur penalty tiré par Zinedine Zidane, en finale. Buffon avait été exceptionnel. Gianluigi Buffon, longtemps blessé cette saison, devra à 32 ans rassurer un pays qui craint que sa défense ne paie l'âge de ses artères, avec un Fabio Cannavaro qui a aujourd'hui 36 ans. En Italie, les détracteurs du sélectionneur Marcello Lippi l'ont accusé de « gérontocratie », lui martèle sa confiance dans les vieux guerriers qui ont soulevé la Coupe du monde le 9 juillet à Berlin il y a quatre ans. Et de décrire Buffon comme un gardien à « sept vies, taillé dans le marbre ». Le suicide d'Enke L'Allemagne, elle, a connu un feuilleton aux allures de tragédie pour ses gardiens. Le 10 novembre dernier, Robert Enke, favori pour garder les buts de la Mannschaft au Mondial-2010, dépressif, s'est suicidé en se jetant sous un train, traumatisant un pays amoureux de sa sélection. Puis le 4 mai, Rene Adler, qui aurait dû garder les buts en Afrique du Sud, a déclaré forfait pour une blessure aux côtes. Adler n'était pas un gage de sécurité, étant connu en Allemagne pour ses nombreuses bourdes. Mais cela a obligé le sélectionneur Joachim Löw à revoir ses plans. Il a récemment décidé de nommer Manuel Neuer, gardien de but de Schalke 04, comme titulaire. Agé de 24 ans, le portier est un novice en équipe nationale. L'idole de Neuer est l'ancien gardien de but de l'équipe d'Allemagne Jens Lehmann, qui ne l'a pas épargné dans Bild : « Si on veut devenir champion du monde, cela sera difficile avec Manuel Neuer comme numéro1, car il a toujours commis des erreurs. » Lloris, l'avenir lui appartient En France, la dernière Coupe du monde avait été le théâtre d'une « guerre des goals ». En stage d'avant-Mondial à Tignes, Grégory Coupet, numéro 2 lassé de ce qu'il jugeait comme des passe-droits accordés à Fabien Barthez, numéro 1, avait quitté la station de montagne sur un coup de tête, avant de faire demi-tour. Un beau psychodrame. Quatre ans plus tard, rien de tout cela. Hugo Lloris (Lyon) est un des rares Bleus indiscutables cette saison, en dépit de son jeune âge, 23 ans, et de son intronisation récente au poste de numéro 1, avec sa titularisation surprise aux Féroé le 12 septembre 2009 (soit seulement six matches de qualification au Mondial). Deux des favoris du Mondial font rêver pour leurs artistes en attaque. Mais il ne faudrait pas oublier leurs gardiens. L'Espagne, championne d'Europe 2008, remercie tous les jours les dieux du football pour avoir dans les buts Iker Casillas, surnommé d'ailleurs « San Iker » (saint Iker). Enfin, au rayon cliché, le Brésil apporte un sérieux démenti. La Seleçao ne repose pas que sur son attaque samba. Il y a aussi Julio Cesar, un des meilleurs gardiens au monde, avec seulement 34 buts encaissés en 38 journées à l'Inter Milan. Le fait que Julio Cesar évolue en club avec ses deux partenaires de la défense en sélection (Lucio et Maicon) rejaillit aussi sur ses performances en sélection : 11 buts encaissés seulement en 18 matches et le Brésil a terminé meilleure défense de la zone Amsud.