Hammam Bou Hadjar, 35 000 habitants environ, a reçu autant de visiteurs que les sites balnéaires les plus fréquentés de son littoral, mais à leur différence, après l'été, il n'y aura pas de basse saison en son complexe thermal. Les curistes, d'un jour ou d'une semaine, ont dû se rabattre sur la location d'habitations dont le prix a oscillé entre 3000 et 4500DA la nuitée. L'ex-Ad Dracones, ou cité des Dragons, est tout le contraire de ce nom répulsif dont les romains l'ont affublé en raison de ses eaux bouillonnantes jaillissant impétueusement de son sous-sol. Mieux, elle ne veut plus limiter sa réputation à celle, réductrice, de cité des thermes, une destination de tous les perclus de rhumatisme et autres affections qui trouvent un soulagement en sa station thermale. HBH, comme on l'écrit par abréviation, veut profiter de l'opportunité de la récente promotion au statut de zone d'expansion touristique (ZET) de 90 ha de son espace, comprenant les 15 du complexe thermal, pour se hisser au rang de ville touristique à part entière. Zaoui Rachida, le chef de daïra, s'y emploie avec un rare sens managérial, ce qui lui a valu l'appui d'un chef de l'exécutif de wilaya conquis par son approche des projets qu'elle défend. Les atouts et les atours, que la ville possède, ont mis en appétit la cheftaine dès son installation : « Cela peut étonner de le dire pour un responsable qui n'a pas à avoir d'état d'âme de ce type, mais il y a des villes qui vous inspirent et d'autres qui vous désespèrent ». C'est que notre interlocutrice était précédemment en poste à Tizi Ouzou, une ville où une urbanisation sauvage a irréversiblement hypothéqué son devenir. Par contre, à Hammam Bou Hadjar, tout est possible. La ville première, la partie coloniale qui fait son charme, n'a pas été déstructurée par ses extensions, les nouveaux lotissements ayant maintenu son tissu urbain à échelle humaine. HBH n'est pas seulement belle, elle est magnifique avec ses rues tracées au cordeau, les trottoirs spacieux de ses boulevards et ses magnifiques bâtisses à la superbe architecture. Des travaux d'aménagement ont été judicieusement engagés, valorisant son patrimoine urbanistique et architectural, tout en veillant à ce que les embellissements injectés ne soient pas victimes d'actes de vandalisme. De la sorte, des travaux d'amélioration urbaine ont été initiés tout autant dans la périphérie que dans le centre. Ainsi, en ce dernier, un superbe jet d'eau trône fièrement dans le jardin public agréablement réhabilité. Non seulement il n'est pas à sec, mais encore, le soir, des jeux de lumière créent le ravissement des promeneurs. Il est devenu un lieu d'affluence alors qu'il était jusque-là désert : « Comment voulez-vous que le visiteur se sente bien dans une ville, qu'il y revienne et lui fasse de la publicité, si ses habitants, eux-mêmes, n'y trouvent, pour seul viatique en matière de détente, que leur chez-soi face à la télé ou les cafés ? », souligne le chef de daïra. D'autres jets d'eau sont en projet partout pour que la cité soit à hauteur de sa réputation de ville d'eau. Le petit Vichy, un site qui se trouve à l'extrémité du « fer à cheval », a lui aussi retrouvé une seconde jeunesse, lui qui était devenu un lieu marginal et le symbole de la lente déchéance de la cité. Divers équipements y ont été injectés par un concessionnaire. Il en a fait un lieu de récréation et de promenade où Bouhadjariens et visiteurs sont dans un convivial coude- à- coude. Promenade nocturne Les familles sortent la nuit, ce qui ne s'est jamais vu. Pour arriver à cela, l'éclairage public de la cité a été renforcé, affirmant le sentiment de sécurité et de quiétude. De même que l'hygiène de la ville qui a été sérieusement reprise en main, faisant de HBH avec Aïn Témouchent, les cités parmi les plus propres du pays. La cascade d'eau chaude du petit Vichy, toilettée, elle aussi, rappelle comment s'est constitué le « fer à cheval », cet ample amphithéâtre de collines d'un seul tenant au sein duquel niche la station balnéaire. En fait de collines, il s'agit de protubérances formées au fil des siècles par les excrétions calcaires des sources d'eau sulfureuses et alcalines. D'où d'ailleurs, le nom de la ville et les légendes autour du saint patron de la ville Sidi M'bouhdjar. Des projets, Mme le chef de daïra en a plein les cartons, certains doivent incessamment se concrétiser. L'un des plus importants concerne l'imposant hôtel de ville et l'esplanade qui lui fait face, pour leur donner un aspect plus avenant. Le tout va être d'un seul tenant avec l'élimination de la chaussée qui les sépare et la liaison, entre les deux, par le biais d'une fonction additionnelle au monumental escalier de la mairie. En fait, c'est toute la place de la mairie qui va être aménagée. La cathédrale, dont on ne connaît le nouvel usage que par un gracile croissant, est en voie de réhabilitation ainsi que la synagogue. Les lieux deviendront la principale zone d'animation et de festivités. Mais Mme Zaoui est loin de penser que le tourisme, ce ne sont pas que des infrastructures, « c'est aussi le bien-être qu'on peut y ressentir. C'est la convivialité qu'on y créera ». lors de sa visite en juin, le ministre du Tourisme a lui aussi été enchanté par ce qui est mis en projet. Depuis, il a envoyé une équipe d'experts pour hâter l'étude d'aménagement de la ZET. Ainsi, aux côtés du complexe thermal, d'autres équipements en hôtellerie et restauration vont être bâtis. Par ailleurs, pour multiplier les activités, outre les soins offerts par la station, il est question de la création d'établissements de remise en forme. Ce seront les seules extensions de la ville qu'on se permettra pour le court terme. Toutes les nouvelles habitations et équipements d'accompagnement sont programmés, avec notamment 1000 logements à Aïn Beïda, une agglomération secondaire, à quelques kilomètres de là en bordure de la sebkha d'Oran. Hammam Bou Hadjar, nouvelle Hammamet version algérienne ? Pourquoi pas ?