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«L'usager algérien doit être préparé à l'utilisation de la 5G» Abdelkrim Hamza et Adel Metref. Enseignants-chercheurs au département de télécommunications de la faculté d'électronique et d'informatique de l'USTHB
– Dans quel objectif participez-vous à cette rencontre de l'ANPT dédiée à la 5G ? Abdelkrim Hamza : Nous avons été sollicités par l'ANPT pour participer à cette journée d'étude relative à la technologie de la 5G pour présenter les perspectives de recherche dans ce domaine et le rôle de l'université dans le déploiement de cette technologie en Algérie. Nous avons donc participé à cet évènement en tant que spécialistes, aux cotés de nos collègues de la faculté des télécoms, mais aussi des étudiants qui travaillent aussi chez des opérateurs de téléphonie ou des équipementiers. Notre objectif justement c'est de tisser des liens avec les opérateurs de téléphonie et les équipementiers qui sont ZTE, Ericsson et Huawei, le but étant de faire bénéficier nos étudiants d'une formation à jour, avec les dernières technologies dans ce domaine, d'autant que tous les ingénieurs de l'USTHB, mis à part ceux qui partent à l'étranger, sont recrutés par ces opérateurs et ces équipementiers. Adel Metref : En participant à cette journée d'étude, nous voulions beaucoup plus discuter des challenges du déploiement de la 5G par rapport au milieu socioéconomique algérien et des applications 5G qui sont les plus adaptés à ce milieu. Nous voulions donc apporter notre vision par rapport à l'environnement qui est propre à notre pays, en ce sens que les fournisseurs de cette nouvelle technologie implémentent cette solution partout dans le monde et n'ont pas forcément une idée de ce qui est le comportement d'un utilisateur algérien et les spécificités de l'infrastructure télécoms algérienne. Et bien sûr, nous voulions montrer ce que peuvent faire nos universitaires dans ce domaine, du point de vue recherche applicative, et essayer de développer ensemble des applications qui vont servir le pays. – Sommes-nous prêts pour la 5G ? Abdelkrim Hamza : Je dirais que nous ne sommes pas prêts pour le moment. A mon avis, il faudrait plutôt optimiser la 4G pour avoir plus de stabilité, avoir moins de coupures, avoir des performances à la mesure de ce que demande l'utilisateur algérien et lorsqu'on aura une 4G performante, dans deux ou 3 ans, la technologie 5G serait arrivée à maturité et son déploiement serait possible au niveau national. Il faut savoir aussi que les trois grands axes nécessitant l'utilisation de la 5G sont la e-santé, l'automotive et tout ce qui est smart city et smart home. Or, nous ne sommes pas encore arrivés au stade d'utiliser ce genre d'application, sauf peut-être pour les systèmes de transport intelligent dont on a vraiment besoin et pour lesquels on pourrait déployer au moins le béaba de la 5G pour contribuer à diminuer le nombre d'accidents de la route et améliorer la sécurité routière dans le pays. Adel Metref : Techniquement, rien ne nous en empêche. Si les fréquences sont disponibles et si l'autorité de régulation et l'agence des fréquences s'entendent avec les opérateurs de téléphonie sur la question de l'utilisation des fréquences, technologiquement, il n'y a aucun obstacle au déploiement de la première phase qu'on appelle « new radio » (N.R). Maintenant, en ce qui concerne l'utilisation de la 5G, il faut se poser la question de savoir si l'utilisateur algérien est prêt. Personnellement, je dirai : non. Nous n'avons pas besoin, pour le moment d'un débit très fort. Un sondage d'utilisation d'Internet, réalisé à ce sujet, montre que 80% de l'utilisation est consacrée aux réseaux sociaux qui ne nécessitent pas un débit très fort. L'usager algérien doit être préparé à l'utilisation de la 5G. Il faut qu'il y ait une offre de service qui incite les utilisateurs à aller demander de la data à des débits forts. – Que font nos universitaires en matière de recherche dans le domaine de la 5G ? Abdelkrim Hamza : Personnellement, j'encadre deux thésardes, dont l'une a déjà soutenu sa thèse sur le système la technique de transmission NOMA pour la 5G et l'autre, qui va soutenir sa thèse bientôt, en collaboration avec un institut des réseaux informatiques et de télécommunication de Toulouse (France), portant sur les transmissions sans interface dans la 5G. Il faut dire aussi que l'université fait de la veille technologique et nous sommes essayons d'être à la page et de former nos masters et nos docteurs sur ces nouvelles technologies. ce qui nous manque, c'est les moyens et les collaborations continues avec les équipementiers et les opérateurs. Adel Metref : Je mène une recherche dans le domaine de la 5G au niveau du laboratoire LISIC de l'USTHB concerne précisément les systèmes à multi antenne massif, une partie inhérente de la 5G et une technologie qui permet son déploiement. Je travaille aussi sur l'intelligence artificielle, particulièrement les communications efficaces à rétrodiffusion pour diminuer la consommation d'énergie. Nous avons aussi des collègues qui travaillent sur la couche physique, notamment sur les ondes millimétriques qui sont également une partie inhérente à la technologie 5G. – Les programmes d'enseignement sont-ils mis à jour de manière à s'adapter aux évolutions technologiques ? Abdelkrim Hamza : Dans la formation LMD le programme des masters est national et figé et on est tenu de le respecter, sans pouvoir y ajouter quoi que ce soit. Ces masters ont été conçus il y a trois ans de cela. Certes on y trouve la 3G et la 4G, mais enseigner la 5G actuellement serait prématuré. En revanche, en ce qui concerne la recherche, les thésards qu'on encadre traitent de la problématique de la 5G et leurs publications sont de renommée internationale. Mais quoi qu'il en soit, la mise à jour des programmes d'enseignement devrait intervenir dans quelques temps. Adel Metref : Je voudrai ajouter, à ce sujet, que nous avons quand même une petite marge à travers le master à caractère professionnalisant. Il a été lancé il y a 3 ans de cela et la 5G n'existait pas encore. Maintenant, nous avons de la marge pour modifier et mettre à jour le programme à travers ce master, d'autant que la loi prévoit la réhabilitation des masters après trois ans d'enseignement. – Qu'en est-il de la coopération de l'université avec les équipementiers dans ce domaine ? Abdelkrim Hamza : Il y a une grande lourdeur en matière de conclusion d'accord de coopération. C'est grâce à des relations personnelles qu'on arrive à réaliser quelque chose avec les opérateurs ou les équipementiers. Il faudrait que cela soit structuré et officialisé, d'autant que ces derniers ont exprimé leur disponibilité à coopérer avec l'université. Adel Metref : Pour le moment, il n'existe pas de coopération dans ce domaine. Ce n'est que récemment que nous avons commencé des discussions avec OTA qui a été reçu au niveau de notre faculté dans le cadre d'un projet de montage d'un laboratoire test qui servirait à former nos étudiants et les enseignants autours des nouvelles technologies dont la 5G.