La bataille de la sensibilisation est loin d'être gagnée auprès de certaines catégories de jeunes habitants de la capitale. Réfractaires assumés ou inconscients invétérés, ils brisent le confinement en se réfugiant dans des endroits reculés pour certains ou, pire, ils éprouvent du plaisir à se rassembler auprès de certaines épiceries ou autres kiosques pour papoter jusqu'à une heure tardive de la nuit. Malgré le danger de leurs actes pour leurs familles et leur entourage, des jeunes, voire des adultes, ne jugent pas nécessaire de changer leurs habitudes, même pas en temps de pandémie. «Certains sortent pour fumer un joint, d'autres pour discuter avec les amis. Certains improvisent des parties de dominos ou tout bonnement, ne peuvent ne pas ‘remplir les bouteilles' après le dîner», nous confie Hicham, résidant à Alger-Centre. «Je leur ai moi-même conseillé de rester à la maison, mais rien, ils continuent à sous-estimer le danger», ajoute-t-il. Ce constat n'est pas propre à une commune ou à une localité, mais concerne tous les quartiers de la capitale. «On peut supposer qu'au quartier populaire de Mulhouse, les gens souffrent de l'exiguïté, mais il se trouve que le constat est le même au Debussy et au Télémly, des quartiers résidentiels», relève, à juste titre, un autre citoyen. A El Biar ou Douéra, du côté de Zeralda, des individus éprouvent du plaisir à rester dehors, après le confinement. «Ce sont ces mêmes personnes qui, dans la journée, choquent par leur comportement irresponsable. On les voit rassemblés, ils discutent à haute voix, ils se chamaillent…», abonde une mère de famille, employée d'une entreprise publique. «Moi, j'étais ferme dès le départ. Mes enfants, adolescents, s'ils ne rentrent pas à l'heure, j'ai menacé de les laisser dormir dehors, pas question de jouer avec la santé de toute la famille», ajoute-t-elle. De nombreux citoyens ont émis le souhait de voir les services de police effectuer des descentes dans les endroits fréquentés par ces individus et sévir en cas de nécessité. «De par le monde, il y a des réfractaires aux mesures de prévention, mais j'ai l'impression que chez nous, leur nombre est encore plus important», estime Salem, retraité du secteur de la santé. «Personne ne peut faire valoir l'argument de l'ignorance. Tous sont connectés à internet et les consignes de prévention sont connues», ajoute-t-il. Samedi, à 18h10, lorsqu'une voiture de police passe sur la place Audin, appelant les citoyens à respecter les horaires de confinement pour lutter contre la pandémie de coronavirus. Au même moment, à côté de la direction générale d'Air Algérie, des groupes d'individus, la quarantaine passée pour certains, sont là à discuter, à haute voix, sans que la mesure de distanciation sociale soit respectée. A 19h, ces individus vont monter au quartier poursuivre leurs palabres. Puis ils rentrent chez eux manger, certains vont ressortir. Le drame c'est que parmi eux, certains vont ramener le virus à la maison et des personnes disciplinées, parfois âgées ou malades, risquent d'en payer les frais. «C'est pour cela qu'il est temps de passer à la manière forte pour les dissuader», estime, dur comme fer, un citoyen, chauffeur de taxi au chômage depuis quelques jours. «Je suis sans revenus depuis des semaines. Maâlich, c'est le sacrifice à faire pour que l'épidémie s'arrête. Seulement, dès que je vois le comportement irresponsable de certains individus, je me décourage…», lâche-t-il.